Le pont de l’Alma, dans sa version actuelle est un pont métallique récent, il date des années 1970. La première version avait été inaugurée par Napoléon III, qui l’avait baptisée du nom de sa victoire de Crimée. Ce pont relie le 7e arrondissement, sur la rive gauche, aux 8e et 16e arrondissements, sur la rive droite. Il est situé entre le quai Branly (rive gauche) et l’avenue de New-York (rive droite).
Il avait été construit, la première fois, en pierre entre 1854 et 1856 dans le cadre des grands travaux du baron Haussmann. Du fait de son étroitesse et d’un tassement, il a été reconstruit entre 1970 et 1974 ; le pont actuel n’a conservé qu’une des quatre statues ornant son prédécesseur : le Zouave (mais pas du même côté).
Il y avait, au début, sur la seule pile reposant dans l’eau, côté amont, la statue d’un zouave en pied érigée en 1856, qui servait d’instrument populaire de mesure des crues de la Seine.
Lorsque le niveau de la Seine atteint les pieds de ce Zouave, les voies sur berges sont en général fermées. Lorsque l’eau monte jusqu’aux cuisses du Zouave, la Seine n’est plus navigable et les riverains commencent à protéger leurs meubles.
Lors de la crue historique de 1910, l’eau est montée jusqu’aux épaules du zouave.
Le zouave est aujourd’hui placé plus haut qu’à l’origine, et à repère égal, les crues qu’il signale sont plus graves. Pourtant, il a eu les pieds dans l’eau en 2003 et en décembre 2010.
L’administration parisienne mesure le niveau des crues au pont de la Tournelle aujourd’hui, mais qui oserait dire que le zouave n’a plus d’intérêt ?
Revenons à l’histoire de ce pont.
Il fut inauguré par Napoléon III, le 2 avril 1856 alors qu’initialement son inauguration était prévue pour l’exposition de 1855… Ah les délais ! Les impondérables, comme dit mon mari. Je rétorque que, bien souvent, il ne s’agit que de respect de la parole donnée. A croire qu’il y a déjà longtemps que cette politesse a été oubliée et que c’est la faute de : (au choix) les ordinateurs, les transporteurs, les grèves, le mauvais temps…
La carte postale ci-contre, le pont de l’Alma durant les inondations de 1910, vient du blog de l’ « Association des cartophiles : Viroflay au fil du temps par l’image. »
Le pont du XIX° siècle avait des piles décorées par quatre statues : un zouave, un grenadier, un chasseur à pied et un artilleur représentant quatre régiments ayant valeureusement combattu lors de la guerre de Crimée. Le pont du XX° siècle ne porte plus que le zouave. Que sont devenus ses comparses ? Le Chasseur à pied est visible, près de Paris, depuis l’autoroute A4 contre le mur sud de la redoute de Gravelle dans le bois de Vincennes ; le Grenadier est à Dijon, ville natale de son sculpteur, au bord du lac Kir, et l’Artilleur a été offert et transféré à La Fère (dans le département de l’Aisne), cité chère aux artilleurs, où était implanté, jusqu’en 1993, le 41e régiment d’artillerie de marine.
En 1970, compte tenu des exigences de la navigation, un pont poutre métallique, dissymétrique est choisi, ce qui donne un caractère unique à ce pont auquel nul autre ne ressemble dans Paris. La première moitié du pont amont achevée au cours du mois de juin 1972 est ouverte à la circulation tandis que la démolition de l’ancien ouvrage dont on a déposé les statues se poursuit jusqu’à fin novembre de la même année. L’exécution de la partie aval étant achevée, l’inauguration se déroule en juin 1974.
L’ouvrage d’art, aux lignes modernes et épurées, avec ses réverbères ovoïdes, ses rambardes transparentes, dans l’esprit des années 60 devrait plaire mais, « vox populi, vox dei », le peuple parisien réclame son zouave. En août 1973, celui-ci, restauré par le sculpteur Brunet, est mis en place sur l’avant-bec de la pile, côté amont, plus haut qu’avant ce qui lui fait perdre sa situation de repère et d’échelle des crues. Mais il est en poste sur son pont. Est-il content Octave ?
Serge Reggiani, Le zouave du Pont de l’Alma
Je m’appelle Octave
Et je fais le zouave
Sur le pont de l’Alma
Où quelquefois
Comme autrefois
J’en bave
Mais plus qu’en Afrique
Aux temps héroïques
Quand sous la chéchia
Garance. J’a-
Vais mission historique
D’éduquer les peuples
Sauvages et aveugles
De guider sur des
Torrents d’idées
Le grand troupeau qui beugle
Que j’ai de la peine
Toute la semaine
Moi qui aimait tant
Voir couler l’sang
De voir couler la Seine !
On nous redoutait comme le feu, comme la peste
De Sébastopol à Magenta à Palestro
Comme Mac-Mahon je suis parti :
« J’y suis, j’y reste ! »
Pour en arriver final’ment à :
« Que d’eau, que d’eau ! »
Au printemps le fleuve
Me met à l’épreuve
Comme si les frimas
N’suffisaient pas
Il faut encore qu’il pleuve
Et il monte monte
Ce lent mastodonte
J’affrontais le front
C’est un affront
A présent que j’affronte
Car j’ai de la flotte
Jusqu’à la culotte
Jusqu’au gros colon
Jusqu’aux galons
Parfois jusqu’à la glotte
Moi qu’on put connaître
Zouave et fier de l’être
Il y a des moments
Maintenant où j’en
Ai par-dessus la tête
On nous redoutait comme le feu, comme la peste
De Sébastopol à Magenta à Palestro
Comme Mac-Mahon je suis parti :
« J’y suis, j’y reste ! »
Pour en arriver final’ment à :
« Que d’eau, que d’eau ! »
Je m’appelle Octave
Et je fais le zouave
Sur ce pont damné
Où chaque année
Je sens qu’mon cas s’aggrave
Dans mes jambes ça bouge
J’ai des fourmis rouges
Un jour j’vais m’tirer
Faire une virée
Je vais prendre un bateau mouche
Direction le septième
Régiment que j’aime
Encore des beaux jours
Pour les Tambours
Et pour les chrysanthèmes
Paraît qu’y a une chouette
Guéguerre qui vous guette
Ça sent le crime
Et les vieux d’Crimée
Ne seraient pas de la fête
Ce n’est pas la chanson de Reggiani qui a fait connaître le pont mais un événement plus tragique : la mort de Lady Di. Le pont de l’Alma est connu maintenant dans le monde entier et surtout chez les anglo-saxons, car il est situé à proximité du tunnel où la princesse de Galles (Lady Diana, dite Lady Di) a trouvé la mort en août 1997.
Au surplomb de ce tunnel, se dresse la Flamme de la Liberté, réplique grandeur réelle de la flamme de la Statue de la Liberté. Cette sculpture, offerte par le journal International Herald Tribune en 1987, commémore l’amitié franco-américaine et remercie la France pour la restauration de la statue de la Liberté. Elle a été détournée de sa fonction initiale et est devenue spontanément un lieu de recueillement pour les admirateurs de la Princesse défunte alors que le monument officiel commémorant le décès de la princesse est, en fait, dans un jardin du quartier du Marais : le clos des Blancs-Manteaux, un espace dédié à l’apprentissage du jardinage et des gestes écologistes aux enfants.
Mais puisque nous sommes en France et que tout finit en chanson, voici Jacqueline Maillan dans une chanson réaliste « le zouave du pont de l’Alma ». Cliquez sur la photo de Jacqueline pour écouter.
La chanson fait référence à l’expression « la main de ma soeur dans la culotte d’un zouave ». Mais qu’est-ce que ça veut dire ? D’où vient cette expression désuète ?
Il n’y a plus de zouaves depuis les années 1960, ça complique encore les choses. Alors, avez-vous une explication ?
Je cherche et je me dis que les zouaves n’étaient pas en métropole (régiments d’Afrique). On rencontrait peu de zouaves, il y avait donc peu de chance que ma soeur en rencontre un et lui mette la main dans la culotte. En conclusion, est-ce que la main de ma soeur dans la culotte d’un zouave signifie « impossible » ou « très rare » ?
Vous pouvez-vous des questions inutiles souvent, vous ?
Mais si vous avez une explication…
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