Combien d’articles ai-je déjà écrit sur cet Homme dont je craignais la disparition ?  Une certain nombre. En voilà huit que vous pourrez lire en cliquant sur chacun d’eux. Nelson Mandela’s day, Mandela free, 18 juillet…, Honnête Mandela, Chansons pour Mandela, Nelson Mandela, Asimbonanga, Ubuntu. Je pense souvent à ce pays que j’aime beaucoup, que j’ai découvert moins d’un an après l’arrivée au pouvoir de Mandela.

J’y suis retournée plusieurs fois ensuite et, chaque fois, les choses changeaient mais pas vraiment en mieux pour tous. Les petits panneaux “Blancs” “Colorés” pour indiquer les voies de passage, les entrées des magasins ont disparu, tant mieux car je n’aurais pas pu passer au même endroit que mes enfants eurasiens, mon mari ou mon amie martiniquaise et, dans le même temps, quelques Noirs Sud-Africains se sont beaucoup enrichis, d’autres ont pu progresser dans la hiérarchie sociale, faire des études, d’autres sont restés dans la misère tandis que bon nombre de Blancs se sont appauvris, sont  discriminés, ostracisés. Pauvre Mandela ! Que devient ton rêve ?

J’ai longtemps eu peur en pensant au départ de Madiba. La Nation Arc-en-Ciel n’allait-elle pas voler en éclat ? Aujourd’hui rien encore n’est gagné. Le grand espoir des années 90 a laissé place à une grande déception ; s’il ne faut pas croire ceux qui prédisent que « l’Afrique du Sud va finir comme le Zimbabwe, il n’en reste pas moins vrai qu’on est loin d’une société unie et égalitaire.

Le 10 mai 1994, jour de la cérémonie d’investiture, Nelson Mandela, premier président noir, déclarait : «Nous prenons l’engagement de bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, blancs ou noirs, pourront marcher la tête haute (…) une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde.»

Depuis, on croit communément que la «nation arc-en-ciel» est une idée de Mandela, en réalité, le père du surnom de l’Afrique du Sud est l’archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la paix. L’homme de foi parlait de la «Rainbow nation» lors des obsèques de l’un des héros de la lutte contre l’apartheid, décrivait son rêve de voir construire une société sud-africaine post-raciale, une métaphore pour la cohabitation des groupes. Cette vision symbolique a été critiquée : les couleurs d’un arc-en-ciel ne fusionnent pas, elles se juxtaposent et il n’y a ni blanc, ni noir.  Voilà comment une belle idée peut être critiquée. 

Quant à la réconciliation rêvée par Mandela, malgré les efforts réels fournis par une grande partie de la population, elle n’est pas complète, les Humains ont beaucoup de mal avec l’oubli et le pardon.

Aujourd’hui, l’insécurité  n’épargne ni les Noirs ni les Blancs, on la retrouve un peu partout, sans oublier le harcèlement xénophobe et la violence contre les étrangers d’origine africaine ou asiatique qui deviennent des pratiques courantes parfois fatales. Entre avril 2018 et avril 2019, 21 022 personnes dont 1 014 enfants ont été assassinées soit 58 personnes chaque jour. Selon des statistiques anciennes (2006) : plus de 219 000 attaques et près de 200 000 cambriolages à main armée ainsi que 19 000 meurtres, 52 000 viols et 20 000 tentatives de meurtre ont été enregistrés dans ce pays de 48 millions d’habitants. Plus de 20 % de Blancs (qualifiés) ont quitté le pays et seulement la moitié des Sud-africains estiment que les relations entre les différents groupes raciaux dans le pays sont meilleures que durant l’apartheid et affirment n’avoir jamais eu de rapports sociaux avec des personnes de race différente en dehors du lieu de travail. Les cérémonies privées (mariage, baptême ou obsèques) continuent de s’effectuer à l’intérieur d’un même groupe racial. Malgré toutes les bonnes volontés, le rêve de la nation arc-en-ciel rêvée par Desmond Tutu et Nelson Mandela est encore un mirage. Dommage !

Pou finir, quelques mots de Madiba qui devraient guider ceux qui veulent un monde meilleur :

L’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité à servir les autres – qualités à la portée de toutes les âmes – sont les véritables fondations de notre vie spirituelle.