Le 8 décembre dernier, je terminais mon article par ces mots : « Vouloir le changement, oui. Mais le prix à payer… Dès lors que la foule s’empare d’une situation, d’un événement, les débordements sont inévitables et les retours de bâton inquiétants. Et surtout, méfions-nous des profiteurs. » Les derniers jours ont montré que les mêmes causes entrainent les mêmes effets : les injustices criantes et l’accaparement du pouvoir par une caste ont causé la Révolution Française. Alors…
Notez bien que pour moi, la caste accapareuse n’est pas d’un côté plutôt que d’un autre : les politiques en place (des hommes essentiellement en France) sont les accapareurs, qu’ils soient de droite ou de gauche. Pouvez-vous être entendus en haut lieu si vous n’êtes pas une personne connue, un « people » comme on dit aujourd’hui ?
En métropole, le Président Sarkozy est le catalyseur de la colère des Français, même les personnes de droite ne se reconnaissent plus dans cet homme, mais à la Réunion, quelle personne sensée peut se sentir en accord avec le clan Vergès ? Il est bien loin de Paul, Pierre, Jacques, le parti communiste ! Pour mémoire, je vous rappelle cet article de l’Express et le système Vergès (moi je préfère le terme dynastie) http://www.lexpress.fr/region//le-sens-de-la-famille_852397.html.
En ce moment, lutte intestine au PCR (Parti Communiste Réunionnais), Huguette Bello contre les Vergès, c’est dire.
J’en reviens aux « mêmes causes, mêmes effets. » Je crois bien que c’est un principe reconnu par les Chinois quand ils mettent en application les règles du Feng-Shui, mais je m’éloigne de mon propos.
Pourquoi des débordements en 2012 à la Réunion ? Ce serait très long d’envisager toutes les possibilités ici, mais soyons clairs : la majorité des Réunionnais n’est pas composée d’irresponsables. Il y a beaucoup de travailleurs consciencieux, raisonnables, conscients de leurs droits et de leurs devoirs, des gens réfléchis qui s’inquiètent pour leur présent et pour l’avenir de leurs enfants, qui savent que la casse va devoir être payée par eux, et qui se demandent comment remettre dans le droit chemin une bande de voyous excités.
Il faut être clair, il s’agit bien de ça : des casseurs ont mis à feu (pas à sang, mais ça aurait pu arriver) les quartiers du Chaudron et du Port ; même si la colère peut se comprendre, elle ne justifie pas les incendies de voitures de particuliers, d’une pharmacie, d’un salon de coiffure et le pillage des rayons alcool ou tabac. Ces désœuvrés sont pour le moins stupides. S’il vous en fallait une preuve, lisez cet article (clic). Je ne donne pas toujours raison aux journalistes, loin de là, mais sur ce coup, j’avoue que j’ai ri du culot de l’un et de la bêtise des autres (je cite : « Il nous faut quelques minutes pour gagner leur confiance, les assurer que l’article et la photo ne seront pas transmis aux autorités… » qui bien évidemment ne lisent jamais le journal.)
Revenons aux causes de la révolte et d’une possible révolution. Oui, une révolution. Quand le ras-le-bol se généralise, c’est ce qui se passe : mêmes causes, mêmes effets. Souvenez-vous que nous sommes en France et que : « « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »Article 35 de la constitution française de l’An 1 (24 juin 1793).
Voilà une liste non exhaustive des causes d’une révolution, des éléments relevés ou ressentis en France à l’heure actuelle :
1 – La hausse des prix de «trop de %», variable selon les régions françaises mais la hausse des prix est généralisée dans tous les domaines alors que les salaires n’ont pas augmenté et que les retraites ont même diminué pour certains.
2 – Les travailleurs peuvent être pauvres, pas seulement les demandeurs d’emploi. La pauvreté et la précarité augmentent.
3 – Le sentiment d’injustice : les salaires et indemnités des dirigeants des grandes entreprises augmentent, de même que les indemnités des élus nationaux et européens alors que les salaires stagnent.
Les salaires annoncés par les «people» du sport ou de la politique donnent des vertiges aux travailleurs de base. Si le salaire moyen annuel d’un PDG d’une grande entreprise française tourne autour de deux millions d’euros, le salarié, qui sait encore compter, constate qu’il devrait travailler plus de 170 ans pour gagner cette somme. Vertige, angoisse, colère…
4 – L’argent fonctionne avec la corruption : depuis une trentaine d’années, toute moralité semble avoir disparu (des bottines à 15 000F payés à Roland Dumas par Deviers-Joncour avec la carte Elf, et j’en passe… Zahia… les voyages, les réceptions, les voitures de fonction…)
5 – L’inégalité est croissante : l’égalité devant l’impôt n’existe pas (bouclier fiscal, par exemple)
6 – Le gaspillage : les fonds publics sont dilapidés par des irresponsables. Il est plus facile de dépenser l’argent qu’on n’a pas peiné à gagner. Pourquoi des subventions aux entreprises qui délocalisent, des subventions aux pays étrangers qui vont directement aux dictateurs et non au peuple ?
7 – L’inégalité devant la justice (vous avez tous des exemples en tête).
8 – Destructions des acquis sociaux : par exemple, l’école, la santé sont des domaines massacrés sur l’autel de la démagogie ou de la rentabilité. Quand le service public sera tout détruit, on privatisera.
9 – Pas de respect pour la valeur « mérite » : efforts, travail., intégration…
Et si vous pensez que je dis des sottises, souvenez-vous que j’aime Boris Vian, je le cite : « Dire des idioties, de nos jours où tout le monde réfléchit profondément, c’est le seul moyen de prouver qu’on a une pensée libre et indépendante. » Extrait de « Le goûter des généraux ».
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