Marcher sur la tête, c’est agir de façon irraisonnée, à l’inverse du bon sens, c’est ni plus ni moins être fou, or c’est ce qui se passe de plus en plus souvent en France : nous marchons sur la tête. (Est-ce que quelqu’un sait d’où vient cette expression ?)
À l’heure où le « made in France » devrait être à l’honneur voire même protégé, le village de Laguiole (prononcez « Layol » ; Aveyron, 12) se retrouve dans l’interdiction de mettre son nom « Laguiole » sur ses couteaux.
Depuis plusieurs années, la commune doit faire face à une concurrence déloyale. Un particulier du Val-de-Marne, Gilbert Szajner, a déposé en 1993 la « marque » Laguiole afin de tirer profit de la renommée du village en matière de coutellerie. Afin de limiter les coûts de production et surtout d’augmenter ses profits, le dépositaire de la marque n’a pas hésité à importer des copies du célèbre couteau caractérisé par l’abeille apposée sur son manche ; ces imitations viennent d’Asie, du Pakistan plus précisément. La marque « Laguiole » est alors exploitée à outrance sous forme de licences accordées à des entreprises françaises et étrangères qui n’ont aucun lien avec la commune et le marché est inondé de produits bas de gamme affichant la marque « Laguiole » du couteau au stylo, au linge de maison en passant par les barbecues… Pour résumer : la marque ainsi déposée devient une manne pour Monsieur Szajner, manne qu’il entend bien conserver…
La commune en a appelé à la justice mais les décisions de ladite justice donnent maintenant tort au village.
En 1997, la justice avait condamné Gilbert Szajner pour contrefaçon mais la cour d’appel a infirmé cette décision en 1999, avançant que le terme « Laguiole » était devenu « générique » pour désigner un couteau de forme particulière.
Le village avait engagé une procédure plus large portant sur son nom. Cette situation a conduit ses 1 300 habitants à mener des actions symboliques (ils avaient débaptisé le bourg en 2012).
En 2013, les couteliers locaux ont obtenu l’autorisation d’apposer une « IGP » (Indication Géographique Protégée) sur leurs produits afin que le consommateur puisse choisir entre l’authentique et la contrefaçon. Jusque-là, les IGP étaient réservées aux produits alimentaires comme le vin ou le fromage. Or, les décrets d’applications n’ont pas encore été publiés et les artisans ont alors pu constater que des stands vendant des couteaux « made in Pakistan » (imitant de surcroît le design original) étaient présents au salon de l’Agriculture.
Le 4 avril 2014, la justice vient de donner une nouvelle fois raison à l’homme d’affaires. Elle n’a pas reconnu la « spoliation » ni « l’atteinte à son nom, à son image et à sa renommée« . La cour d’appel précise que la commune « ne démontre pas » que l’usage du nom porte atteinte aux intérêts publics et privés de ses administrés et ajoute que cela relève du code de la propriété intellectuelle dont Gilbert Szajner a su tirer profit. Le village a été condamné à verser 100 000 euros de frais de justice à l’homme d’affaires.
Maintenant le malin peut tranquillement continuer à accorder des licences à n’importe quelle entreprise souhaitant commercialiser des produits sous le nom « Laguiole ». Le village quant à lui, n’a plus le droit de commercialiser des couteaux qui portent son nom. L’homme d’affaire a même interdit aux artisans d’utiliser un autre logo.
Il reste un recours ultime au président de la République. François Hollande entendra-t-il nos concitoyens ?
Un courrier a été envoyé à François Hollande (l’AFP a eu une copie) ; le maire Vincent Alazard prévient : « nous souhaitons nous rendre à la capitale afin de vous demander audience et vous remettre la plaque de notre commune dont nous sommes dessaisis ».
(La Forge de Laguiole, principal employeur du village, compte quelques 110 salariés.110 chômeurs potentiels en plus ? Les Français pensent de plus en plus que la démocratie ne permet pas de maintenir l’ordre et que a justice impartiale est malheureusement un mythe.)
Allez François… Monsieur le Président, il faut être normal, plein de bon sens et faire cesser cette histoire folle. Tout ça ne tient pas debout. Rendez justice au peuple, à tous nos concitoyens !
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