Printemps

Lisez, apprenez et retenez bien ces quelques mots :

“Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas le printemps.”

Ce vers de Pablo Neruda, écrit en 1973, montre que l’on peut toujours s’opposer à la répression, ne jamais se soumettre. Nous avons cette force en nous pour notre survie. Gardons l’espoir, montrons notre courage ! Je pense à mon père qui avait pris le maquis très jeune puis a rejoint la 2° DB de Leclerc. Je ne peux pas me taire.

Mais connaissez-vous Pablo Neruda ?

C’est le nom de plume de Ricardo Eliécer Neftalí Reyes-Basoalto, poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien, Prix Nobel de Littérature en 1971, né le au Chili), mort le  à Santiago du Chili, officiellement d’un cancer, douze jours après le coup d’État du 11 septembre 1973 ; l’hypothèse d’un assassinat est de plus en plus souvent évoquée depuis les années 2000.

L’inhumation de Neruda est devenue, malgré la surveillance policière, la première manifestation publique de protestation contre la junte militaire dirigée par Augusto Pinochet. Une belle présentation de Monsieur Pablo Neruda se trouve sur Wikipédia : article Pablo Neruda.

Neruda est l’auteur du Canto general ou Chant général,  un poème épique en quinze chants composés à partit de 1938 qui parut en 1950 à Mexico. Pablo Neruda écrivit ce long poème pour dénoncer la trahison d’un homme politique, le président du Chili, Gabriel Gonzalez Videla, qu’il a d’abord soutenu et dont il dénonça ensuite la dictature.

Le Canto General compte plus de quinze mille vers ; ce poème est le témoignage d’un renversement historique, il présente un peuple résistant et combatif qui s’unit pour défendre la terre natale, un peuple citoyen en train de se lever et de se libérer. Canto Genera est la Bible du continent américain : la naissance de ce continent et l’histoire des peuples qui y ont vécu, qui y vivent, y souffrent et y luttent contre les oppresseurs venus avec les armes pour exploiter les hommes et la richesse d’une nature exubérante. C’est ce qui confère à l’œuvre son caractère universel.

Pablo Neruda commença à l’écrire pendant une année de vie clandestine (1949) pour échapper à l’arrestation décrétée par Videla. Le poète citoyen, en dénonçant la dictature, a fait chuter l’homme politique. Cette insoumission des peuples, le poète la  sent comme la terre quand la végétation endémique revient pousser, cette terre résistante, à l’extrême Sud du Chili, qui n’a jamais cédé et qui symbolise une virginité imprenable par les conquistadors mais pourtant un terre sans défense en dehors du froid, de sa neige, de ses vents. Intouchable ! 

Ce Canto general a été mis en musique par Mikis Theodorakis.

Comme Neruda, Mikis Theodorakis s’est engagé, à partir de 1961, dans la défense des libertés et de la démocratie, luttant contre le régime des colonels, dans son pays. Le putsch de 1967 le conduit en prison où il est torturé, puis en déportation. Libéré trois ans plus tard grâce à une forte mobilisation internationale, exilé en France, il répond à l’invitation de Salvador Allende et se rend au Chili en 1971. Il découvre à quel point le parcours et la poésie de Pablo Neruda recoupent son propre combat. De retour en France sa rencontre avec le poète alors ambassadeur à Paris, devient emblématique et il commence à composer autour de deux premiers poèmes : Amor America et Vegetaciones. Sept chants sont donnés en concert à Buenos-Aires l’été 1973 ; l’oeuvre programmée dans la capitale chilienne en septembre de la même année ne sera pas donnée, le putsch militaire de Santiago et l’assassinat d’Allende en décident autrement. De retour en Grèce après la chute des colonels, Mikis Theodorakis dirige le Canto General au stade du Pirée, le 13 août 1975. L’émotion est à son comble et l’ovation immense. En 1980-81, il achève de mettre en musique les cinq derniers chants et compose un émouvant Requiem pour Neruda :

Envie de musique, voici deux vidéos (une explication puis des chants) :

Share

2 réflexions sur « Printemps »

  1. ah oui je connais tres bien Pablo Neruda et Mikis Theodorakis, et j’ai beaucoup d’admiration pour eux ! deux superbes exemples de résistants contre l’oppression ! je ne connaissais pas ce “canto general”,merci Françoise, bon dimanche bises

  2. L’histoire montre qu’il est plus que rare qu’on arrive à dompter un peuple, et que le plus souvent, il se débarrasse de l’envahisseur ou du tyran, et les écrits y participent largement

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *