Émotions

Une petite fille de six ans est morte hier à Poissy. Elle avait six ans. C’était la grande sœur d’une amie de ma petite-fille. Comment vont-elles, les survivantes, “encaisser” les mauvaises nouvelles du moment ?

Il y en a trop pour des enfants, de quoi les terroriser, les traumaiser : le Covid dont on nous rabat les oreilles, les trois ou quatre exercices de sécurité, dont un a eu lieu avant les vacances de la Toussaint, l’exercice “attentat intrusion” (puis deux exercices d’évacuation incendie réglementaires et un spécial “confinement alerte chimique ou nucléaire”), de quoi être serein, non ? Pire que durant la dernière guerre, non ? Et maintenant, ça. Un accident. Imprévisible ?

Manu l’a dit “Nous sommes en guerre.” Mouais… Ce n’est pas dur pour tout le monde ! Et ce n’est pas aussi difficile pour les uns et les autres. Comment les parents et les proches de la petite décédée vont-ils continuer à vivre ? Quels souvenirs garderont-ils de cette horrible année 2020 ? Comment ne pas se révolter contre le destin ?

Moi j’ai la tête qui bout. Tout ce beau monde qui se croit supérieur, qui devrait nous représenter n’est capable que de bla-bla, une suite d’énoncés verbeux, souvent mensongers, destinés à masquer le vide de leur pensée, à éblouir les uns et à endormir les autres. Marre ! J’en ai plus qu’assez.

Le Sinistre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, vient d’annoncer que la journée du 2 novembre se décomposera en «trois temps». Au collège et au lycée, une première phase permettra aux enseignants de se préparer, «ce qui décalera un peu l’horaire de rentrée des élèves»; un deuxième temps, avec les élèves, sera dédié à la réaffirmation des «principes de l’école et de la République» et une troisième étape réunira, dans la cour, élèves, professeurs et «partenaires de l’école» pour une minute de silence et la lecture de la «Lettre aux instituteurs et institutrices» de Jean Jaurès. À l’école primaire, il y aura aussi «un temps pédagogique», dont les modalités doivent être discutées avec les syndicats, et une minute de silence à l’école élémentaire, un simple «temps calme» en maternelle. Est-ce bien nécessaire pour les tout-petits et les enfants trop jeunes, jusqu’au CM1 ? Je ne crois pas. C’est juste dit pour “faire bien”. C’est avant que Samuel Paty avait besoin de reconnaissance et d’aide. Je connais ce sentiment de solitude face aux épreuves quand il n’y a personne, que des fonctionnaires-chefs cachés derrière les textes officiels, dépourvus d’humanité.

À propos d’empathie, de compassion, il y en a des choses à dire…

Je reviens à ce terrible accident qui s’est produit ce jeudi 22 octobre 2020, vers 12 h 30, dans un gymnase de Poissy (Yvelines) : deux enfants, âgés de six ans, ont été grièvement blessés suite à l’effondrement d’un mur d’une réserve de matériel dans une salle d’activité.

Les deux petites victimes, en urgence absolue, ont été transportées sous escorte policière à l’hôpital Necker, à Paris ; l’une d’elles était dans un état critique ; un troisième enfant, en état de choc, a été emmené aux urgences du centre hospitalier de Poissy. Au moment du drame, vignt-sept enfants étaient présents dans le complexe sportif. Ils participaient durant la semaine à un stage de vacances de judo. L’accident a eu lieu peu après la pause déjeuner. Les enfants étaient en train de jouer quand un pan de mur s’est écroulé.

Une cellule psychologique est maintenant à la disposition des parents et des enfants pour qu’ils puissent parler et évacuer mais à l’annonce de l’accident, les parents paniqués étaient tenus  à l’extérieur, sans nouvelle. « Comment va mon enfant ? » Les yeux rougis, le visage pâle d’angoisse, les parents ont été contraints de rester derrière le cordon de police. Au bout d’un certain temps, un fonctionnaire s’est présenté à eux : “Ils vont bien, je leur ai parlé.”

Vingt-quatre allaient bien mais deux d’entre eux étaient en danger. Comment ces pauvres parents ont-ils été informés puis aidés ? Je n’ose pas imaginer ce qu’ils ont vécu.

Bien qu’aucun de ces faits n’aient de rapport direct, Poissy a subi ces dernières années deux accidents avec des murs :

  • l’effondrement du mur de la rue de la Tourelle en mars 2013 qui avait fait une blessée grave : une enfant âgée de douze ans ensevelie sous les pierres alors qu’elle marchait sur le trottoir,
  • la chute, sur la chaussée,  d’une partie (de 40 mètres de long ) du mur d’enceinte de la prison en mars 2019, qui n’a fait aucune victime.

Poissy a bien des ennuis avec ses murs. Selon Karl Olive, le maire, père d’un enfant de huit ans, l’équipement avait été inspecté par une commission de sécurité en 2017. L’élu a fait part de sa « profonde tristesse » et de son « immense émotion ». C’est poli mais ça ne rendra pas la vie à une petite fille, ni cette enfant à sa famille.

Quant à la jeune fille grièvement blessée en mars 2013, plus de quatre ans après l’accident, rien n’avait été réglé et la justice devait prononcer un non-lieu. Philippe et Isabelle Poissenot, ses parents, n’en pouvaient plus car la ville de Poissy avait été récompensée pour la restauration du mur historique rue de la Tournelle, l’ouvrage qui symbolise le drame vécu par leur fille et par eux alors qu’eux n’avaient rien reçu, « laissés à l’abandon ». ; la jeune fille devrait garder toute sa vie des séquelles. Alors que le mur a été reconstruit à l’identique, il n’y a plus de traces de l’effondrement, les victimes étaient oubliées. L’absence d’entretien de cet ouvrage et des manquements avaient été démontrés, de nouvelles constructions réalisées sur des terrains trop proches du mur… S’il n’y a pas de responsable rien n’est pris en charge, aucun préjudice physique ou moral. Rien malgré le pronostic vital engagé, un séjour de trois mois à l’hôpital, des soins sur une longue période. un calvaire pour elle et ses parents. Aujourd’hui je ne sais pas où en est cette affaire. Classée ? Comment ?

Cette fois-ci, y aura-t-il un responsable ? Un coupable ? Rien ? Personne ?

Une petite fille de six ans est morte, voilà la terrible, l’insoutenable réalité.

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2 réflexions sur « Émotions »

  1. un enfant qui meurt est toujours un drame, dans ce cas la Mairie est responsable, donc le Maire, qu’en sera t’ il des suites ?c’est une autre histoire, oui en attendant le petite fille n’est plus là, et les parents devront vivre avec ce chagrin, il ne s’en remettront jamais vraiment , et un cas précédent n’est pas réglé, qu’espérer ?
    bonne journee chere Françoise, bises

  2. je dis souvent que si après la mort, c’ est le néant, il n’ y a aucune liberté, égalité fraternité sur terre !
    Un monde où le principe de précaution n’a plus cours, un monde où seul la réussite et le fric sont cités en exemple !
    Que dire du bébé à peine né qui souffre, de ces maladies inguérissables, de ces horreurs provoquées par le terrorisme !
    Notre époque est moche, difficile de ne pas être un peu égoïste en préservant les bribes de bonheur que nous pouvons saisir !
    L’âme est immortelle, c’ est la seule consolation.
    Bonne journée Françoise
    Bisous

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