«Le Monde» du 25 janvier 2013 rappelle que «87 % des Français répondent « oui » quand on leur demande si le pays a besoin d’un vrai chef pour remettre de l’ordre». Ça ne me rassure pas vraiment. Qui pourrait être ce chef ? Il y a des risques de dérives. Heureusement, nous sommes dans un pays démocratique et une personnalité avec un discours radical ne pourra pas obtenir le pouvoir. Enfin, j’espère. Qui serait ce vrai chef, cet homme providentiel ?
Je ne crois pas qu’il existe. Il ne faut pas rêver, attendre un hypothétique messie. Il faut essayer de se faire entendre par les élus et écouter enfin le bon sens commun. Il faut cesser de croire à des paroles dictées par un parti et simplement représentatives d’une idéologie pas ou peu réalistes. Tout n’est jamais noir ou blanc pur, il y a des nuances. Si vous aimez Coluche (qui fut largement critiqué à une époque), vous devriez vous souvenir que c’est notre regretté (aujourd’hui) Coluche (entre autres) qui a dit : «La dictature, c’est « ferme ta gueule ». La démocratie, c’est « Cause toujours ».»
L’homme providentiel représente sans doute la nostalgie d’un pouvoir fort mais il est fragile. Il dure le temps d’une crise : il vient combler un vide, il traduit la rencontre entre le désir collectif d’un peuple et la prophétie d’un sauveur. Il lui faut ensuite passer de l’état de grâce qui suit la prise du pouvoir, au culte de sa personnalité qui permet d’entretenir le mythe. En choisissant Sarkozy en 2007, en raison de son énergie et de son « volontarisme », les Français ont rêvé ; cinq ans plus tard, il l’ont renié pour n’avoir pas résolu les problèmes engendrés par la crise, notamment le chômage. Le peuple a choisi ensuite Hollande en rêvant encore.
Pourtant François Hollande se situe à l’opposé de l’homme providentiel en se posant comme le « président de la normalité ». Ceux qui l’ont élu croyaient qu’il allait sauver le pays, tranquillement. Il faut se souvenir qu’il avait parlé de « redressement » et de « réenchanter le rêve français« . Il(s) se rend(ent) compte enfin (j’espère) que ce n’est pas possible, la crise est mondiale. Donc le rêve de la retraite à 60 ans alors que l’espérance de vie s’accroît…. ha ha ! Hollande va bien allonger les cotisations. Impossible de faire autrement. Ceux qui se sentent floués avaient cru aux belles paroles mais les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, on le sait bien, non ?
« Moi, président de la République », c’était un catalogue de tout ce qu’un chef de l’Etat ne doit pas être : un portrait par la négative. Pour le moment et pour moi, M. Hollande n’est pas crédible, personne ne sait vraiment où il va et où il emmène le pays : la grande réforme fiscale est ajournée, les effets de son pacte de compétitivité se font attendre, il ne tient pas sa promesse de réduction des dépenses de l’Etat, il refuse de fiscaliser les allocations familiales préférant supprimer celles des riches qui gagnent plus de 4 400 € par mois. (Sur Paris par exemple, c’est impensable de dire qu’avec 4 400 € on est dans une situation de richesse.)
Et pourquoi pas de prélèvements fiscaux sur des allocations de 4 400€ mensuels ou plus? Il s’agit là d’un revenu qui doit contribuer à l’éducation des enfants tout comme les salaires. Savez-vous que 120 000 enfants sont placés en familles d’accueil ou en institutions en France et que le plus souvent, lors des placements, les juges maintiennent les allocations qui sont versées aux familles d’origine des enfants ? Les enfants sont à plaindre mais pourquoi payer des parents irresponsables ? Et pourquoi ne pas plafonner le nombre d’enfants à trois ou quatre ? Pourquoi sous prétexte de précarité doit-on donner tout à certains et rien aux autres ? Je voudrais simplement que tous nos élus soient honnêtes et réalistes. Pourquoi font-ils certains choix sinon par pure démagogie ?
Quant au chômage, pourquoi toujours parler des jeunes sans formation, sortis du système scolaire, etc… pourquoi ne dit-on rien de ces jeunes diplômés voire surdiplômés qui n’arrivent pas à obtenir un premier emploi et qui finissent par accepter un salaire à peine supérieur au SMIC voire même inférieur dans la fonction publique ? Je parle en connaissance de cause ayant vu mes enfants et mes gendres vivre une longue période de chômage sans indemnité, sans espoir et sans aucun soutien, sans aucune aide hormis celle de leur famille.
Mais je reviens à ce mythe de l’homme providentiel. Aujourd’hui, ce héros ne serait qu’un « feu de paille » ; la réputation d’une personnalité peut changer très vite, être salie, détruite ou oubliée. Souvenez-vous de DSK ou, plus loin, du Maréchal Pétain, héros de Verdun qui disait « Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.» et qui, après la guerre, fut jugé pour intelligence avec l’ennemi et haute trahison, puis frappé d’indignité nationale et condamné à la peine de mort, etc. Les Français ont la mémoire courte, ils sont versatiles, plus très sages et de moins en moins courageux. Partis comme nous sommes, nous disparaissons petit à petit du monde des Grands.
Comme disaient déjà les Romains de l’Antiquité, « la Roche Tarpéienne est proche du Capitole ».
Ceux qui connaissent Romulus et Remus savent que Rome a été bâtie sur sept collines. C’est sur la plus petite d’entre elles, le Capitole, qu’a été construit un temple consacré à Jupiter, Junon et Minerve, symbole de puissance et d’honneur. Suite à une grande victoire, un général pouvait obtenir la récompense suprême et être autorisé par le Sénat, au cours d’une grande cérémonie, à mener son char du Champ de Mars jusqu’au temple de Jupiter, au sommet du Capitole. Cependant, c’est sur un autre versant de cette même colline, donc à faible distance, que se trouvait la Roche Tarpéienne, lieu d’où les condamnés à mort étaient précipités dans le vide.
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