Rythmes scolaires

Pas facile de bloguer et de s’occuper en même temps de sa maison, son jardin et de deux petits-enfants de (presque) trois et cinq ans. Un pur bonheur que ces petits mais plus un instant de répit sauf quand ils dorment, comme en ce moment. Le reste de la journée, ils jouent mais on ne peut les laisser seuls trop longtemps, ils ont beaucoup de tonus et d’imagination. Ce sont des enfants bien vivants.

Et dire qu’à l’école, à la prochaine rentrée, ils vont devoir rester assis, sans activité, ni physique ni éducative, à la garderie de l’école entre 15 heures 15 et environ 17 heures puisqu’il n’y a rien de prévu pour les écoles maternelles faute de moyens financiers. Merci  à notre Ministre de l’Éducation Nationale pour cette brillante idée de changement des rythmes scolaires.

Comme c’est devenu de coutume dans notre pays, le gouvernement et les élus d’une manière générale n’écoutent pas les citoyens, leurs administrés. Ils font ce qu’ils ont envie de faire sans se soucier des conséquences.

Dans le cadre de l’Éducation Nationale, tous les records sont battus, chaque nouveau ministre a envie de laisser son nom et une réforme, réforme qui dans ce cas-là est une « grande réforme » de type institutionnelle : une loi.

À côté il y a une multitude de « petites réformes » (celles qui bien souvent ont miné le système et fait baisser le niveau des connaissances de base) : des modifications administratives et pédagogiques (arrêtés, circulaires et notes de service) qui rendent l’ensemble éducatif telle une pétaudière.

Pour ne reprendre que les quarante dernières années de grandes réformes, nous avons eu successivement :

1975 : la réforme Haby ou « le collège pour tous » c’est-à-dire la massification de l’enseignement secondaire. Les filières se sont indifférenciées et les classes hétérogénéisées. L’idée de base n’était pas mauvaise mais la réalité est difficile à gérer car le milieu social d’origine, les ambitions des parents, les moyens humains et financiers du système rendent la tâche impossible.

– 1982 : la réforme Savary, la rénovation du collège unique ou « Pour un collège démocratique » : l’élaboration de projets éducatifs sur la base du volontariat des établissements en a réduit considérablement la portée et a nui à l’unité du système. Adapter les programmes nationaux à la diversité des publics et des situations locales, c’est accentuer les inégalités et non les réduire.

Les successeurs d’Alain Savary, Jean-Pierre Chevènement, Alain Monory puis Lionel Jospin (en plein dans mon époque d’enseignante) ont « travaillé ». Le Che (JP Chevènement) a réfléchi à la vraie mission de l’école, la formation générale, l’apprentissage de la lecture, la sélection des meilleurs ; il a même fait une mise au point sur l’autorité des maîtres, le classement et les récompenses, enfin il a revalorisé l’enseignement et le bac technique mais ce furent surtout de belles paroles : changer les mentalités sans véritables moyens n’est qu’un rêve.

– 1989 : la loi d’orientation sur l’éducation ou loi  Jospin rappelle l’existence d’une « communauté éducative » et la nécessité d’intégrer des élèves handicapés et, le plus beau, conduire 80% d’une classe d’âge au bac (qui s’est transformée en 80% de réussite au bac. Pff ! N’importe quoi. Les bons sentiments n’ont pas toujours les effets et les résultats escomptés.)

Puis il y a eu la suite :

– 1993 : Bayrou et la réforme du collège

– 1997 : Allègre et son célèbre « dégraisser le mammouth » qui abrègera son « règne » était assisté de Ségolène Royal qui lui succèdera.

– 1998 : Mme Royal insiste sur la prise en compte de la diversité des élèves, l’articulation primaire-secondaire avec un dépistage des difficultés des élèves en début de CM2, remise à niveau à l’aide d’heures de soutien, la pluridisciplinarité… Bien mais comment peut-on arriver au collège sans savoir lire et écrire  correctement ?

– 2001 : Lang et le collège républicain. Pourquoi encore et toujours le collège. Avant le collège, qu’est-ce qui va mal ?

Il sera suivi de Luc Ferry qui veut lutter contre l’absentéisme scolaire mais annule le seul moyen de lutter contre lui (la suppression ou la suspension des allocations familiales) considéré comme injuste et inefficace et qui sera confronté  au problème de la laïcité : le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics.

Suivront François Fillon, Gilles de Robien, Xavier Darcos, Luc Chatel, Vincent Peillon, Benoit Hamon, ces deux derniers qui sont responsables cette fameuse et fumeuse réforme des rythmes scolaires pour « coller » à l’Europe.

Loin de prendre en compte les enfants, leur santé, leurs rythmes, etc, cette réforme est le plus grand n’importe quoi que j’ai vu. Dans les écoles de Saint Denis de La Réunion par exemple, les enfants iront bien cinq demi-journées en classe, le mercredi matin de 8 heures  10 heures et seront « lâchés » tous les jours entre 14h45 et 15h 15 maximum faute de moyens à la mairie et de personnel formé.

Quant on connait les difficultés de circulation, les enfants n’iront sans doute jamais en classe le mercredi pour seulement deux heures, en particulier ceux de maternelle.

Les parents qui ne travaillent pas (nombreux) peuvent récupérer leurs enfants à 15 heures à la sortie de l’école mais ceux qui ont un emploi doivent payer la garderie (quand elle existe dans l’école) et/ou en plus une personne pour récupérer les enfants puis les garder.

Je me demande si en haut lieu, on ne veut pas détruire complètement l’école publique.

Trop de fonctionnaires, trop de frais, va-t-on privatiser l’école comme aux États-Unis ? Là-bas, les campagnes des médias décrivent l’école publique comme engluée dans une crise : violence, niveau catastrophique des résultats des élèves, mauvaises performances des enseignants. 

En Europe, en Grande-Bretagne en particulier, l’école privée marche bien. En France, nous sommes attachés au public mais nous sommes le pays le plus gros consommateur de cours particuliers. Pourquoi ?

Il y a un vrai problème, c’est sûr.

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