Connaissez-vous frère Antoine du Rocher ? Je viens de le découvrir. C’est un sage, disent certains, un nonagénaire qui vit à demeure dans une grotte du Var où son quotidien est fait de méditations mais il reste rarement seul car des passants dorment régulièrement dans des cavités voisines (ils doivent être discrets et surtout ne pas faire de feu car dormir dans ce massif protégé est illégal). Vous pouvez en apprendre plus LÀ ou LÀ. Comme beaucoup d’originaux, il est critiqué mais je pense que chacun a le droit de vivre comme bon lui semble s’il ne nuit pas à autrui.
Frère Antoine du Rocher a, parait-il, parcouru le monde avant de venir s’installer dans la montagne où il reçoit quantité de visites. Toujours affable, il raconte des histoires malicieuses et si vous avez su lui plaire, il chantera une chanson de sa composition. Personnellement, je ne l’ai jamais rencontré, c’est ce que j’ai lu.
Frère Antoine du Rocher est considéré par certains comme un hérétique mais lui dit vivre « sans intermédiaire » avec Dieu ; il a passé plus de dix ans dans un monastère mais préfère depuis cinquante ans la « solitude » de ce lieu. Il parle, écrit, dit que les règles de notre société sont celles de la consommation à outrance. Il insiste sur le fait que le bonheur que notre société fait miroiter est fondé sur le pouvoir, l’argent, la réussite sociale, la récompense, l’attachement, la possession.
Nous l’avons compris et nous constatons que nous ne sommes pas heureux. Nous savons que le temps passe, que nous avons vingt ans, puis trente, quarante, cinquante, une bonne situation et que la roue tourne… On se marie, on divorce, on se retrouve veuf ou veuve, on élève des enfants, ils s’en vont… Un jour il fait beau, le lendemain il pleut ; on est en forme puis on tombe malade, comme ça, sans qu’on s’y attende… Et on oublie qu’un Homme est mortel et que nous mourrons un jour. Quand ? Mystère !
Oui, toute la vie ressemble à un jeu : « la roue tourne ». (Même Franck Ribéry le savait, lui qui a prononcé cette célébrissime phrase « La roue tourne va tourner« ). La vie ressemble à un jeu, un jeu de cartes dans lequel la donne change sans cesse, bonne(s) et mauvaise(s) mains se succèdent. C’est bien là le problème. On voudrait que ce qui est acquis, le présent heureux dure mais il n’en est rien, tout passe, tout casse, tout change. On voudrait que l’éphémère soit permanent, c’est impossible.
Vous souvenez-vous de ma photo dans le billet « Éphémère » de 2011 ?

Cet homme peint les trottoirs avec de l’eau et ses mots s’envolent vite au soleil. J’ai aimé ce côté… vain.
On voudrait que l’éphémère soit permanent, c’est impossible. Alors que faire face à cette dure réalité ? Deux attitudes sont possibles : soit refuser de la voir soit l’accepter.
En choisissant la première solution, on se bat sans cesse pour tenter de tout maintenir en l’état mais c’est fatigant, tuant, on est épuisé et souvent malheureux. La deuxième solution fait gagner en légèreté, on comprend ce qu’est le « lâcher prise » et on peut espérer atteindre sinon le bonheur au moins la sérénité.
Il faut comprendre et accepter que la beauté, la jeunesse, la santé, le confort, la richesse ne sont pas éternels comme tant d’autres choses. Tout ce qui est matériel, AVOIR est éphémère, comme la mode et la société de consommation le prouvent.
Pour être heureux dans la durée (pour l’éternité ?), il faut changer de comportement : ne plus penser qu’à soi, qu’à son plaisir immédiat ; il faut développer sa générosité, son empathie, son amour de l’autre, sa compassion et si possible arriver à être d’humeur égale, ne plus avoir peur ou honte de perdre, d’être trompé, déçu, de manquer… Il faut vivre et ÊTRE autrement.
Devenir sage. Savoir se passer des biens matériels superflus.
Laisser un commentaire