Lincoln, le film

La semaine dernière je suis allée au cinéma voir ce qu’on appelle désormais un biopic, Lincoln, un film de Steven Spielberg au casting de premier choix. La presse américaine distingue notamment Tommy Lee Jones, ainsi que Sally Field pour le personnage de Mrs Lincoln et encense, dans le rôle principal, Daniel Day-Lewis. Le film a été nommé douze fois aux prochains Oscars. Alors, gagnant ou perdant ?

Pour tout vous dire, même si je juge que c’est plutôt un bon film, très académique dans sa forme, soigné dans les reconstitutions : décors et costumes, ce n’est pas émerveillée et enthousiaste que j’ai quitté la salle. Je suis contente d’avoir vu ce film dans lequel on apprend beaucoup, par exemple que l’abolition de l’esclavage fut soutenue par le Parti républicain, pourtant ce serait un supplice de le voir une seconde fois. Pourquoi ?  Deux heures et demi assise, c’est long et surtout parce que les conversations de «Lincoln» sont longues et complexes et même parfois difficiles à suivre quand on n’est pas américain.

Il s’agit d’un film sur l’exercice politique plus que sur Abraham Lincoln, un film qui narre les derniers mois tumultueux du mandat du seizième Président des États-Unis et montre le paradoxe entre la petitesse des magouilles de la sphère politique américaine du XIXe siècle et la grandeur, la noblesse des causes que ces mêmes élus peuvent être amenés à défendre. L’abolition de l’esclavage a ainsi été obtenue par corruption aux Etats-Unis, par le biais d’échanges de bons procédés peu glorieux dont l’achat des votes de députés.

Pour parvenir au vote de l’abolition de l’esclavage (le treizième amendement), Lincoln n’ a guère hésité à se jouer des lois démocratiques (jusqu’à la corruption), à maquiller la vérité  (jusqu’à mentir et à se renier) et  même jusqu’à exploiter l’état de guerre. Si l’œuvre avait une morale, ce serait celle du Prince de Machiavel : la fin justifie les moyens, « Si le fait l’accuse, le résultat l’excuse. »

Dans une nation déchirée par la guerre civile, Abraham Lincoln a tout  mis en œuvre pour mettre fin au conflit (qui fit 620 000 morts chez les soldats), pour unifier le pays et pour abolir l’esclavage. Cet homme au physique sec, à l’humeur tempérée, tout en retenue, s’exprimant par métaphores ne sortira qu’une seule fois de ses gonds pendant la durée du film. Chapeau !

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