« Il ressemble à l’abeille, laquelle tire son profit de toutes fleurs pour en faire son miel » écrivit Amadis Jamyn au XVIe siècle. Cet ami de Pierre de Ronsard traduisit en vers français des livres de l’Iliade d’Homère. Vous pourrez apprendre plus de détails sur ce poète dans Wikipedia. Est-ce lui qui a créé l’expression « Faire son miel de » ? Peut-être.
Faire son miel de… signifie tirer un profit d’une situation pour gagner davantage financièrement, en général. Cette expression semble dater du XVIe siècle puisqu’on la trouve dans une œuvre littéraire de cette époque ; on comparait l’attitude de certaines personnes à celle des abeilles qui profitent du nectar et du pollen des fleurs pour faire leur miel, alors que les fleurs ne leur appartiennent pas.
Les abeilles sont-elles de viles profiteuses ? Elles exploitent des fleurs dans défense, sans même leur demander aucune autorisation, elles pillent la nature, retirent le nectar et le pollen des fleurs et les ramènent ensuite dare-dare (daredare ou pourquoi pas dard-dard finalement ?) à leur ruche. Une fois de retour, la fabrication du miel commence, je vous passe les détails. Ensuite, c’est l’homme qui joue lâchement les profiteurs en récupérant ce produit que les abeilles ont mis du temps à fabriquer et qui est normalement destiné à leur servir de réserve de nourriture.
En faut-il plus pour expliquer cette métaphore où les fleurs sont remplacées par toutes choses dont on sait extraire un miel ou quelque chose de convoité ou de profitable ? Il ne faut pas voir le profit sous l’aspect uniquement pécuniaire qu’on associe souvent au mot, car il peut tout aussi bien être physique ou intellectuel. C’est une métaphore à rapprocher de « la substantifique moelle » de François Rabelais : le lecteur doit extraire ou comprendre dans le texte qu’il lit, ce qu’il peut découvrir entre les lignes, le sens parfois caché du texte. Par extension, la substantifique moelle est la quintessence des choses, ce qu’elles ont de meilleur. « Lire, en effet, bien lire est avant tout comprendre; puis c’est juger, et s’approprier les pensées d’un auteur; c’est en faire son miel, à la manière de l’abeille, et les déposer, pour les y garder, dans le plus pur de son âme. » (Édouard Charton, Le magasin pittoresque.) Allez voir ce qu’on raconte sur ce monsieur-là.
Est-ce parce que le monde semble courir à sa perte, stress, pollution, inflation, récession… que depuis quelques années, à la campagne comme à la ville, il semblerait que faire son miel soit devenu un loisir de plus en plus à la mode. Paris compterait près de 300 ruches privées, et de nombreuses agglomérations en France en accueillent également.
Pour ma part je constate que si le miel est doux, que le sucre compense des tas de choses, derrière une apparence de bonté, d’honnêteté, certains sont tout sucre, tout miel mais savent aussi lâcher du fiel.
Je ne suis pas aigrie, je garde les yeux ouverts, je prends du recul, c’est tout. D’autres énoncent leur vérité autrement :
« De la même fleur l’abeille extrait du miel et la guêpe du poison. »
Proverbe alsacien
« De la même fleur, l’abeille tire son miel et le serpent son venin. »
Proverbe arménien
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