Macron à Poissy

Privée d’électricité et d’internet, je n’ai pu publier hier ce que j’avais écrit. Voilà donc avec retard ce que je voulais dire.

Emmanuel Macron est allé dans la matinée du mardi 5 mai à Poissy, dans les Yvelines, afin d’effectuer une visite de l’école élémentaire Pierre Ronsard, en présence du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, accompagné du maire de Poissy, Karl Olive (DVD), qui a annoncé la réouverture, à partir du 11 mai, des écoles de sa commune (plus de 37 000 habitants donc plus riche que les villages d’Occitanie ou de La Réunion).

Il faudrait que les informations soient complètes.

  • Cette visite a été suivie d’un échange entre le président de la République et des maires du département des Yvelines en visioconférence, sur la question de l’ouverture des écoles dans le cadre de la mise en œuvre du déconfinement à partir du 11 mai, puis par une intervention télévisuelle (que je n’ai pas regardée). C’était une opération “communication” de plus : “Regardez je suis là, moi Le Président !” ).
  • Dans la majorité des écoles maternelles et primaires (pas toutes, donc) les enfants retourneront en “cours” avec un maximum de 15 enfants par classe comme le veut le gouvernement (15 sur des effectifs de trente et quelques en temps normal). Et les autres ?
  • Qui va pouvoir venir en grande section maternelle, CP ou CM 2 en primaire ? Et les autres ? Abandonnés ? Oubliés ? 
  • La réalité, à Poissy, dans une école maternelle comptant 133 enfants inscrits, compte tenu de la priorité laissée aux enfants de soignants, policiers, gendarmes, chauffeurs de bus ou de taxi… qui sont vingt-quatre accueillis à plein temps, il ne reste, après de savants calculs, que neuf places réellement disponibles pour les autres qui viendront à l’école soit lundi-mardi, soit jeudi-vendredi, deux jours par groupe.
  • Et les autres ? Continueront-ils un télé-enseignement ? Avec quel matériel ? Les maîtres seront-ils contraints à des doubles journées ? (Bravo : les élèves des écoles primaires de Poissy ont été dotés de tablettes dès le début du confinement.)
  • Comment peuvent faire les enfants non prioritaires dont les parents sont obligés de travailler ? Laissés seuls à la maison, abandonnés, livrés à eux-mêmes ?
  • Comment feront les mères en télétravail, avec deux voire trois enfants non accueillis à l’école ? (pas facile de concilier les tâches diverses de mère, travailleuse, professeur).
  • Qu’en est-il des enfants en difficulté, prioritaires eux aussi, dont les parents n’ont pas répondu au questionnaire (légal ici, illégal ailleurs) ? 
  • Et ceux dont les parents ne sont pas d’accord pour un retour en classe dans des conditions peu claires (et angoissantes tant pour les enfants que pour les parents) ?
  • Que faire des enfants sujets à des problèmes de santé : crises d’asthme par exemple. Comment les difficultés vont-elles pouvoir être gérées par un enseignant seul ?
  • Comment fonctionneront les cantines ? Y aura-t-il un service de repas ? Repas froids ? Pris où : salle de restauration ? Salle de cours ? 
  • Comment se passeront les récréations ? Les passages aux toilettes ?
  • Quand et comment seront désinfectés les classes et autres lieux de vie, de passage ?

Bien des questions sans réponse claire.

Il est créé en ce moment une école-garderie inégalitaire suivant les quartiers des villes, selon la taille des villes et leur richesse, suivant qu’on est à la campagne ou en zone urbanisée… Je reviens sur le fait que les élèves des écoles primaires de Poissy (et d’autres communes) ont été dotés de tablettes dès le début du confinement ou lors de la rentrée des classes alors que dans certains quartiers les enfants n’ont rien, même pas de connexion internet et encore moins un ordinateur ou une tablette par enfant. (Dans les campagnes, internet et téléphone fonctionnent très mal. À quand la fibre ? Le Covid19 va encore faire retarder les travaux).

Qu’est donc devenue notre école publique républicaine, celle des hussards noirs qui voulaient transmettre à tous les enfants de France  des connaissances de base et même davantage puisque l’instruction permettait la promotion sociale (L’école, cet ascenseur !). L’instruction est une force qui aide à comprendre le monde qui nous entoure et permet de se défendre ; certains ont bien compris qu’il est plus facile de diriger des moutons abrutis que des lions déchainés (ou des moutons enragés) alors… Détruisons l’école peu à peu.

Mais au fait, avez-vous-regardé le reportage sur Macron à Poissy ? Son passage dans une classe ? Heureusement internet permet de repérer et profiter des moments forts (et même de voir des parodies) :

  • Macron comme Sibête ne sait pas utiliser correctement un masque. Il a tripoté le sien à plusieurs reprises et l’a baissé sur son menton pour être bien reconnu par les élèves.
  • La distance d’un mètre n’a pas été respectée dans la classe.
  • Le président s’est assis sur un bureau d’élève et l’a touché (le bureau), s’était-il désinfecté les mains avant ? L’a-t-il fait après ?
  • Dans la classe, un petit garçon discute et attrape un camarade par le bras.
  • Un autre (ou le même) enfant se sert de livres dans la bibliothèque de la classe ? Les manuels seront-ils désinfectés après ? L’ont-ils été avant ? 
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Force est de constater que ces consignes sont intenables et qu’ouvrir les écoles à la va-vite est irresponsable dans de nombreux cas surtout compte tenu du comportement des nouveaux élève, bien plus dissipés que les technocrates ne l’imaginent. La théorie c’est beau mais en pratique… Heureusement que des maires plus sensés et surtout plus courageux ont décidé de refuser cette reprise imposée de manière dictatoriale, c’est l’adjectif qui convient n’en déplaise au petit Manu. Le dictateur était à Rome, dans l’antiquité, sous la République, un magistrat unique légalement investi de tous les pouvoirs, dans certaines circonstances graves, pour une durée limitée.

L’Éducation Nationale est gérée comme les hôpitaux : du chiffre, des résultats (faussés pour plaire et répondre aux attentes), beaucoup de personnel de direction administrative et financière, et de moins en moins de matériel et de soignants. J’avais soulevé ce problème, il y a déjà des années : combien de bureaucrates au Ministère et dans les rectorats, combien d’agents d’entretien dans ces mêmes locaux par rapport au nombre d’enseignants sur le terrain (écoles, collèges et lycées) ? Un comparatif des salaires et des avantages devrait être présenté. Si les enseignants savaient tout, même les plus motivés pourraient en perdre leur vocation.

Je reviens à ce moment où se prépare un déconfinement scolaire “à marche forcée”. Heureusement quelques Gaulois réfractaires n’acceptent pas. Dans la région de Toulouse, dix maires ont refusé d’ouvrir les écoles de leur commune car ils ont déclarés qu’ils ne sont pas en capacité de le faire.

Un protocole sanitaire très strict doit encadrer la réouverture des écoles (protocole qu’on allège ou qu’on précise de manière de moins en moins claire ; nombreux sont ceux qui ne comprennent plus rien mais n’osent pas le dire).

  • Les bureaux dans une salle de classe doivent être espacés d’au moins un mètre, Combien d’élèves peut-on alors caser dans une telle pièce compte tenu de l’exiguïté de certains locaux ?
  • Quid des couloirs de l’école et des sens de circulation dans la classe ? 
  • Comment gérer les passages à la cantine, dans les sanitaires réduits souvent à leur plus simple expression et la cour de récréation ?
  • Qui va nettoyer, décontaminer ? Combien de fois pas jour ? Sur quel budget seront pris les heures supplémentaires ou les embauches indispensables d’agents de service ? À combien va se monter le coût des produits d’entretien et de décontamination ?
  • Comment pourra-t-on organiser une garde hors horaires de cours ? Qui va le faire ? À quel prix ? Pour combien d’enfants ?
  • Qui fournira les masques (dont le port est obligatoire ou conseillé selon les  cas) ?
  • Comment va-t-on envisager les transports scolaires dans les zones rurales ?

LES MAIRIES POURRONT-ELLES PAYER TOUTES LES CHARGES QUE L’ETAT LEUR IMPOSE ? Je crains que non dans les campagnes. Alors ? Que va-t-il se passer ?

Pour finir avec un sourire, je vous propose de cliquer sur le lien ci-dessous :

https://www.blagues-et-dessins.com/tag/blague-ecole-de-poissy/

Demain est un autre jour…

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2 réflexions sur « Macron à Poissy »

  1. une chose est claire , ce fut une opération de com de plus avec une école choisie non au hasard !
    Et comment s’étonner puisque depuis qu’il n’ est plus ministre de Hollande, on l’ a vu des heures pérorer dans les médias !
    C’ est bel et bien un comédien bonimenteur !
    Le gouvernement veut que les français retournent au travail et c’ est pour cela que les élèves doivent retourner en classe !
    Mais là aussi c’ est l’incompétence qui ressort, rien n’ est préparé !
    Pourquoi ne pas laisser les maires et les reponsables des écoles décider !
    De l’incohérence aussi, interdire des km de plage, ou des hectares de forêt, mais autoriser les bus et le métro, n’ pas de sens !
    Il faut espérer qu’on trouvera vite un vaccin !
    Passe une bonne journée Françoise
    Bisous

  2. oui j’ai bien vu aussi cette emission pub/communication, comme toi chere Françoise, je m’interroge , comment faire fonctionner une ecole avec de pareilles contraintes, mais le ministre avait envoyé un Mode operatoire de 63 pages , etabli par le bureau Véritas, les fonctionnaires du Ministère étant sans doute jugés incapables de realiser cette chose !!! ce matin encore un proviseur l’a interpellé, “mais nous n’avons pas reçu de masques” ? “vous les aurez d’ici lundi”, affirme le ministre !!! eh oui ce gouvernement voudrait que tout le monde reprenne le travail, l’economie du pays c’est plus important que la santé des enfants ! je pense aussi que vous avez remarqué, que la grande mode c’est d’être anti-chinois, et de debiter les pires insanités sur la Chine , ça permet de camoufler ses propres deficiences, comme Trump ! portez vous bien chere Françoise, grosses bises

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