Comment est-on passé du modèle ancien du courage, incarné par des héros (des demi-dieux ou des chevaliers de tous ordres), à la version contemporaine, nettement plus modeste ? On s’adapte, c’est tout.
Le courage aujourd’hui consiste simplement à trouver la force de se lever tous les matins pour aller travailler ou pour aller chercher du travail. Du courage, il faut en avoir pour savoir où l’on va, où l’on voudrait aller quand on est destabilisé quotidiennement, quand l’avenir économique est imprévisible, quand les liens familiaux se défont, quand les relations amicales ou amoureuses sont instables, quand on comprend que l’hypocrisie, le mensonge, la médiocrité et la facilité règnent en maitres, quand l’avenir semble bien sombre. Il en faut du courage pour survivre, encore plus pour tenter d’être heureux.
Je ne peux m’empêcher de penser à une pièce de théâtre que j’ai découverte à la Maison de la Culture de Grenoble, un peu après mai 68 : « Le mal court » de Jacques Audiberti.
La pièce est une satire corrosive de tous les militarisme, cléricalisme, traditionnalisme… Audiberti dénonce « la grande écorchure, et la tragique impuissance de l’Univers à passer par d’autres chemins que ceux de l’échec et de la douleur ». L’homme n’est pas seulement un animal social : il rêve, il peut rêver ; il a en lui des tas de biens personnels immatériels qui font la différence et qui ne peuvent lui être enlevés mais qui sont cause de souffrance s’il veut rester libre. L’homme est tour à tour victime ou bourreau.
Découvrant que le monde n’est que laideur, mensonges, pièges, l’héroïne de l’histoire, Alarica se met à son tour à l’école du mal. A chaque coup reçu, à chaque humiliation essuyée, elle réplique par une provocation. Ce n’est pas la solution de facilité, c’est celle du courage. Courage inutile ? Courage stupide ? Courage simplement.
Alors faut-il se battre, se rebeller, se révolter ou se taire et accepter ? Supporter une situation pénible et douloureuse relève tantôt de la fermeté de caractère, tantôt de la lâcheté et d’une incapacité à courir le risque du changement. À l’inverse, la révolte peut être considérée comme une preuve de force ou d’inconscience, de folie. Reste la… fuite bien commode. « Courage, fuyons », a dit Yves Robert. Facile ? Pas tant que ça.
Pour finir une chanson et quelques citations d’Audiberti.
» Le temps vient toujours, il suffit d’attendre. »
« Le crime serait de prétendre arrêter le mal quand il court. »
« La plus grande couardise consiste à éprouver sa puissance sur la faiblesse d’autrui. »
Et surtout, n’oubliez pas :
« N’aie pas peur. Ta peur donne du courage à celui qui te fait peur. »
A demain pour rire, ce sera dimanche.
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