« O tempora! Ô mores ! », s’exclamait Cicéron après avoir dit : « Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra ? » c’est-à-dire « Jusqu’à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? » Catilina peut être remplacé par tant d’autres… mais je ne veux attaquer personne maintenant, je pense simplement à notre époque en général.
Ce matin, sur un blog ami, j’ai lu : «Commencer trop de choses en même temps c’est la certitude de n’en finir aucune» et je répondais «être mère de famille et occuper un emploi oblige à faire plusieurs choses la fois». Voilà pourquoi ces quelques mots « O tempora! Ô mores ! » me sont revenus en mémoire.
Aujourd’hui, tous ceux qui travaillent (qui «ont la chance de travailler» ?), tous ou presque, les femmes encore plus que les autres, œuvrent dans l’urgence. Ils ne prennent plus le temps de vivre, ni même le temps nécessaire à la réflexion ; en résumé, les humains fonctionnent de plus en plus comme des robots. Nous ne réfléchissons plus comme nous devrions le faire avant toute action quelle qu’elle soit.
Quand nous affirmons ne pas avoir de temps, nous nions notre propre vie, nous la dépensons à des actes imposés et automatiques. Nous passons nos journées en respectant des étapes que nous ne maîtrisons que très partiellement, tout cela était résumé par la formule «Métro, boulot, dodo». Notre vie n’est plus un choix personnel, son déroulement nous est imposé par la société, une société dans laquelle nous n’existons que parce que nous consommons, le reste (nos joies, nos peines, nos envies, nos idées) n’intéresse personne. Nous ne sommes plus que des consommateurs.
Certains veulent exister en faisant parler d’eux (être célèbre pour être heureux, c’est un choix qui n’est pas le mien), libre à eux, mais cette «gloire» est souvent éphémère. Les journalistes courent derrière les informations qui vont faire le buzz , faire du bruit autour d’un événement, d’un nouveau produit ou d’une personne ; ils n’ont plus le temps de s’occuper de « choses » réellement intéressantes. Dès qu’une nouvelle est lancée, elle tourne en boucle quelques instants puis la nouvelle suivante détrône la précédente et on passe de la plus vieille église de France, au résultat du match de foot, en oubliant les morts du reportage précédent.
Donnons-nous le temps de penser, donnons-nous le temps de parler, d’aimer… Donnons-nous le temps de véritablement exister.
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