Justice, grâce

«Les religions du passé comme les sages des temps modernes nous ont appris que la justice est désirable mais qu’elle doit être surveillée et orientée par l’amour et la compassion et par le respect de la personne humaine», j’ai relevé cette phrase dans un article paru dans «Le Monde», si sur le principe, je suis d’accord avec cette idée de compassion et de respect de la personne, je dois avouer que le reste de ce texte m’a contrariée.

Vous pouvez le lire en cliquant là : www.lemonde.fr/idees/article/2012/12/29/. Il est question de Philippe El Shennawy qui a décidé de se laisser mourir près avoir, à cinquante-huit ans, passé trente-sept années en prison. Bien sûr, c’est long trente-sept ans en prison, mais il n’a pas été condamné sans raison. Je me pose les questions suivantes : pour qui faut-il avoir de la compassion ? Le condamné ? Sans doute, mais les victimes ne méritent-elles pas la compassion aussi ?

«Relâchons-le, il n’a pas de sang sur les mains», disent ses défenseurs.
«Pas de sang sur les mains, par chance, par hasard ?» ai-je envie d’ajouter car à la lecture des exploits de ce condamné, j’ai quelques inquiétudes.

Voilà le résumé des actions de ce multirécidiviste, considéré par les professionnels de terrain comme un « fou furieux très dangereux ».
1970 : premier hold-up à 16 ans.
1972 : condamné pour la première fois à trois ans de prison pour vol avec violence.
1975 : il change de dimension en opérant un braquage à main armée avec prise d’otages. Avec un complice, il séquestre les employés d’une banque pendant plusieurs heures, avenue de Breteuil à Paris, et exige 6 millions de francs. La rançon est payée et ne sera jamais retrouvée.
1977 : il est condamné à la perpétuité.
1986 : cette peine est réduite à 20 ans et il bénéficie d’une libération conditionnelle en 1990.
 Dès sa sortie, il commet un nouveau braquage à Limoges pour lequel il sera condamné en 1993.
1997 : il bénéficie d’une permission de sortie, il en profite pour s’évader et braquer à nouveau une banque, le Crédit agricole de Rouen. Après cinq mois de cavale, il est arrêté.
2004 : il s’évade encore, mais cette fois avec violences. Sous la menace d’une arme, lui et son complice ligotent quatre infirmiers et en prennent un autre en otage qui réussit à s’enfuir. Les deux criminels enlèvent alors un couple de Marseillais pour se faire conduire à Paris.
2004 : les braquages se succèdent. Trois holdups dans des banques des Pyrénées-Atlantiques au cours desquels des employés et des clients sont séquestrés, mis en joue.
2005 : Philippe El Shennawy est arrêté alors qu’il faisait des repérages autour d’une banque avec une voiture volée. On a retrouvé à son domicile un véritable arsenal, ainsi que de fausses cartes de police et de fausses pièces d’identité.
2008 : condamné à 13 ans pour vol à main armée, enlèvement et séquestration.

Aujourd’hui certains veulent faire sortir ce malheureux, incarcéré depuis si longtemps. Une pétition circule, elle précise que «Ce détenu a donné toutes les preuves d’une capacité à se réinsérer dans la vie active». Ah bon ? D’accord. Effectivement, chaque fois qu’il était dehors il a braqué une banque, c’est ça la vie active ?

Vous pouvez donc signer la pétition pour demander sa grâce (voir plus haut) mais vous pouvez aussi signer la contre-pétition de l’Institut pour la Justice que vous pouvez lire ici http://petitions.institutpourlajustice.

Pétitions et manifestations sont les preuves que la démocratie est encore vivante, tant mieux ! Il n’empêche qu’il faut se poser des questions et obtenir des réponses claires.

– Pensez-vous vraiment que ce criminel a passé beaucoup trop de temps en prison ?
– Croyez-vous qu’il a subi un « acharnement judiciaire et pénitentiaire » contre lui ?
– Souhaitez-vous que, demain, vos proches puissent le croiser dans la rue ?

D’après le spécialiste du monde judiciaire, Philippe Bilger, ancien avocat général près la cour d’appel de Paris, « François Hollande cèdera » à la pétition diffusée par le journal Le Monde.

La Justice qui, encore en toute indépendance, l’a condamné à rester en prison jusqu’en 2032 doit-elle être désavouée ?

S’il est gracié, cela signifierait que les peines prononcées par les tribunaux n’ont plus aucun sens. Déjà que les tribunaux entendent mieux les coupables plus que les victimes. Les châtiments ne doivent pas être abusifs mais ils doivent exister et être vraiment appliqués.

Compassion soit, mais que devient l’équité, la justice et l’égalité devant la loi si les faibles et les honnêtes ne se sentent plus protégés ? Attendre un monde meilleur ? Prévu pour quand ? Et comment ?

Commentaires

13 réponses à “Justice, grâce”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *