La petite goutte

Une goutte, c’est, comme tout le monde le sait, une très petite quantité d’un liquide qui se détache avec une forme sphérique et qui donne à certains artistes photographes la possibilité de nous offrir de magnifiques clichés.

Photo empruntée à une autre Françoise (blog de telos)

Une goutte, c’est aussi au figuré une très petite quantité de liquide (à boire par exemple : une goutte de lait pour le petit chat) mais c’est aussi familièrement l’équivalent de presque rien (une goutte d’eau dans la mer) et, au moins chez moi en Dauphiné, de l’eau de vie, «Vous prendrez bien une petite goutte, ça vous réchauffera par ce temps ? »

Je passe sur les autres gouttes d’architecture, bijouterie, pharmacologie ou médecine, ça me prendrait bien trop de temps mais je vous rappelle cette expression «la petite goutte qui fait déborder le vase». Cette petite goutte-là, c’est ce petit détail supplémentaire qui rend une situation intolérable ou insupportable et qui provoque parfois une réaction violente.

L’expression apparaît sous cette forme, chez Stendhal (un Grenoblois), au début du XIXe siècle, mais Madame de Sévigné, au XVIIe, utilisait une variante de sens équivalent, c’était un verre au lieu d’un vase (elle était sans doute moins patiente).

L’expression fait le parallèle entre la tension qui monte (le vase qui se remplit) et l’explosion qui suit (le vase qui déborde dès que la petite goutte de trop y a été versée). Cette expression est l’ancêtre de notre actuel « En avoir ras le bol » qui signifie que la coupe est pleine. Attention à ce qui va suivre l’ultime goutte.

Aujourd’hui, j’ai envie de vous faire savoir ce qui m’exaspère au plus haut point.

Je pourrais parler de la Poste, de La Redoute ou d’un concessionnaire automobile, d’un hôpital ou d’un laboratoire d’analyses, de médecin, de coiffeur, de restaurateur, de vendeur, d’hôtelier, de l’administration, d’artisan ou de tant de gens qui se moquent ouvertement de vous, de moi, d’un autre, de tous… forts qu’ils sont de notre impuissance face à eux. Il leur suffit de « faire le mort » ou « la sourde oreille » et d’espérer que nous nous lasserons, que nous arrêterons de nous plaindre ou de vouloir nous faire entendre. Je le sais, j’ai baissé les bras tant de fois parce que la vie quotidienne est là et qu’il faut bien avancer. J’ai laissé tomber souvent parce que je travaillais, que j’avais trois enfants, une maison à tenir, et que l’urgence était de faire tout tourner rond. Alors si la Sécurité Sociale omettait un remboursement, si l’hypermarché avait fait payer plus cher que le prix affiché en rayon, si le T-shirt acheté récemment était décousu, je laissais passer et la coupe s’est emplie, emplie, remplie. Aujourd’hui j’ai le temps de regarder déborder et j’ai bien l’intention de me défendre et de faire savoir ce qui me dérange.

Puisqu’il faut bien commencer par quelque chose, aujourd’hui je vais vous parler d’un plombier.

Souvent les artisans se plaignent d’impayés. Je comprends qu’ils soient quelquefois méfiants et demandent des acomptes ou des arrhes mais parle-t-on et aide-t-on les clients victimes d’artisans peu scrupuleux ?

J’ai retenu de la loi que toutes les opérations effectuées par une entreprise pour un tiers (travaux, vente de matériaux, etc.) doivent obligatoirement faire l’objet d’une facture. Ce document comporte des mentions légales qui doivent apparaître dans tous les cas. Je passe sur les détails mais une facture doit être fournie au client qui a payé.

J’ai fait effectuer des travaux dans ma maison par des artisans qui ont fait le travail et m’ont envoyé leur facture après leur intervention ; je dois avoir une bonne tête car les derniers ont fait un devis et n’ont pas demandé d’acompte. Je me suis empressée de les payer à réception de leur facture. Par contre, le premier plombier que j’ai appelé quand je me suis installée, a fait le travail, m’a demandé de le payer sur le champ, me disant qu’il enverrait sa facture ensuite. Il m’a annoncé un montant avec facture et un autre sans facture. J’ai accepté de payer le plus élevé pour avoir une facture. J’ai donc rédigé un chèque le jour même de l’intervention et depuis six mois, j’attends. Il n’a jamais répondu aux messages que j’ai laissés sur son téléphone.

Que faire alors ?` Ce n’est pas une grosse facture, mais le principe me révolte.

J’avoue avoir une très grande envie de le dénoncer à la DGCCRF. Même si la délation me rebute, je trouve anormal que certains fraudent le fisc, se moquent du monde sans vergogne, alors que travailleurs, salariés et retraités ne peuvent pas cacher un seul centime de leurs revenus sur lesquels ils sont taxés de plus en plus largement..

Alors que feriez-vous, vous ?

Demain je vous raconterai comment Air Mauritius se moque de ses clients, des passagers comme vous et moi.