« Zorey koshon dann marmit gros pois », Zoreille cochon dans marmite gros pois, expression créole qui signifie ne pas entendre, faire la sourde oreille.
Ne pas vouloir entendre pour pouvoir faire «comme si on ne savait pas» ou ne pas entendre pour ne pas avoir de décision à prendre. Ne pas vouloir entendre tout simplement pour ne pas tomber d’accord parce qu’on ne veut pas, parce qu’on ne peut pas, ou simplement se braquer…. Acte délibéré. Patronat qui ne veut plus rien entendre pour diverses raisons (reconnaissons que certains petits patrons n’en peuvent plus) ou pire : gouvernements qui refusent d’entendre pour garder le confort. Ne pas vouloir entendre, encore moins écouter…
Je me remémore vite fait un peu d’Histoire de France : la Révolution, une période que j’aime, enfin façon de parler. J’aime l’idée du bouillonnement des esprits, le vent de Liberté, j’aime moins les règlements de comptes et l’odeur du sang.
Je commence avec Louis XV, le Bien-Aimé. Au fil des années, sa faiblesse dans la prise de décisions, le dénigrement de son action par les parlementaires et une partie de la noblesse, les intrigues incessantes impliquant sa maîtresse, la Pompadour, et la dépravation de sa vie privée (nombreuses maitresses et bâtards) lui valent l’effondrement de sa popularité, à tel point que sa mort est accueillie par des festivités joyeuses. Intelligent, il avait senti cependant la nécessité d’un remaniement de l’Etat et il l’avait tenté en partie. Vers la fin de son règne, le Bien-Aimé qui l’était de moins en moins comme on l’a vu, averti par plusieurs émeutes de misère, avait senti le danger. Sans plan bien défini , il avait commencé à réorganiser les finances et la justice, brisé la puissance de certains Parlements.
Pour le malheur de la monarchie et de la France, son petit-fils et successeur, Louis XVI, est un lourdaud de vingt ans, qui mange trop, dort trop bien, qui partage son temps entre la chasse et son établi de serrurier, il n’a pas l’esprit vif, il est juste capable d’application. Il est néanmoins instruit. C’est le premier Bourbon qui n’a pas l’allure fière et militaire (il restera toujours incapable de sauter à cheval). Son métier de souverain le dépasse, l’effraie. Comment «faire le roi» en étant un brave homme seulement ? Il craint toujours de nuire ou seulement de mécontenter, étrange pour un roi. Il désire le bien de son peuple, mais le connaît peu et n’en est pas connu (il ne sort pas sauf pour la chasse). Il avait un rôle qui n’était pas à ses mesures.
Sa femme, Marie-Antoinette d’Autriche est l’une des filles de l’impératrice Marie-Thérèse. Elle a méprisé « ce pauvre homme », qui pendant sept ans, par crainte d’une opération bénigne, n’a pu être son mari que de nom. Ils sont si différents d’allure et de goûts. il est terne ; elle, elle brille : teint transparent, grands yeux bleus, cheveux blonds, jolie bouche, corps élégant, cou gracieux (bien, pour la guillotine)… Elle n’a pas seulement le charme, elle a la majesté. Mais…
Ignorante, futile, coquette, elle a le goût de plaire et de déplaire aussi (on est noble ou pas). Hautaine, elle sait être bonne, indulgente, moqueuse, généreuse, elle aime à l’excès la parure, le plaisir, déteste la contrainte. Elle s’entoure de personnes avides et sans morale. Dommage !
La vie de la cour est à des années-lumière de celle du peuple et de la bourgeoisie (les mieux nourris, les plus instruits, les meneurs, en somme, de ce qui va suivre).
Dans les cours judiciaires, pas un magistrat n’est nommé qui n’appartienne à la noblesse. La bourgeoisie grimace. Les impôts sont trop lourds, le peuple a faim, les gens réfléchis prévoient le pire. On sent qu’on va vers un abîme, mais la noblesse ne veut pas le voir. La Cour n’a jamais été aussi brillante et Paris aussi gai.
Pourtant l’argent ou plutôt l’or manque. Les billets ont perdu leur valeur. Necker est appelé au Contrôle des finances en désespoir de cause, il obtient des avances chez les banquiers. Il se flatte que sa seule présence rendra à l’opinion son calme. Il ne tardera pas à déchanter et à apprendre, comme la Cour, que la Révolution a commencé.
Sans être monarchiste, comment ne pas avoir une pensée émue et une larme à l’oeil pour Marie-Antoinette dont les défauts étaient d’être reine de France et surtout Prussienne.
Qui a pensé que c’était une jeune femme qui n’a guère eu de choix que d’obéir aux volontés de son père et des alliances européennes ? Qui a pensé que c’était une mère ? Voilà sur des images du film de Sofia Coppola une chanson de l’opéra-rock de Claude-Michel Schoenberg : « La Révolution Française ».
Vouloir le changement, oui. Mais le prix à payer…
Dès lors que la foule s’empare d’une situation, d’un événement, les débordements sont inévitables et les retours de bâton inquiétants.
Et surtout, méfions-nous des profiteurs.
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