J’ai évoqué le nombre de suicides en France dans un précédent billet. Le chiffre est effrayant : trois fois plus de morts que dans les accidents de la route et on en parle beaucoup moins. Je mentionnais d’autres morts accidentelles inexcusables et «oubliées», passées sous silence. J’y reviens.
Dans un numéro de Libération, le 29 juillet 2012, un titre effarant : » 42 000 décès par an par pollution, en France « . En 2011, France Nature Environnement annonçait 40 000 morts. En 2012, Futura-sciences, 16 500. Toujours de gros chiffres même s’ils sont très différents. D’où viennent-ils ? Qui ment ?
L’Institut de Veille Sanitaire (INVS) publie un rapport duquel il ressort que les valeurs de particules fines et d’ozone sont supérieures à celles recommandées par l’OMS. «Ainsi, pendant la période 2004-2006, en France, le niveau moyen de particules fines variait de 14 à 20 µg/m3 selon la ville (valeur guide de l’OMS : 10 µg/m3) et la valeur-guide journalière de l’ozone (maximum sur 8 heures : 100 µg/m3) avait été dépassée de 81 à 307 fois pendant trois années». Il serait temps de réagir vraiment et d’arriver à respecter cette norme. Il faut penser à l’avenir de nos enfants.
Je ne reviens pas sur les seize mille morts (16 000) de la canicule en France, durant l’été 2003, ils ont bien fait parler d’eux, ainsi que de l’isolement, de la solitude, de l’indifférence… après le drame.
Seize mille morts, c’est très proche du nombre de tués sur les routes en 1970.
Je ne parlerai pas davantage des morts causées par les poisons chimiques et les pesticides contenus dans l’alimentation ou dans l’eau. A la Réunion, nous avons été particulièrement gâtés au moment du chikungunya en recevant sur la figure les stocks de Fenitrothion difficiles et coûteux à détruire. Lisez là ce que j’avais écrit. : « un scandale à dénoncer ». Ça n’a, pour le moment, servi à rien de le dire et de l’écrire, mais qui sait ?
Le gouvernement ne se préoccupe pas non plus des centaines de milliers de victimes de l’industrie médicale et pharmaceutique, à cause des effets secondaires des médicaments ou de la surmédication.
Et que fait-il contre les infections nosocomiales contractées par 7% à 12% des personnes soignées à l’hôpital, 22% des personnes soignées dans les services de réanimation ? Les infections nosocomiales en France c’est 450 000 infections par an, dont 10 000 décès ; d’autres articles parlent 35 000 décès annuels en France, quatrième cause de mortalité en France, loin devant les accidents de la route. Ceci dit, combien d’infections nosocomiales ne sont pas déclarées ni prises en compte. Je sais, je l’ai vécu et ce fut « débrouillez-vous, prouvez-le, payez vos soins ». Comme on préfère lutter contre la maladie que contre l’administration, on laisse tomber. C’est ce que j’ai fait et je suis une Française normale. Enfin, je crois…
En ce qui concerne les médicaments, le député Roland Muzeau indique : « On estime dans notre pays à 150 000 le nombre d’hospitalisations annuelles liées à des accidents médicamenteux et de 13 à 18 000 le nombre de morts provoquées par des médicaments ».
La sénatrice Anne-Marie Payet, de la Réunion, a voulu savoir si l’Office national d´indemnisation des accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales (Oniam) disposait de statistiques relatives à la survenance d´accidents médicamenteux en France. Elle a rappelé que « les chiffres les plus couramment avancés font état de 140 000 hospitalisations provoquées par des accidents médicamenteux et 13 000 décès avérés, sans compter les accidents bénins qui ne font pas l´objet d´une déclaration systématique ».
La consultation de différentes sources fait apparaître des chiffres compris entre 13 000 et « 34 000 voire plus ».
3 959 morts sur la route en 2011… 34 000 en se soignant, c’est presque dix fois plus et on n’en parle pas.
Alors total des autres décès par « accidents » de la vie, les suicides : 12 000 morts, la pollution : 40 000, intoxications médicamenteuses : 23 000, infections nosocomiales : 23 000, nous arrivons à 98 000 morts et c’est à la petite louche que j’ai pris les chiffres.
Nous voilà bien loin des 4 000 morts sur la route.
Et « on » fait quoi ?
Il faut parler vrai enfin, cesser de détourner les yeux de la réalité des faits.
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