Art déco

Vendredi, j’ai terminé mon billet en annonçant l’Art déco qui succéda à l’Art nouveau. L’art déco vit son apogée dans les années vingt autour de «l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes» de Paris, en 1925. C’est l’art des années folles, celles de Gatsby le Magnifique, années folles qui ne durèrent qu’une dizaine d’années de 1920 à 1929.

Les Années folles constituent une période marquée par une aspiration nouvelle à la liberté et à la joie de vivre, par une grande effervescence culturelle et intellectuelle et par une remise en cause des valeurs d’avant-guerre. Période d’intense soulagement après cinq longues années de guerre, la « der des der », une nouvelle ère allait commencer : le taux de croissance était compris entre 5 % et 6 % par an dans de nombreux pays ; la société de consommation s’installait avec la « démocratisation » de l’automobile et la diffusion de l’électroménager. Seuls les agriculteurs semblaient exclus de cette prospérité ; ceci dit, le monde ouvrier n’était pas tellement bien loti ; il y avait toujours des pauvres, en ville et à la campagne.  La bourgeoisie s’enrichissait faisant preuve d’exubérance vestimentaire et même sexuelle (lire The Great Gatsby de Francis Scott Fitzgerald ou le roman de Victor Margueritte, La Garçonne (1922).

La diffusion du style Art déco auprès du plus grand nombre fut favorisée par l’essor de la presse, de la radio et du cinéma mais les Années folles s’achevèrent vite en raison de la grande crise de 1929.

Ce mouvement culturel fut marqué par la créativité des peintres, sculpteurs, photographes et modèles ainsi que de nombreux écrivains, dont ceux du mouvement surréaliste et des Américains de la lost generation comme Ernest Hemingway, qui trouvèrent à Paris un dépaysement et une liberté de ton que ne leur offrait pas l’Amérique de la prohibition. Paris devint, pour certains, le centre des plaisirs et d’une vie au luxe ostentatoire, où le goût de l’excentricité se conjugua avec celui de la nouveauté avec le succès du jazz et du charleston, de Joséphine Baker et de sa Revue nègre.

Là où l’Art nouveau vantait une femme arrondie, bucolique, poétique, l’Art déco révèle une toute nouvelle femme, longiligne, mince, élancée, un peu androgyne, en totale rupture avec la représentation classique de la femme. C’est l’art de la femme moderne, précurseur de la femme actuelle.

L’art déco fut l’art du modernisme, de la géométrie, de l’ordre, de la symétrie, de la sobriété, des angles, des pans coupés, des cercles, des arrondis et des octogones ; dans la peinture, c’est la naissance du cubisme. L’Art déco, c’est le retour en grâce de la technique, de la science, des découvertes, des voyages (trains, paquebots, hôtels), de l’automobile, de l’aviation. Cet art « stylisé » est souvent caractérisé par des socles, de la marqueterie, ou de luxueux matériaux  en provenance des colonies : du bois exotique, du galuchat, de l’ivoire, de la laque.

Sans leader véritable ni théorie, ce style fut critiqué dès ses premières années pour sa superficialité. Il était particulièrement employé pour tous les édifices devant valoriser l’image de son commanditaire : naissance de l’architecture commerciale (boutique, siège social, etc.), les théâtres et cinémas, mais aussi l’architecture domestique : le décor servant de signe de réussite sociale. Né comme un mouvement extrêmement luxueux, touchant d’abord les classes les plus aisées, il se propagea rapidement et devint très populaire, un art de masse au début des années 30 utilisant un tout nouveau produit : la bakélite, le plastique. L’Art déco marqua la naissance du design.

Un adjectif pour caractériser l’art déco ? «Moderne» ? L’art moderne, c’est encore autre chose.

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