Hôte ?

Trublion ce matin écrivait «En Birmanie, les bouddhistes, pourtant réputés pacifiques, font subir aux musulmans ce que ces derniers infligent aux chrétiens en terre d’ islam.» Je lui répondais par un commentaire qui se terminait par  la notion de respect de l’hôte. C’est alors que je me suis dit : quel drôle de mot que ce mot-là  ! Hôte est tout à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu et le respect de l’hôte pose maintenant problème.

Petite réflexion : vocabulaire puis morale et/ou philosophie.

Hôte vient du latin hospĭtem, accusatif de hospes : celui qui est reçu, l’invité, le voyageur. Le mot hôte est de la même famille que les mots hôtel, hôpital. Et pourquoi pas otage ?

L’hôte est la personne qui reçoit quelqu’un dans sa demeure ou l’invite au restaurant. L’hôte  c’est donc celle ou celui qui donne l’hospitalité, par amitié, bienveillance ou par humanité. Souvenez-vous de Georges Brassens et la «Chanson de l’auvergnat».

Autrefois l’hôte était aussi celui, de celle qui tenait un cabaret, une auberge ou un hôtel mais aussi celui qui venait y manger. Nos chambres et table d’hôtes actuels sont là pour confirmer.

Par extension, les animaux qui fréquentent ordinairement la demeure de l’homme sont des hôtes : les rats et les poux sont des hôtes indésirables comme tant d’autres parasites.

En poésie, un hôte est un habitant, personne n’a oublié «Le Renard et le Corbeau» de Jean de la Fontaine : « Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »

Un petit complément d’informations, merci Wikipedia : en Informatique, l’hôte est l’ ordinateur qui se connecte sur une machine délivrant un ou des services centralisés et qui jouit de privilèges importants. Notez bien : Un hôte est identifié par le serveur et a droit à toutes les ressources de l’entreprise. Un invité n’aura lui qu’un accès restreint aux ressources de l’entreprise. Dans les réseaux informatiques : nom d’un serveur ou d’un logiciel qui centralise et répartit les requêtes Internet pour les machines situées sur le réseau d’une entreprise.

Le droit d’hospitalité est aussi ancien que la famille et la race humaine : « Nulle tribu, nulle horde si sauvage qu’elle soit ne conçoit qu’il soit possible de livrer son hôte. » Alfred de Vigny, Journal du poète,1837

L’hospitalité, c’est l’action de recevoir autrui chez soi gratuitement : les étrangers ou les passants. C’est un geste de mise à égalité («faites comme chez vous» ; euh, oui mais pas trop quand même…).

L’hospitalité figure parmi les vertus de l’Islam. Les préceptes du Coran encouragent l’accueil et la protection des Chrétiens, des monothéistes non musulmans à qui l’on accorde le droit de pratiquer leur religion. Partant de ces principes, l’hospitalité envers l’étranger est devenue l’une des vertus les plus prisées des sociétés musulmanes.

Si l’hospitalité est «l’action de recevoir chez soi l’étranger qui se présente», le geste n’est donc ni aisé ni spontané et requiert un effort car il recèle un danger et une menace. L’arrivée des étrangers provoque un télescopage de cultures différentes. Néanmoins, l’hospitalité n’est pas l’intégration. Une certaine distance doit être maintenue avec l’étranger pour préserver l’altérité. Il faut du respect mutuel mais l’hospitalité implique une dépendance de l’accueilli envers des règles comme l’heure et la composition des repas. .

Certains considèrent que l’hospitalité a connu un déclin progressif à mesure que l’État prenait en charge, par voie de redistribution, certaines prérogatives charitables en lieu et place de l’Eglise. Notre État est généreux de ses (euh… nos) deniers envers les étrangers arrivés pour diverses raisons, soit, mais il ne doit pas se laisser écraser par des contraintes supplémentaires qui ne sont pas les siennes. Quand on partage la vie commune, on respecte le citoyen et la main qui vous nourrit. Si l’on accepte de ne plus mettre  de jambon au menu des écoles, pourquoi encore du bœuf ?  Les Malabars à La Réunion (qui sont de bons Français) n’en mangent pas, et puis après pourquoi pas : casher, hallal, végétarien… Menu à la carte ! Sans compter qu’il faudra ensuite respecter les règles de lavage, rangement de la vaisselle, etc. Longues discussions possibles à ce sujet.

Alors que l’anglais distingue host et guest, en français, le mot hôte est ambigu. Accueillant ou accueilli. Il est, parait-il de tradition à Haïti, lorsqu’on est reçu chez quelqu’un d’exprimer sa satisfaction en disant « Honneur !« , à quoi le maître de maison ne manque pas de répondre « Respect !« . Est-ce vrai Marylou ?

Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui le respect de l’hôte ? L’absence de morale, l’éducation, la folie, le fanatisme ?

Je pense simplement qu’il ne faut pas faire à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse.

Savez-vous que même touristes les femmes doivent se couvrir largement en Iran, foulard et plus (niqab) dans certains lieux ? Ben chez moi, on ne se voile pas ! Voilà.

Si notre république n’est pas vraiment exemplaire, je veux au moins qu’elle reste laïque et libre. Chacun dans l’intimité fait comme bon lui semble mais respecte les règles communes en public : pas de signes d’appartenance à une religion par exemple.

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