Robespierre, dit l’Incorruptible, on l’aime ou on ne l’aime pas, ou on ne sait pas grand chose de lui. J’avoue que j’aime ce monsieur quoi que les gens disent de lui. Pour moi, c’était un homme droit et rigoureux qu’on a faussement accusé d’être un sanguinaire. Mais bon, je n’y étais pas en ces temps troublés. Je l’apprécie, c’est tout, peut-être parce que le 27 juillet est une date importante pour lui, comme pour moi.
Né à Arras en 1758, décédé à Paris le 28 juillet 1794 (trente-six ans), Robespierre est issu d’une famille de la petite bourgeoisie. Jeune homme pauvre et doué, il devient avocat.
Il est élu député du Tiers-Etat. Représentant de l’extrême gauche démocratique à l’occasion d’une loi électorale censitaire contre laquelle il est l’un des seuls députés de la Constituante à s’élever. Au début de 1791, au club des Jacobins, Robespierre est aussi l’un des premiers à se déclarer favorable au suffrage universel.
Adversaire de la déclaration de guerre en 1792, il s’oppose aux Girondins ; il passe au premier rang de la scène politique avec la chute du roi, le 10 août 1792. Elu député à la Convention, il réclame la déchéance de Louis XVI et devient l’un des chefs de file des Montagnards. Appuyé par les Sans-culottes parisiens, il est alors l’un des principaux artisans de la chute des Girondins en juin 1793.
Robespierre institue une religion « civique » qui combat l’athéisme, reconnaît l’immortalité de l’âme et enseigne aux Français la haine de la tyrannie et l’amour de la justice. Il est alors le héros de la fête de l’Être Suprême qui se déroule partout en France le 8 juin 1794.
Il est aussi à l’origine de la loi du 22 prairial an II (10 juin 1794) qui instaure la Grande Terreur, ôtant aux accusés toute possibilité de défense ou de recours. C’est là le gros reproche que l’on peut lui faire : des condamnations en masse au nom de la Vertu.
Ses adversaires commencent à comploter. Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) Robespierre est empêché de s’exprimer à la Convention, il est invectivé de toutes parts, il ne peut parler, Garnier de l’Aube lui jette « Le sang de Danton t’étouffe ! ». Puis, un certain Louchet s’écrie « Je demande le décret d’accusation contre Robespierre ! » Le silence venu d’un seul coup pèse sur l’Assemblée, quelques députés commencent à applaudir, puis l’ensemble, la proposition est votée à main levée… La cause est entendue. Les gendarmes arrêtent Robespierre, Saint-Just et Couthon. Le jeune frère de Robespierre et Le Bas se joignent volontairement à eux. Pour aller plus vite encore, on porte Couthon, paralysé.
Mais la Commune de Paris (souvent plus puissante que la Convention), tenue au courant heure par heure de ce qui se passe à l’Assemblée fait sonner le tocsin, convoque les sections. Les barrières sont fermées, la place de l’Hôtel de Ville se hérisse de piques, l’insurrection n’attend plus qu’un signal que seul Robespierre peut donner.
Pendant ce temps, chaque prisonnier est conduit vers la prison qui lui est assignée. Le même scénario se reproduit à chaque fois, dès que le nom de Robespierre est prononcé le geôlier refuse de laisser entrer les gendarmes et leur prisonnier. La Commune a très certainement donné des ordres précis, mais Robespierre ne croit pas à l’efficacité d’une émeute pour lui redonner le pouvoir. Trop respectueux des lois il préfère passer devant un tribunal. Comme il faut bien aller quelque part, Robespierre propose aux gendarmes de le conduire à la police municipale. Pendant près de deux heures, au Quai des Orfèvres, il reste indécis, il ne sait pas quoi faire, il n’aime pas beaucoup les gens de la Commune les trouvant trop « immoraux ». Un émissaire de la municipalité vient même lui dire « En te sauvant, tu sauves la liberté ! ».
A neuf heures du soir, il rejoint l’Hôtel de Ville. Les autres prisonniers, libérés par la Commune, l’y attendent. Ses doutes le reprennent, Saint-Just le pousse à agir. Faut-il appeler Paris aux armes contre la Convention et sortir ainsi de la légalité ?
Mise au courant des événements, l’Assemblée s’affole. Les troupes de la Commune s’approchent des Tuileries. Hanriot surnommé par les parisiens «la bourrique à Robespierre» marche sur la Convention, puis sans aucune raison apparente hésite et se retire. Les députés reprennent courage, mettent immédiatement les « robespierristes » hors la loi, ce qui équivaut à leur mort sans procès. On charge Barras de mater l’émeute.
Barras fait irruption sur la place de l’Hôtel de Ville sans rencontrer beaucoup de résistance, il entre, pénètre dans la pièce où sont réunis Robespierre et ses amis. Des coups de feu éclatent, Le Bas se suicide, Couthon tombe du fauteuil où on l’avait placé, le frère de Robespierre saute par la fenêtre et se brise la cuisse. Maximilien est gravement blessé à la mâchoire. A-t-il voulu se suicider comme certains le prétendent ? Un gendarme a-t-il tiré sur lui ? On ne le saura jamais clairement.
A trois heures de l’après-midi, les prisonniers sont extraits de la Conciergerie pour être conduits au Tribunal révolutionnaire. L’accusateur public Fouquier-Tinville va requérir contre ses anciens chefs. Pas d’interrogatoire et pas de défense pour les hors la loi. On va simplement faire constater l’identité des accusés par deux personnes de l’assistance.
Quelques heures plus tard tout est fini. L’après-midi du 28 juillet, sous les acclamations de la foule, Robespierre est guillotiné, place de la Révolution (Place de la Concorde), avec son frère Augustin, Saint-Just, Couthon et dix-sept autres de ses partisans. Les jours suivants, quatre-vingt treize autres sont exécutés.
En ce temps-là, la « justice » était rapide. Allez donc lire cet article sur le pont de la Concorde CLIC ICI pour avoir une idée du nombre de condamnés.
Si Robespierre dont la fin fut rapide et cruelle me plait tant, c’est qu’il prononça quelques phrases « inoubliables » :
– « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs » (discours à la convention nationale)
« Mais elle existe, je vous en atteste, âmes sensibles et pures ; elle existe, cette passion tendre, impérieuse, irrésistible, tourment et délices des cœurs magnanimes, cette horreur profonde de la tyrannie, ce zèle compatissant pour les opprimés, cet amour sacré de la patrie, cet amour plus sublime et plus saint de l’humanité, sans lequel une grande révolution n’est qu’un crime éclatant qui détruit un autre crime. Elle existe, cette ambition généreuse de fonder sur la terre la première République du monde ; cet égoïsme des hommes non dégradés, qui trouve une volupté céleste dans le calme d’une conscience pure et dans le spectacle ravissant du bonheur public. Vous le sentez, en ce moment, qui brûle dans vos âmes ; je le sens dans la mienne. »
Voilà un extrait de son dernier discours à la Convention nationale du 26 juillet 1794 (8 thermidor an II). Qu’en pensez-vous ? Paroles d’un sanguinaire ou d’un pur ? Mon opinion est faite.
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