Les ponts pourris

Un pont est, à mes yeux, un symbole d’espoir et un pas vers l’Autre pourtant souvent ils me font peur car un pont peut s’écrouler. Plus ils sont vertigineux et longs plus ils m’angoissent. J’en ai parcouru quelques-uns sans crainte, d’autres avec terreur. Je me souviens  :

Pont Vasco de Gama
Pont Vasco de Gama à Lisbonne en réparation.

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la fameuse Overseas Highway appelée aussi « la route des Keys ». 1 700 îles entre Miami et Key West sur 200 kilomètres reliées par des ponts mais certaines ne sont accessibles qu’en bateaux. (Bientôt 30 ans que j’ai vu ça, c’était en 1990.)

Pourquoi ce titre alors que je vous montre de belles photographies ?

Parce que les ponts ont des soucis. Le pont Vasco de Gama, conçu pour résister à un tremblement de terre jusqu’à 4.5 fois plus puissant que celui qui ravagea Lisbonne en 1755, et qui avait atteint une magnitude de 8.7 sur l’échelle de Richter, peut aussi affronter des vents soufflants jusqu’à 250 km/h. Réalisé par Vinci, prévu pour durer cent-vingt ans, il est déjà en réparation au niveau de ses piles (c’est rassurant, il est entretenu.)

À Gênes, le , deux travées du viaduc à haubans (le viaduc du Polcevera, plus communément appelé pont Morandi qui permettait de relier deux quartiers de la ville) se sont effondrées soudainement avec le pylône qui les soutenait, emportant les véhicules se trouvant à cet instant sur le pont. Bilan : 43 morts et 16 blessés ; plus de 600 personnes évacuées. La démolition du pont a été achevée le 28 juin 2019, pour laisser place à un nouvel ouvrage. Le pont avait été mis en service en 1967 mais n’avait pas été entretenu et s’était détérioré malgré les alertes lancées par les riverains.

C’est un problème à l’étranger, direz-vous mais l’Italie, c’est l’Europe et vous auriez pu utiliser ce pont, vous, votre famille, des amis. Croyez-vous que c’est mieux chez nous ? Que nenni ! Un récent audit sur les ponts français est alarmant. On apprend ainsi qu’en France, 30% des 12 000 ponts que compte le réseau routier non concédé à des sociétés privées (qui s’étend sur 12 000 kilomètres, soit un pont au kilomètre) sont à réparer. De plus, 7% d’entre eux présentent même un “risque d’effondrement”.

S’ajoutent 9 000 km d’autoroutes concédées qui comportent aussi des ponts, des viaducs. Dans quel état ?

Sur les 12 000 ponts, un tiers nécessite des réparations, le plus souvent de petites interventions pour prévenir l’apparition de dégradations structurelles mais dans 7 % des cas, les dommages sont plus sérieux et présentant à terme, plus ou moins lointain, un risque d’effondrement; Il existe donc une forte probabilité de fermer préventivement ces ponts à la circulation des poids lourds ou même de tous les véhicules.

Ces dégradations, liées aux conditions climatiques, au trafic important, au vieillissement des infrastructures, s’accélèrent en raison du manque d’investissements de l’État. qui préfère gaspiller NOS sous en dépenses somptuaires (dépenses de luxe) : réceptions, voyages, gratifications et dons divers.

Le plus préoccupant c’est qu’en moyenne, un pont “n’est réparé que vingt-deux ans après l’apparition des premières dégradations“. Si rien n’est fait, rapidement, en 2037, 62% des chaussées seront “très dégradées”. Faudra-t-il attendre une catastrophe pour qu’on se réveille en haut lieu ? 

Pourquoi la responsabilité des élus, autres que les maires,  la responsabilité de hauts fonctionnaires, n’est-elle presque jamais engagée ? Ni responsables, ni coupables !

 

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Le pont du Gard : plus de 2 000 ans et il tient toujours debout. Ah les Romains ! En ce temps-là, c’était du bon boulot.

Vous souvenez-vous qu’en 2001 a eu lieu l’un des accidents routiers les plus dramatiques du Portugal : au passage d’un autocar et de deux voitures, un vieux pont métallique s’est effondré sur le fleuve Douro en crue à ce moment-là ; au moins 75 passagers ont péri dans cet accident. 1 800 véhicules traversaient quotidiennement ce pont dont la dangerosité avait été maintes fois signalée à l’administration mais on attend toujours le drame pour réagir chez les Européens du Sud (Portugal, Italie… et France).

Pourquoi ne dit-on pas plus souvent que 47% des accidents routiers seraient liés aux infrastructures ? Parce qu’on ne pourrait plus “fliquer”, punir les chauffeurs pour les petits excès de vitesse, nombreux et qui rapportent de quoi investir dans toujours plus de radars et pas dans le réseau routier. Elle est bizarrement organisée la Sécurité routière de notre pays.

Paie et tais-toi, automobiliste !

C’est ça la démocratie aujourd’hui “Ferme ta gueule ! Obéis !”

La politique ne peut être confiée à ces quasi-débiles qui constituent le peuple français, voilà ce que pensent Monsieur Macron et ses nervis.

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Une réflexion sur « Les ponts pourris »

  1. Les architectes aiment se lancer des défis, à qui fera le pont le plus long, le plus haut, avec le moins de piliers etc, et pourtant on a constaté plus d’une fois que la nature se moque des savants calculs !
    Que dire aussi des entreprises qui font des économies sur les qualités de matériaux !
    La fameuse centrale Epr, qui nous coûte des milliards supplémentaires, et se fissure toujours gaiment, ne devrait elle pas être abandonnée ?
    Bonne fin de semaine Françoise
    Bisous

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