Le Président

Le Président, quel titre ! Croyez-vous que je veuille vous parler d’Emmanuel Macron ? Que nenni ! J’ai envie de vous  présenter un film oublié et surtout j’ai besoin de vous en montrer un extrait dans lequel nous nous trouvons à l’Assemblée Nationale du temps de la IV° République. Les députés, élus du peuple, siègent (nombreux, ce qui est rare de nos jours). Je vous conseille de regarder cet extrait instructif ; certes c’était il y a un peu plus de cinquante ans mais le sujet débattu est resté d’actualité. Continuer la lecture

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18 juillet : anniversaire de…

Nelson Mandela.

Il est né le 18 juillet 1918.

Bon anniversaire ! 93 ans… Puisse le ciel vous rendre éternel !

Merci pour les phrases que vous avez prononcées et que je reproduis ci-dessous. Merci pour celles-là et pour tant d’autres ! Continuer la lecture

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Il faut être juste avant d’être généreux

Nicolas de Chamfort (1741-1794) fut un moraliste d’une tragique lucidité (ce n’est pas bon d’être trop lucide) et un républicain de la première heure qui finit mal, comme beaucoup d’autres.

Lui fut particulièrement malchanceux (je pense à Mme Pas d’Bol : il y a toujours pire, non ?). Donc ce brave Nicolas, je commence par la fin, (ce n’est pas grave, je vais essayer d’être claire malgré tout), sans doute dépité par ce qu’il voyait – ou comment une révolution et l’organisation qui s’en suit peuvent mal tourner – commence à devenir dépressif, puis clairement  terrorisé par une Terreur qui n’avait pas commencé (il fallut attendre 1794). Menacé d’arrestation, sachant ce qui l’attendait dans les geôles (il avait déjà testé) et surtout comment on raccourcirait sa vie à la sortie, il prit la décision de choisir sa fin lui-même et tranquillement, chez lui, il se tire une balle dans la bouche. C’était le 14 novembre 1793.

Je vous ai dit que c’était Monsieur Pas de chance, lucide mais “guignard” ; pour lui, c’est le comble du suicide raté (ou presque) : il se tire donc une balle dans la tête mais le pistolet fonctionne mal. Il perd le nez, une partie de la mâchoire, et ne meurt pas (par contre, il devait avoir drôlement mal). Il ne perd pas espoir et se saisit d’un coupe-papier pour s’égorger. Comme il était bibliothécaire et pas médecin, il ne trouve pas l’artère et se contente de  se  coupailler et de faire des tâches de sang de partout. Il persiste avec le même coupe-papier et se “farfouille” dans le ventre, la poitrine puis les jarrets. Ses échecs répétés l’épuisent, il perd alors connaissance. Un de ses serviteurs (il était le bibliothécaire de la Bibliothèque de France et avait un certain standing) le retrouve dans une mare de sang, appelle alors barbier, médecin et chirurgien qui arrivent à le sauver. La Grande Faucheuse était en grève et Dieu sans doute vexé par les mécréants de l’époque. Il mourra quelques mois après, affaibli, mais reconnu non coupable des accusations qui l’avaient angoissé. C’était le 13 avril 1794, soit 5 mois après son suicide… raté.

Je reviens au début de son histoire. Né en Auvergne,  en 1741, probablement fils naturel de Jacqueline de Montrodeix et de son chanoine, il fut déclaré de parents inconnus et adopté par François Nicolas et sa femme. Sébastien Roch Nicolas  (c’était son nom) fut envoyé au collège, à Paris, vers l’âge de dix ans. Un peu indiscipliné, il remporta malgré tout de nombreux prix, refusa de devenir homme d’Église et se mit à écrire sous le nom de Nicolas de Chamfort. Ses écrits lui valurent des accusations d’immoralité et un vif succès littéraire : il collabora au Journal encyclopédique, fréquenta l’aristocratie et le monde des lettres, reçut plusieurs prix et devint secrétaire des commandements de Condé (qu’il quitta en 1777). Après avoir été élu à l’Académie française en 1782, il se retira à la campagne, puis reçut, en 1786, une pension royale (il devint alors secrétaire de la sœur du roi). À la suite de Mirabeau, pour qui il rédigea plusieurs textes, il prêcha la démocratie, puis fonda la Société de 1789. En 1792, il fut nommé à la direction de la Bibliothèque nationale. Malgré son enthousiasme pour la Révolution, il fut plusieurs fois emprisonné.  Il laissa des “petits carrés de papier” qui firent sa gloire et furent publiés, après sa mort, en l’an II de la République : les Maximes et pensées, caractères et anecdotes. Ils sont le témoignage impitoyable de la fin d’un monde. Des confessions déguisées révèlent, en même temps que la tristesse et la misanthropie de leur auteur, sa foi dans l’intelligence, seul refuge de l’homme.

J’ai toujours beaucoup aimé Chamfort qui m’a servi à enjoliver quelques courriers échangés avec l’Administration. Une phrase me revient, elle s’applique particulièrement à ces jours-ci :

“Il faut être juste avant d’être généreux, comme on a des chemises avant d’avoir (d’y mettre) des dentelles”.

Pourquoi me direz-vous ? Et bien, parce que ce mardi, 19 avril 2011, j’ai appris que les salaires des fonctionnaires étaient gelés une année de plus alors que :

– tous les prix augmentent : eau, gaz, électricité (prévoyez encore + 2,9% au 1 juillet), essence, fuel, pain, ticket de métro de bus, de train, d’avion, téléphone, farine, lait, etc ;

– les honoraires médicaux augmentent, les remboursements des frais médicaux, médicaments diminuent ;

– le pouvoir d’achat rétrécit comme une peau de chagrin ;

– le prix de l’immobilier est exorbitant ;

– les impôts locaux explosent ;

– les ménages français tirent de plus en plus le diable par la queue ;

et

– le Président, les ministres, les parlementaires, en particulier ceux du Parlement Européen, s’augmentent sans remords ; selon le Progrès du 9 mars 2011, une augmentation de 1 500€ mensuels pour l’enveloppe de leurs frais d’assistants, enveloppe qui était de 19 709€ par mois en plus de leurs indemnités de 7 956€ ;

– les frais accessoires de nos représentants sont des frais somptuaires : véhicule, logement, avions, taxis, pressing, cigares… sans compter les réceptions diverses  ;

– réunis à Bruxelles, les Ministres des Affaires Etrangères Européens ont débloqué 180 millions d’euros pour la Côte d’Ivoire ;

– notre Président, par la voix de sa Ministre des Finances, Christine Lagarde, a annoncé que  la France octroyait une aide financière exceptionnelle de 400 millions d’euros pour les dépenses d’urgence et la relance de l’économie à la Côte d’Ivoire ; 400 millions d’euros pour l’économie ivoirienne alors qu’entre 2002 et 2008, selon un rapport KPMG (cabinet d’audit international) 615 millions d’€ ont été détournés par le clan Gbagbo sur le commerce du cacao.

Questions :

1 – Quid des 6 milliards d’euros planqués par la famille Gbagbo ? Ne pourrait-on pas geler ces fonds détournés sur le peuple ? Et les 9 milliards des Ben Ali ? Ne pourraient-ils être restitués au peuple tunisien ? Et Moubarak : 50 milliards d’euros ? Et Khadafi : 72 milliards ! Pourquoi devons-nous rembourser, nous, les contribuables, les détournements de tous les corrompus de la planète ?

2 – Quelle aide d’urgence pour la relance de l’économie française ?

3 – Quelle aide d’urgence pour les Français sans emploi, sans logement et qui restent dignes ?

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Il faut être juste avant d’être généreux… surtout quand c’est avec l’argent d’autrui, l’argent de ceux qu’on lèse.

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Comment peut naître une tradition

Le billet du jour arrive un peu plus tard que d’habitude. J’ai des excuses, hier j’étais patraque après une anesthésie générale. Dodo tôt ; écriture au réveil et non avant d’aller dormir. Que vous raconter ce matin ?

Je n’ai pas envie de parler de tout ce qui va mal : du nouveau tremblement de terre au Japon, de Laurent Bagbo qui s’accroche à son fauteuil de président, de la Libye et de son dictateur inamovible ou presque, des USA qui sont au bord de la faillite, de Borloo qui se voit président : seul intérêt s’il est candidat, la marionnette est prête et les rimes sont faciles. Ah les rimes en  en O ! On a sans chercher : poivrot, clodo… château, gâteau, métro, boulot, dodo…

Parlons d’autre chose. Samedi et dimanche dernier, au village de l’Eperon dans les hauts de Saint Gilles à la Réunion, une animation (peu fréquentée, dommage !) sur les énergies renouvelables, l’environnement. Il y avait, comme toujours, les « marchands du temple» et des possibilités de rencontres intéressantes. Je reviendrai une fois prochaine sur ceux qui gèrent au mieux les déchets de nos villes ; certains sont motivés, lucides, ce qui diffère de tous ceux qui sont sclérosés, ne veulent rien entendre et surtout rien changer (on se demande bien ce qu’ils font aux postes qu’ils occupent).

Un jeune homme, de l’âge de ma fille aînée, me montra la photo d’une de ses sculptures : “la Fanny”, me dit-il. C’était une  statue stylisée qui me faisait penser à une sirène. J’aurais dû lui demander de m’envoyer cette photo pour vous la montrer, je n’y ai pas pensé. Les réflexes chez les « vieux » se ralentissent. Et me voilà de retour en arrière, loin dans le temps et dans l’espace… la Fanny, les terrains de boules, les vacances dans le Midi… Pagnol, le pastis, l’anisette, le thym, la lavande, quel bouillonnement dans la tête !

Fanny, ah Fanny ! Dans tous les championnats, les gagnants sont récompensés mais le perdant peut connaître aussi les honneurs. Le Tournoi des Cinq Nations (Angleterre, Ecosse, Pays de Galles, Irlande et France) rapporte à l’équipe qui a perdu tous ses matchs la Cuillère de Bois. La cuillère en bois, c’est l’inverse du grand Chelem. Et bien la Fanny, c’est la cuillère de bois des boulistes.

Embrasser Fanny n’est pas vraiment une récompense, enfin, ça dépend de la Fanny  (si elle est « gironde », ça console bien !) et de l’époque.

« Baiser Fanny » (baiser ou embrasser, c’est pareil ; ne déformez pas mes propos, vous aux esprits licencieux), baiser Fanny c’est perdre une partie sans avoir marqué un seul point. Cette tradition serait originaire du Dauphiné ! Voilà qui est surprenant, non ? Les Dauphinois (j’en suis une) ne sont pas des gens foncièrement rigolards. Il seraient plutôt coincés, renfrognés. La Fanny originelle aurait été serveuse au café du Grand-Lemps (commune située dans le département de l’Isère dans la région Rhône-Alpes et dont les habitants sont appelés LEMPSIQUOIS), juste avant la Première Guerre Mondiale. La légende raconte que, par gentillesse, Fanny (qui était peut-être une émigrée, du Sud : Manosque, Marseille, … allez savoir) se laissait embrasser par les clients qui venaient de perdre aux boules sans marquer le moindre petit point. La bise se faisait alors sur la joue jusqu’au jour où, toujours selon la légende, le maire du village perdit à son tour et vint quémander sa récompense. Fanny avait-elle un grief contre lui  ? Voulait-elle l’humilier en public pour assouvir une vengeance ? Nul ne le sait mais ce qui est sûr, c’est qu’elle grimpa sur une chaise, releva ses jupes et lui tendit au lieu de ses joues… ses fesses! Le maire ne se démonta pas et deux baisers sonores retentirent dans le café. C’était le début d’une tradition.

Malheureusement les joueurs n’ont pas toujours une Fanny (ou  même une portant un autre prénom) sous la main (qui accepte de dévoiler ses fesses en public et/ou  dont les fesses sont plaisantes à regarder), c’est pourquoi, dans tous les lieux où l’on joue aux boules, une place d’honneur est réservée à un ersatz de Fanny : tableau, photo, poterie ou sculpture. Les perdants sont donc contraints de venir embrasser en public des fesses moins réconfortantes que celles de la Fanny dauphinoise des origines. La récompense des débuts est devenue l’humiliation suprême du joueur de boules. Comme tout perdant doit y aller de sa tournée, ça se termine au bar. A la belote, c’est la même chose, l’expression ” être capot ” signifie ne pas avoir marqué un seul point, alors on paie un coup. Les boules et la belote se rejoignent au bistrot. C’est ça la France !

A Marseille, j’ai entendu « Qui d’un capot commence vers le comptoir s’élance. » Je me demandais pourquoi. Un constat amiable d’accident rédigé au bistrot ? Mais non, voilà une véritable explication : la belote !

Mars 2012 : j’ajoute un lien vers ce site http://www.museedelaboule.com/fanny.htm.

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