Cajoler

Cajoler… J’ai évoqué dans mon dernier billet les sens multiples des mots (la polysémie, pour faire la savante). Voilà qui me rappelle le CE1 de ma fille aînée : l’institutrice (à l’époque, il n’y avait pas encore de professeur des écoles) avait donné un travail en classe sur les homonymes dont le résultat avait été pitoyable, il y avait entre autres le mot “moule” ; si les moules à gâteaux avaient été repérés, pas de trace des coquillages du même nom. Oubliés les mollusques bivalves ! Je m’arrête et revient à cajoler.

Ce verbe cajoler qui peut signifier dans un emploi intransitif : chanter, siffler pour attirer la femelle chez les oiseaux et plus précisément pour le geai et la pie. On peut “entendre cageoler le geai” (oui deux orthographes semblent possibles). Hier mon billet précisait que  le geai cacarde, jase et… cajole.

Dans un emploi transitif, le sujet et le complément désignant une personne, cajoler c’est entourer quelqu’un d’attentions délicates, lui prodiguer des caresses, des paroles douces et affectueuses. On peut cajoler du regard et de la voix. Voilà un synonyme de câliner, choyer, dorloter. 

La mère cajole son enfant. Moi j’aurais bien aimé être plus cajolée, j’ai donc cajolé mes petits. Un peu trop ? Allez savoir !

On peut même, avec une idée de profit, cajoler un vieillard pour apparaître dans son testament. On peut aussi cajoler une femme, c’est-à-dire lui tenir des propos galants, la caresser en vue de la séduire. Dans ce cas, c’est un synonyme de courtiser, enjôler.

Le verbe cajoler peut s’utiliser à la forme pronominale, à sens réciproque : “Il est fort inconvenant de se cajoler mutuellement au balcon de l’entre-sol, comme tu le fais avec ta marchande de vin.”  Honoré de Balzac. 

Dans un sens figuré et littéraire, le sujet peut désigner une personne et le complément un inanimé abstrait, par exemple “Cajoler la fortune” c’est encore Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847, “cajoler certaines illusions”, Raymond Radiguet, Le Bal du comte d’Orgel,1923, “cajoler ses désirs” (Jean-Paul Sartre, Le Diable et le Bon Dieu,1951).

Savez-vous que ce verbe cajoler est aussi un terme de marine ?
Emploi transitif : cajoler le navire : le faire marcher contre le vent, en profitant d’un courant`.

Emploi intransitif : le sujet désigne un bâtiment ; le verbe signifie alors “aller à la dérive en suivant un courant par vent contraire.” : Les navires, se laissant dériver, survenaient en «cajolant».

Les termes de marine… Voilà La Réunion qui se profile. La langue créole est truffée de mots de marins, en voilà quelques-uns :

amarrer : attacher  ou rester longtemps avec quelqu’un ;

souquer : déployer un effort physique ; “souquer un moun » = frapper quelqu’un ;

border son lauto : garer sa voiture ;

– démailler : démêler ;

– démarrer : détacher ;

– gommer : salir, rendre poisseux.

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3 réflexions sur « Cajoler »

  1. Et bien on peut dire que ce verbe va jusqu’ à nous faire voyager en bateau !
    Je suis sur qu’ il plairait aux enfants de jouer ainsi sur le sens des mots, bien plus qu’ en les manipulant avec la théorie du genre !
    Bonne journée Françoise
    Bisous

  2. Bonjour Françoise
    J’ai adoré cajoler mes enfants avec ma voix
    Leur chanter des berceuse
    Ca me manque en ce moment
    Ils sont ados et parfois je cajole en … Grondant
    Hummmm
    Merci pour ces définitions, notamment avec geai
    Bisous et doux lundi
    Frieda

  3. Ping : Quelle version ? | FrancoiseGomarin.fr

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