« Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. » Blaise Pascal (1623-1662), Pensées, 168. Y arrivez-vous, vous, à ne pas y penser à la pauvreté ? Moi je ne peux pas.
Mon fils est un pauvre au plan économique. Heureusement, il a une famille (des parents et deux sœurs, deux beaux-frères et des neveux et nièces). Il est pauvre car il n’arrive pas à trouver un emploi salarié et ce n’est pas faute de diplômes. Quand j’entends plaindre les exclus du système scolaire, je suis choquée que l’on ne parle jamais des jeunes qui ont été formés, diplômés par un système qui les lâche ensuite et les broie en fin de compte…
Je ne pleurerai pas davantage ici mais je veux que personne ne ferme les yeux sur une réalité actuelle : la pauvreté qui progresse en France.
La pauvreté caractérise la situation d’un individu qui ne dispose pas de ressources suffisantes pour vivre dignement dans une société et son contexte.
Cette situation non-désirée, génératrice de souffrances, touche des personnes isolées ou des groupes, des tranches de la population dans les pays développés ou des pays en voie de sous-développement (la France par exemple).
Les termes misère et précarité sont des termes voisins de la notion de pauvreté mais les synonymes sont nombreux : dénuement, indigence, mistoufle, mouise, débine, gêne, mélasse, gueuserie, mouscaille, merde, pénurie, dèche… Complétez la liste si vous voulez.
Bien sûr, la pauvreté peut prendre un sens différent, vertueux, dans un contexte religieux ou spirituel, philosophique. Le vœu de pauvreté est défini comme la volonté d’être plus libre en renonçant aux biens matériels pour être en situation optimale de connexion avec son prochain ou Dieu (quel que soit son nom), une entité suprême.
La pauvreté en France concerne toutes les personnes qui ne disposent pas de ressources matérielles suffisantes pour vivre décemment. Selon l’Insee, la France compte environ 8,6 millions de pauvres, soit environ 14 % de la population, qui survivent avec pas grand chose. Pour une personne sans revenus d’activité, le RSA se monte à 417,94 € mensuels en 2012.
Comment peut-on vivre décemment avec 417,94 € ?
Comment les plus riches peuvent-ils fermer les yeux sur la misère ? Comment certains d’entre eux peuvent-ils ouvrir le bec pour donner des consignes de générosité et repartir dormir, chez eux, en Suisse, à Monaco ou ailleurs ?
Que pensez-vous de Gérard Depardieu ces jours-ci ? Moi, je l’aimais bien malgré ses frasques, c’était surtout, pour moi, Cyrano de Bergerac… Timide, complexé, écorché, brave… et Obélix qui est, sous sa grosse carcasse, un être sensible et tendre, non ? Aujourd’hui, Depardieu… je ne sais plus que penser. Il me dégoûte en même temps qu’il me surprend.
Je passe sous silence son ivrognerie, sa grossièreté (véritables ou un genre qu’il se donne ?) mais j’ai appris qu’il a enregistré une chanson avec Gulnara Karimova, la fille aînée du président ouzbek Islam Karimov, connue sous le nom de scène Googoosha. Les couplets ont été diffusés pour la première fois le 5 décembre, parce que c’est Depardieu et la fille d’Islam Karimov (au pouvoir depuis 1989, il est réputé pour sa conception particulière des droits de l’homme).
Je me souviens aussi que Depardieu aimait bien Nicolas Sarkozy, qu’il le soutenait (aujourd’hui Nicolas apprécie sans doute moins ce soutien). Le Canard enchaîné avait même écrit que Gégé soutenait l’ex-président car il l’avait aidé à régler «des problèmes dans l’une de ses affaires à l’étranger».
Quelques temps plus tard, pressenti pour interpréter le rôle de DSK dans un film sur la politique et le sexe que préparerait l’américain Abel Ferrara, le monstre du cinéma français avait été interrogé : allait-il vraiment incarner DSK ? Réponse : « Oui, parce que je ne l’aime pas. Donc je vais le faire…» Il avait ajouté : DSK est «un peu comme tous les Français, un peu arrogant, oui» et d’ajouter : «je n’aime pas trop les Français d’ailleurs. Surtout comme lui…» Ah bon ? Les Français vont finir par ne plus vous aimer non plus.
Début novembre, des informations de presse avaient circulé affirmant que l’acteur avait acheté une maison en Belgique. La presse avait alors immédiatement fait le rapprochement avec l’affaire du milliardaire français Bernard Arnault, qui avait déclenché en septembre un tollé en demandant à devenir belge. Les nantis effectuent ce déménagement pour des raisons politico-fiscales. Pas humanitaires, c’est sûr. Sans doute pour la beauté du paysage. Pas pour éviter de payer des impôts sur la fortune, non…
Naïve, moi ? Possible. Alors, l’êtes-vous autant que moi ? N’êtes-vous pas surpris par :
– la « Journée Conférence Nationale sur la Pauvreté » alors que les trois-cent-soixante-quatre (ou trois-cent-soixante-cinq, cette année) autres jours de l’année, l’Etat ne fait pas grand chose pour éviter le pire dans ce domaine. Rien que du blabla pour pêcher des voix…?
– la possibilité pour les plus riches de quitter le pays, sans aucune contrainte (législative ou autre) ? Aujourd’hui on nous rabat les oreilles avec Depardieu mais que dire de Johnny Hallyday, Patricia Kaas, Delon, Emmanuelle Beart… et quelques autres ? Voir cette liste des riches exilés.
Les Français, les Européens de la classe moyenne devront-ils encore longtemps courber l’échine pour payer les impôts dont les plus riches s’exonèrent en fuyant ?
Consolons-nous avec Alphonse Allais : «La misère a cela de bon qu’elle supprime la crainte des voleurs.»
Laisser un commentaire