Buenos Aires (5)

Je vous emmène une nouvelle fois en promenade dans Buenos Aires, vers un quartier portuaire beaucoup moins populaire que celui de La Boca : Puerto Madero connu pour ses immeubles modernes. C’est le quartier le plus résidentiel de la ville, il compte les édifices les plus prestigieux et surtout les plus onéreux de la capitale argentine. Construit au milieu des années 1990, on reproche à ce quartier d’être sorti de terre pour blanchir de l’argent ce qui explique que de nombreuses tours du quartier sont partiellement vides bien qu’officiellement totalement vendues.

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Puerto Madero est un quartier qui a toujours posé problème. Aujourd’hui considéré comme le centre d’affaires le plus important de la capitale et très apprécié des personnes aisées, il resta longtemps une sorte de friche industrielle.

Buenos Aires, du temps de la colonie espagnole – c’est-à-dire jusqu’en 1816 -, n’a pas eu de port. Les navires se mettaient en rade dans le Rio de la Plata devant la ville et déchargeaient leurs marchandises (et les passagers) avec des chaloupes. Trois pontons furent successivement installés : le premier en bois en 1854, un deuxième en 1857 derrière la Casa Rosada et un troisième construit en 1874 qui servit surtout pour l’arrivée des immigrés d’Europe ; ces trois pontons furent vite saturés et l’idée de créer un véritable port germa.

Plusieurs projets sérieux ce succèdent à partir de 1858 et en 1882 la Nation retient un projet britannique (en fait celui d’Eduardo Madero, homme d’affaire, neveu du vice-président Francisco Madero). Le projet retenu était coûteux, il fallait créer une ile artificielle de 350 hectares (mais Madero était un “neveu”. Ah le népotisme n’est pas nouveau !) Ce projet créait un port formé de quatre (4) bassins interconnectés entre eux mais totalement isolés du Rio par lesquels on pouvait entrer, de chaque coté, par deux canaux d’accès qui s’avèreront vite pas assez profonds.

Parmi les projets écartés celui de Luis Augusto Huergo qui proposait de récupérer l’embouchure du Riachuelo dans le quartier de la Boca pour l’aménager en port moderne. Ce n’est qu’à à partir de 1906 que l’on reprendra cette idée pour dessiner le Puerto Nuevo plus au nord.

Le 1er avril 1887, le premier coup de poche fut donc donné et le 28 octobre 1889, le bassin sud fut inauguré. Moins de dix ans après son ouverture totale, en 1905, le port ne convenait déjà plus : les bateaux (que le progrès avait fait grossir) ne pouvaient manoeuvrer et gênaient l’activité des darses. 

Les plans de l’ingénieur Huergo furent ressortis : un nouveau port construit, un port ouvert sur le Rio de la Plata, avec des quais perpendiculaires au Rio facilitant les accostages. Ce nouveau port, « Puerto Nuevo », est inauguré en 1919 ; il est toujours parfaitement opérationnel un siècle après.

Dès 1920, les hangars de Puerto Madero se vident et la zone meurt peu à peu. Des projets pour réhabiliter « Madero » ne se concrétisent pas et il fallut attendre 1989, pour que, le 15 novembre le ministère des Travaux publics, le ministère de l’Intérieur et la municipalité de la ville de Buenos Aires signent l’acte de constitution d’une société anonyme dénommée “Corporación Antiguo Puerto Madero” (Corporation de l’ancien Puerto Madero).

On commença par tracer de nombreuses rues et avenues, on créa des parcs et des places, on installa des monuments et on restaura l’infrastructure historique existante, comme l’avenue Costanera Sur. Le quartier se métamorphosa avec la construction de bureaux, de logements familiaux ainsi que de divers centres culturels. Les prix atteints par ces bâtiments sont astronomiques faisant de Puerto Madero le quartier le plus cher de la capitale.

Dans les années 2000, de nombreuses tours poussèrent, toutes de plus de 130 mètres de hauteur, atteignant 170 mètres pour l’une d’entre elles.

La zone résidentielle m’a paru morte ; “c’est parce qu’elle est bien sécurisée” m’a répondu le guide. Moi, je ne sais que dire de plus : il y a des contrastes,  ici comme ailleurs, de vieux silos, vestiges du temps jadis font face à des immeubles ou à des lofts ultra-modernes,

en un coup d’œil, on passe du Puente de la Mujer (le pont de la Femme), construit par l’architecte espagnol Santiago Calatrava en 2001, une quasi sculpture urbaine qui attire immédiatement l’œil avec son aile blanche et brillante s’allongeant sur l’eau (pour certains, la Puente de la Mujer ressemble à une femme qui danse le tango)

à la frégate Presidente Sarmiento, premier bateau-école de la marine argentine (construit en 1897), transformée en musée.

Tout ça à une dizaine de minutes de la fameuse place de Mai.

Ah j’oubliais : le 9 mars 2006, le mouvement de pauvres argentins marginalisés (se défendant en coupant des routes) a inauguré un restaurant au cœur du quartier. Le terrain avait été cédé par l’entrepreneur Miguel Doñate, acte de charité. Les voisins du quartier n’ont pas apprécié, notamment la Corporación Puerto Madero. Oui, les pauvres qui se montrent ça fait mauvais genre. Mais bon, ils ont pu rester.

Heureusement, pas loin on a pensé encore un peu à la nature, il existe, tout près des tours, la « Reserva Ecológica Costanera Sur »

Image associée

qui peut être considérée comme un des plus grands espaces publics de la ville : 350 hectares pour un bon moment de tranquillité entre les roseaux, les arbres et le chant des oiseaux.

On oublierait presque que la ville est proche. Ce n’est pas vraiment un parc mais un terrain couvert par la végétation autochtone, repris par la nature.

Encore un ou deux petits tours dans Buenos Aires et je vous emmènerai à Montevideo.

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5 réflexions sur « Buenos Aires (5) »

  1. Merci pour ce bel article où tout est très bien expliqué.
    Le parc doit être un petit paradis dans ce quartier !
    Bon week end … froid.
    Avec des bisoux, françoise

  2. on n’ imaginait pas que les cargos allaient eux aussi être atteints de gigantisme, et que bien des structures seraient à revoir, même à Gibraltar, il a problème.
    Un port où on peut accoster est toujours bénéfique et enrichit la ville.
    Curieux quand même ce quartier ultra -moderne qui parait sans grande activité.
    Peut être une bonne chose pour la réserve écologique.
    Merci pour la visite en photos.
    Tu sais que je ne suis pas trop pour l’ art contemporain, mais je trouve l’ aile de ce pont magnifique.
    Passe une bonne journée Françoise
    Bisous

  3. Bonsoir Françoise
    Je te remercie pour ta visite et le compliment sur mon petit-fils , c’est très gentil .
    Je découvre un blog superbe et passionnant .
    Je vais m’inscrire à ta newsletter .
    Bonne soirée à toi
    Bise

  4. Tiens, je vois que corinne veut s’inscrire à ta NL, mais je m’y suis inscrite et je ne reçois jamais rien, alors je passe tous les jours pour voir s’il y a du nouveau.
    Bon dimanche …
    Avec des bisoux, françoise

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