« La guerre des pauvres » d’Éric Vuillard, le tout dernier ouvrage de cet auteur, paru chez Actes Sud, est un petit livre de soixante-huit pages qui nous raconte une histoire qui se passe en 1525. L’écrivain conte cette révolte des pauvres, un épisode qui ne fut ni le premier et qui ne sera pas le dernier de cette lutte des plus humbles, des démunis, face aux nantis, aux puissants de ce monde.
La « Guerre des pauvres » est un livre que je n’ai pas encore lu mais dont j’ai entendu parler, et que je vais me procurer dès que possible.
L’histoire débute par une pendaison, celle du père de Thomas Müntzer qui n’oubliera jamais cet horrible moment. Né en 1489 en Allemagne du Sud, Thomas Müntzer devient pasteur à trente-et-un ans, en 1520 ; en 1521, il écrit le «Manifeste de Prague», un ouvrage destiné à tous ceux qui, habitués à courber l’échine, ne voient plus le ciel et son Créateur. Ce discours révolutionnaire conduit au soulèvement de l’été 1524, d’abord dans le sud de l’Allemagne, puis l’insurrection s’étend, gagne la Suisse et l’Alsace. Les paysans, les plus humbles se battent mais sont défaits à Frankenhauser le 15 mai 1525. Les représailles des puissants sont terribles. Capturé, Müntzer est emprisonné, torturé, enfin il est décapité le 27 mai 1525.
Il s’agit donc du récit d’une histoire vraie en même temps que de la biographie d’un homme dont la vie, pleine de rêves et de drames, mérite d’être racontée.
Impossible de ne pas voir dans la «Guerre des pauvres» un lien, comme un modèle de ce que nous vivons aujourd’hui, une guerre économique et sociale contre la domination et l’accaparement par quelques-uns de la richesse. Ce livre est le récit d’un ras-le-bol, d’une conviction, d’une radicalisation et d’une marche… à l’abîme, une révolte qui avait fasciné en son temps Friedrich Engels, qui en avait fait l’objet d’étude de sa «Guerre des paysans en Allemagne» (1850), deux ans après la publication du «Manifeste du parti communiste» rédigé avec Karl Max. « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » disaient ces deux-là, phrase bien plus connue que «Vous n’avez rien à perdre, à part vos chaînes.» Quand nous aurons compris ce qu’est vraiment la liberté…
Les exaspérés sont ainsi, ils jaillissent un beau jour de la tête des peuples comme les fantômes sortent des murs.
Éric Vuillard
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