Langue de…

Je ne suis pas souvent en mal d’inspiration mais de temps en temps je dois relever une sorte de défi que me lance une blogueuse. Aujourd’hui elle propose d’éclaircir deux expressions : langue de vipère et langue de pute, ce qui est sensiblement la même chose.

Je n’ai pas réussi à trouver l’origine de ces deux expressions. Pour l’explication, je vais tenter de faire pour le mieux.

Langue de pute et langue de vipère, deux expressions féminines, vulgaires pour définir une personne médisante, calomniatrice. À croire que seules les femmes se rendent coupables de médisance et de méchanceté. Depuis toujours elles sont les suppôts de Satan ; souvenez-vous d’Ève et du péché originel. À qui la faute ?

La vipère est sans doute plus cruelle que la catin, elle critique et fait des remarques désobligeantes mais les deux accusées aiment faire circuler des rumeurs. Elles ne donnent pas d’indications sur la véracité des faits, elles répètent ce qu’elles ont entendu, cru entendre ou ce qu’elles ont envie de raconter. Les synonymes moins grossiers ne manquent pas : commère, clabaudeuse, mauvaise langue ou sale langue…

Dans ces expressions, la « langue » symbolise la parole, or, qui a déjà entendu parler une vipère ? Mis à part, Harry Potter et les autres maîtres du Virelangue, personne !

Pourquoi la prostituée est-elle accusée de médisance ? Elle exerce le plus vieux métier du monde, elle est, sans doute, d’utilité publique ; elle peut parler vulgairement mais elle n’est pas malveillante (sauf envers la concurrence peut-être et encore…).

Alors pourquoi langue de vipère ou langue de pute ? Je me demande bien quelle est l’origine de ces expressions. Je cherche et je ne vois pas. Qui pourrait proposer une explication satisfaisante ? Vous avez une idée, vous ?

La vipère comme tous les serpents est considéré comme un animal sournois dont le venin est toxique. Une langue de vipère passe son temps à dire du mal des autres. Imaginez un peu ce qui se passe quand vous tombez dans un nid ou un nœud de vipères, au figuré bien sûr, ce rassemblement de personnes méchantes, malveillantes, cruelles, cette réunion de personnes hostiles. Les langues de vipères ou de putes sont nombreuses chez les politiques, les artistes, les journalistes et même chez les plus petits, dans les ateliers ou les bureaux. Devant la machine à café, on papote et on râle et c’est bel et bien dans un nid de vipères que vous mettez les pieds en faisant une pause ici. Certains individus (mâles et femelles) sont spécialisés pour faire parler les collègues et aller tout balancer au chef, l’air de rien ; les hommes ne sont pas mieux que les femmes sur ce coup-là, langues de vipère et langue de pute sont des deux sexes. Reconnaissez que presque tout le monde critique tout le monde dans le dos et que, presque toujours, il y a un bouc émissaire  dans un groupe (une tête de turc, ça fait xénophobe ou raciste, il faut privilégier les animaux qui ne se plaignent pas) ; cette personne peu appréciée, le plus souvent sans raison (comme à l’école dans la cour de récréation) réunit les médisants contre elle. Même si c’est triste et con, c’est comme ça, non ?

Nous vivons aujourd’hui dans une sorte de jungle, pour être forts, il faut être unis, mais méfiez-vous des  groupes : une langue de pute a très souvent des «ami(e)s» qui lui ressemblent.  Ces personnes ont l’air gentil entre elles ou avec vous mais soyez sûre que la plus bête est capable, par erreur, de gaffer avec une parole qui s’échappe ou en transmettant involontairement, à toute l’entreprise, un mail confidentiel qui lui avait été adressé. « Oups, j’ai gaffé », dira naïvement le (la) coupable.

La meilleure langue de vipère est celle qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas, qu’on ne soupçonne pas, celle qui est suffisamment subtile pour faire transiter rumeurs et ragots par la langue de vipère «officiellement» reconnue comme telle.

Les langues de putes ou de vipères sont très très fortes, elles réussiraient presque à  faire se battre des montagnes. Une fois de plus, j’ai envie de vous dire «Courage, fuyons-les».

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