Faire taire encore

D’évoquer la notion de “faire taire” dans mon précédent billet a réveillé chez moi d’autres souvenirs d’expressions courantes. Voilà lesquelles (que je vous livre en vrac) :

Faire taire la douleur pour ne plus ressentir le mal et, pour y parvenir, tous les moyens sont bons, du plus simple au plus farfelu, c’est-à-dire des médicaments officiels à la magie blanche, noire et autres sortilèges.

Dans notre monde, on voudrait faire taire beaucoup de choses ou de gens ; la douleur semble devoir être abolie. Il est vrai qu’il est inutile de souffrir pour rien mais quand on a mal, ne peut-on pas avoir le droit de choisir d’être anesthésié ou d’endurer ses maux ? Il faudrait pouvoir avoir véritablement le choix de souffrir ou non, et de finir de souffrir aussi et ça, ce n’est pas encore possible officiellement. Pourtant nous sommes dans un pays dit libre !

Certaines douleurs ne sont pas physiques mais tout aussi difficiles à supporter, combien en sont victimes ? Il suffirait quelquefois simplement de faire taire les rumeurs. Personne n’est à l’abri des rumeurs, de la médisance et de la calomnie. Les rumeurs, souvent nourries par la jalousie, la convoitise, la vengeance ou tout autre chose, peuvent  blesser, voire détruire une vie, une réputation. Au delà des rumeurs, il y a des accusations (prouvées mais d’autres personnes sont aussi coupables mais moins ou pas du tout attaqués. Quelles magouilles derrière tout ça ?)

Ce qui nous ramène à notre monde actuel ou l’on veut “faire taire les trolls”, ces internautes qui ne font rien d’autre que d’insulter, de critiquer, de dévaloriser les auteurs de commentaires, de vidéos ou autres productions, qui harcèlent, menacent ou tiennent des propos haineux envers une race, une religion ou une orientation sexuelle. Des mesures sont en train d’être prises et j’ai envie de dire “pas trop tôt !” mais j’attends de voir ce qui va réellement se passer.

J’ai toujours été surprise pas ce “faire taire les sourds“que j’ai entendu et même lu. C’est vrai que les sourds parlent très fort pour se faire entendre. Ils oublient qu’ils sont sourds mais pas nous. Je me souviens, dans mon enfance, d’un vieux monsieur prénommé Moïse, qui hurlait en parlant, à tel point que j’en étais presque effrayée. Je me souviens aussi d’un voyage en train avec ma grand mère et d’un wagon pleins de sourds-muets gesticulant et riant très fort ce qui m’avait impressionnée ; une autre fois, plus récente, lors d’une hospitalisation, je me suis retrouvée dans la chambre d’une sourde-muette bavarde. Comme je ne signe pas (je ne parle pas avec mes mains) elle essayait de communiquer avec des gestes et des petits cris mais j’avais plus de 40° de fièvre et une seule envie être au calme. Dommage, dans d’autres circonstances j’aurais peut-être fait un effort mais là, c’était au dessus de les forces. je voulais dormir pour faire taire cette douleur qui, à l’époque, me vrillait le ventre.

Je suis persuadée que certains pensent que j’aurais dû faire un effort mais je m’en moque, je sais ce que j’ai vécu et je préfère “faire taire  les critiques” et surtout “faire taire mon critique intérieur” si prompt à l’ouvrage. Oui ce critique-là est sans aucun doute le plus féroce pour moi. Question de personnalité et d’éducation sans doute.

Plus amusant (pas vraiment en vérité), je pense à cette affaire qui ennuie Annie et Michel Pecheras, habitants de Grignols à quelques kilomètres de Périgueux, en Dordogne qui viennent d’être condamnés par la Cour d’appel de Bordeaux à combler leur mare parce que le coassement des grenouilles gêne leurs voisins (ex-citadins) installés à une dizaine de mètres de ce point d’eau. Il faudrait leur trouver une recette pour faire taire les grenouilles faute de quoi is devront supprimer la mare.  Quid de l’écologie ? De la liberté ? Du droit à la vie des grenouilles ? Est-ce que quelqu’un a pensé que s’il n’y a plus de grenouilles il y aura davantage de moustiques ? Même si le bruit des grenouilles est infernal (pas vrai Nadine ?), je préfère encore ça aux invasions de moustiques qui transmettent paludisme, chikungunya, dengue, zika.

Pourquoi n’insiste-t-on pas sur le fait que les moustiques tuent, dans le monde, bien plus que les requins chaque année ?  Je vous rappelle ma série de billets sur le chik à La Réunion, il y a quelques années que vous pouvez lire ou relire en cliquant , LÀ, LÀ.

Dans cette volonté de faire taire, on pourrait faire taire les chiens (du voisin et tous ceux qui rodent sans maître, à La Réunion, ils ne manquent pas les chiens hurleurs ou ceux qui vivent en meutes), faire taire les armes (mais les armes, ça rapporte tellement aux fabricants et aux trafiquants qu’on ne va pas se priver de quelques guerres). On pourrait aussi tenter à nouveau de faire taire une femme, votre femme, les femmes qui se mêlent de beaucoup trop de choses qui ne les regardent pas. Certains tentent de reprendre en main la situation qui les dérange : plus d’écoles pour les filles, pas de travail et encore moins de travail bien payé, pas de tâches à responsabilités, pas de vêtements dits aguicheurs, pas de sortie, pas de permis de conduire…

N’ayons pas trop peur mais restons vigilants quand même.

Et pour terminer aujourd’hui, cette phrase de  Mark Twain : « Ma vie est une somme de terribles malheurs – dont la plupart ne sont jamais arrivés ».

Quand on veut “faire taire le mental” pas idiot de se souvenir de ces mots-là. Cessez d’avoir peur, agissez ! Défendez-vous ! Défendez vos idées et vos droits !

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5 réflexions sur « Faire taire encore »

  1. En ce moment, avec les élections, il y en a beaucoup qui feraient mieux de se taire.
    Je lis, vois et entends tellement de conneries que j’ai envie de hurler : STOP !!!
    Malheureusement je n’ai presque plus de voix et, de toutes façons, ça ne servirait à rien …
    Par contre, j’avoue que quand j’ai une idée qui me turlupine (rigole pas, je suis sérieuse !), j’ai du mal à me taire.
    Bon, je vais pas en faire une dissert’ … et vais faire taire mon mental.
    Bon jeudi, avec des bisoux, chère françoise !

  2. je me faisais la réflexion qu’ on se suicide plus souvent pour des douleurs psychiques que pour des douleurs somatiques.
    IL est difficile d’ échapper aux pensées négatives et lancinantes, alors qu’ on progresse avec les anti-douleur.
    IL me semble qu’ on peut établir une base pour toute l’ humanité définissant ce qui est bien et ce qui ne l’ est pas, acceptable par tous devant l’ évidence.
    Le reste devrait être laissé au libre arbitre de chacun, toute idée pouvant se discuter et se défendre.
    être obligé de se taire est privatif, et surtout, n’ empêche pas de penser
    Passe une bonne journée Françoise
    Bisous

  3. Juste un tit coucou pour te souhaiter une bonne fin de semaine estivale … mais moi, je fais du rangement et du ménage !
    Et des bisoux tout propres.

  4. J’espère que tu as passé un bon WE.
    Je te souhaite un bon début de semaine …
    Qui va être chargée, pour moi, avec une hospitalisation d’au moins deux jours …
    Provision de bisoux, chère françoise

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