Les chevilles qui enflent…

Les chevilles qui enflent ou qui gonflent, c’est pareil. Parce que j’ai répondu à sa demande il y a quelques jours, ma Vieille Marmotte m’a remerciée et s’est inquiétée de ma santé : « N’as-tu pas les chevilles qui enflent ? ».  Ben pas en ce moment mais je dois avouer que ça m’est arrivé. Physiquement, oui, des troubles de la circulation sanguine, à la descente d’avion en particulier, mais j’ai bien compris ce qu’elle sous-entendait, après force compliments qu’elle m’avait faits. Pff ! Ah, Marmotte !

« Avoir les chevilles qui enflent » c’est « manquer de modestie ». Très bien, mais quel rapport entre l’orgueil et des chevilles qui enflent ? Je suis sûre que, comme moi, vous vous l’êtes demandé.

Il se trouve que, sous Louis XIV, certains courtisans avaient reçu le privilège d’ajouter à leurs souliers des talons rouges, à la manière des chaussures très élégantes du roi (aujourd’hui la classe, euh, pardon la frime, ce sont les Louboutin à semelles rouges). Pour mieux marquer ce privilège, quelques-uns n’hésitèrent pas à faire élargir leurs chaussures pour que ces hauts talons rouges soient encore plus visibles et du même coup on pouvait imaginer que leurs chevilles étaient enflées. C’est sans doute là que se trouve l’origine de l’expression.

Pourtant,  je crois qu’il faut aussi rappeler que lesdits talons se fixaient à la chaussure avec des chevilles de cuir ou de fer, il serait donc bien possible que ce soit ces «petits morceaux de fer ou de bois rond ou carrés» qui aient pris du volume,  qui aient donc enflé (les chevilles enflées).Une autre explication est possible. Cette expression française se baserait sur un jeu de mots concernant Œdipe dont le nom signifie en grec pied enflé.  En effet, Œdipe, roi de Thèbes serait connu comme étant quelqu’un très sûr de lui, tellement confiant dans ses jugements qu’il ne pouvait même pas envisager s’être trompé. Il voulait toujours et partout être le maître, le premier, être le maître incontestable des énigmes. Souvenez-vous de la Sphinx, c’était un être féminin, à moitié femme, à moitié bête, à quI Œdipe put répondre.

Oui j’ai dit LA sphinx et alors ! ? Le mot grec est féminin, ce qui explique les transcriptions anciennes «Sphinge» ou «Sphynge». Si l’usage français a retenu le masculin pour le nom commun, la désignation de nombreuses statues étrusques utilise la forme féminine mais il y a une confusion, un amalgame avec le sphinx, masculin, des Égyptiens, une statue colossale à tête droite, à face d’homme (androsphinx) ou de bélier (criosphinx) et à corps de lion, en position couchée, les pattes allongées parallèlement, représentant un roi ou une divinité, symbolisant la fécondité, la force protectrice, la sagesse, et qui se trouve généralement placée devant les temples (isolée ou en files).

Deux leçons en une. Na ! Je suis contente. Et mes chevilles ne gonflent pas. C’est le goût du partage, de la transmission des connaissances. On n’est pas prof sans raison.

Commentaires

10 réponses à “Les chevilles qui enflent…”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *