Thuir

Vous avez sans doute compris que je suis une nouvelle fois partie en vadrouille. Les voyages sont formateurs, à tout âge à condition que l’on garde les yeux et l’esprit ouverts. En ce moment je suis en plein pays catalan du côté de Perpignan, au plus près de la frontière espagnole. Je visite le coin ou plutôt je le redécouvre. Je suis passée par Céret, Rivesaltes, Banuyls… oui, rien que du vin et bien sûr, ici, il y a Thuir et le Byrrh.

Thuir est située dans la plaine du Roussillon, à treize kilomètres à l’ouest de Perpignan, au pied du Canigou. Avant la Révolution Française, Thuir était une petite ville commerçante ; ses activités principales étaient la papeterie, l’imprimerie et la poterie mais c’est au XIX° siècle que la citéva connaître son heure de gloire et devenir la ville au plus grand fût de chêne du monde

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Par hasard, mon mari et moi avons trouvé un petit restaurant ouvert le dimanche, un restaurant au sympathique patron belge qui offre outre son sourire et sa gentillesse des plats copieux et de très bonne qualité. Je vous donne l’adresse au cas où vous passertez dans le coin : Chez PAPY Candy, rue Déodat de Séverac, 66300 – THUIR, en plein centre ville, à côté du parking de l’hôtel de ville.

Je vous raconte maintenant l’histoire du Byrrh qui débute un peu comme un conte de fées

Aux environs de 1860, deux frères, Simon et Pallade Violet, issus d’une famille modeste de cinq enfants dont le père était muletier, décident de quitter leur village pour la plaine du Roussillon. Ils deviennent marchands ambulants et vendent des articles de mercerie, des étoffes et du vin. Ils sont colporteurs.

Après quelques années d’expérience, ils décident de se fixer à Thuir où ils ouvrent une boutique, en septembre 1866, Ils ne disposaient que de quelques petits fûts mais leur sens inné des affaires va les inciter à développer leur commerce et à élargir leur activité au négoce de vins importés d’Espagne.

Simon Violet, servi par sa connaissance approfondie des vins, va élaborer une recette en mariant certains crus du Roussillon, en les aromatisant avec des plantes et en les tonifiant avec des écorces de quinquina. À cette époque, les vins médicinaux et à base de quinquina sont réputés comme reconstituants. Cet apéritif est alors commercialisé sous le nom de “Vin tonique et hygiénique au quinquina”. Simon lui-même assurait la livraison de ce breuvage chez les pharmaciens, les épiciers et les cafetiers de la région.

Devant le succès de ce nouveau produit, l’ordre des pharmaciens de Montpellier va intenter aux Frères Violet un procès pour concurrence déloyale et pour leur interdire d’utiliser le mot quinquina, un produit pharmaceutique.

Les deux frères continuent cependant à produire et à vendre leur vin tonique et le 10 Février 1873, la marque BYRRH est déposée au tribunal de commerce de Perpignan.

L’origine de ce nom à l’orthographe bizarre, a donné lieu à de nombreuses versions. Byrrh serait né selon la petite histoire de l’ajustement, au hasard, de lettres désignant des coupons d’étoffes entreposés dans la petite mercerie des frères Violet.

En 1876, Simon et Pallade Violet modifient les statuts de la société et son activité et dés lors basée exclusivement sur le commerce de vin. L’entreprise prospère très rapidement et deux comptoirs d’achat sont installés en Espagne. A Thuir les chais s’étendent pour atteindre une capacité de stockage de 50 000 hectolitres qui deviendra très vite insuffisante.

A partir de là l’entreprise ne cessera de prospérer.

En 1910, l’entreprise compte 750 employés et distribue plus de 30 millions de litres de Byrrh par an.

En 1920, l’entreprise familiale continue à prospérer et poursuit les constructions de cuves, les chais de Thuir deviennent alors les plus vastes du monde. Ils sont a l’origine de plusieurs records comme:

  • la construction de 3 cuves en béton dont la plus grande à une capacité de stockage de 680 000 litres. Ces cuves sont destinées aux coupages et à l’unification des vins.
  • En 1934, fut construite une cuve en chêne d’une contenance de 4 205 hectolitres,
  • Et le troisième record qui n’est pas le moindre la plus grande cuve en chêne d’une capacité de 1 000 200 litres mise en vin en 1951, record jamais égalé jusque là.

La société Violet a connu sa période la plus prospère entre les deux guerres mais ensuite il lui faut déchanter. Mise en sommeil pendant la guerre de 1939-45, elle avait perdu une partie de sa clientèle.  La reprise fut difficile. En 1960 la société Violet ne faisait plus le moindre bénéfice, même si son bilan était fastueux (plusieurs milliards de centimes de stock, des disponibilités énormes et un patrimoine immobilier d’une valeur inimaginable).

Je passe sur les détails des évolutions et fusions mais aujourd’hui les visiteurs des caves Byrrh, souvent à leur grande surprise, pénètrent dans les établissements Cusenier et se voient proposer à la dégustation ou à la vente des apéritifs qu’ils auraient pu croire concurrents : Byrrh, Dubonnet, Vabé, Ambassadeur, Americano, Cinzano etc…, ainsi que des sirops et même du whisky.

L’absorption par l’ogre Pernod-Ricard était certainement la seule chance de survie pour l’établissement de Thuir, le marasme du marché des apéritifs à base de vin n’ayant fait que s’amplifier ces dernières années, même si leur qualité n’est pas en cause, surtout en ce qui concerne le Byrrh.

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3 réflexions sur « Thuir »

  1. La répression et les contrôles font que les boissons alcoolisées en général se vendent beaucoup moins.
    C’ est aussi une façon d’ augmenter ses ventes que de proposer différents apéritifs dont la base est la même.
    Merci pour l’ histoire du Byrrh dont j’ ignorais tout !
    Une cuve pouvant contenir plus d’ un million de litres, c’ est assez incroyable !
    Passe une bonne journée Françoise
    Bisous

  2. Quelle chance d’être dans cette belle région que j’aime tant !
    Pas pour son Byrrh, dont je découvre l’histoire avec plaisir, mais pour la beauté des paysages et la gentillesse des habitants.
    J’espère que le mauvais temps n’affectera pas trop ton séjour.
    Merci pour cette article qui m’en apprend un peu plus.
    Bon mercredi, tempétueux !!!
    Bisoux, françoise
    Et ne t’inquiète pas si je ne passe pas demain : RDV acupuntrice.

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