Quelle version ?

Quelle version ? Version est un nom commun féminin, polysémique.

1 – Le sens le plus courant : action de traduire un texte d’une langue dans une autre et le texte qui en résulte. Son synonyme est traductionLa version est l’opposé du thème ; la version est un exercice scolaire consistant à traduire, dans sa propre langue, un texte en langue ancienne ou en langue étrangère : une version latine ou une version anglaise. Le thème consiste à traduire le français en langue ancienne ou étrangère. (Les bons élèves étaient les «forts en thème» particulièrement grec ou latin. Moi j’étais meilleure en version et encore plus en adaptation ; dit en clair, le mot-à-mot ne me convenait pas.)

2 – Chacun des états d’un texte comportant des variantes ou des modifications du fait de l’auteur ou du copiste. Par exemple : version abrégée, version intégrale d’un texte, version inachevée d’un roman ou versions successives d’un texte ; les différentes versions…

3 – Forme que peut prendre une œuvre (littéraire, musicale) transposée d’un domaine ou d’un genre dans un autre. Dans ce cas, le synonyme est adaptation (version cinématographique d’un roman).

4 – Forme différente que peut prendre un récit historique, une légende, un mythe.

5 – Forme sous laquelle se présente un film. Version intégrale (= non censurée); version originale (= sans coupures et/ou dans sa langue d’origine) ; version doublée, version originale (V.O.).

6 – En informatique : état d’un logiciel mis à la disposition des utilisateurs, comportant les corrections et des améliorations apportées à l’état précédent. Ce terme est un néologisme des années 1980. On parle de version 2.0 ou 4.3…

Alors en revenant à Padirac dont je vous ai parlé hier, quelle version de l’histoire préférez-vous ?

Selon la légende la plus connue, c’est le diable qui aurait ouvert le gouffre de Padirac à l’occasion d’un défi lancé à ou par Saint Pierre (selon le version), relire mon billet précédent.

D’autres légendes circulent à propos de ce gouffre dont la beauté a inspiré bien des esprits :

  • La Dame Blanche y ferait de fréquentes apparitions. (L’appellation “dame blanche” est donnée à des mythes ou à des apparitions de natures diverses : des entités surnaturelles, fées, sorcières, lavandières de la nuit ou d’annonciatrices de mort prochaine, soit de fantômes de femmes décédées lorsqu’il s’agit de spectres hantant les châteaux ou les bords de routes. Quelles que soient leurs formes, les légendes de dames blanches se retrouvent un peu partout en Europe et en Amérique du Nord.
  • Les bergers n’osaient pas s’en approcher car une terrible créature crachant du feu et leur enlevant les agneaux y résidait. C’est pour cette raison que l’on aurait vu jaillir des flammes de la gueule du gouffre à plusieurs reprises.
  • Une autre légende dit que les Anglais y auraient caché un trésor pendant la guerre de Cent Ans : un riche butin cousu au préalable dans une peau de veau. (La légende est tenace car lorsque les terrains situés au dessus de la rivière souterraine furent vendus, les propriétaires exigèrent l’insertion d’une clause leur réservant une part de l’éventuel trésor, pourtant le gouffre était exploité avant cette guerre : on y descendait pour rapporter un salpêtre d’une grande qualité, pourquoi les Anglais seraient-ils allés cacher un trésor là ?).

La découverte d’une murette construite par l’homme indiquerait que ce puits aurait probablement servi de refuge à des Hommes pendant des périodes difficiles, de la Préhistoire aux grandes invasions.

Loin de la légende de Saint Pierre ou Saint Martin et du Diable, la réalité est autre : le gouffre se serait formé par l’effondrement d’une voûte de caverne au-dessus d’une rivière. Ce puits de trente-deux mètres de diamètre, cent mètres de circonférence, s’ouvre sur une rivière coulant à plus de cent mètres sous la surface du causse. Aménagé pour les touristes dès 1899, on y vient pour admirer concrétions, stalactites, petits lacs et les crevettes aveugles qui vivent dans les eaux cristallines.

Si vous aimez les légendes, lisez cette version plus détaillée de l’histoire :

Un soir sans lune, par une nuit très très noire, Saint Pierre allait sur sa mule. On ne voyait pas le poing devant les yeux, ni la robe blanche du saint. Soudain sa mule refusa d’avancer et se mit à trembler ; un bruit effroyable se fit entendre : le diable en personne arrivait dans un bruit infernal. Saint Pierre aperçut un sac porté par des démons, un sac qui s’agitait, Pierre demanda à Satan ce que c’était. “Ce sont les âmes des habitants du coin ; elles nous arrivent en si grand nombre que je ne sais plus où les mettre. Je vais les ratatiner afin qu’elles tiennent moins de place”.

Saint Pierre demanda au diable de lui en céder quelques unes et le diable lui proposa de les jouer. Le démon frappa du pied si fort que la terre s’enfonça et ainsi naquit le gouffre de Padirac. “Sautons d’un bord à l’autre” dit le diable.

En soupirant, St Pierre accepta. Il trouva que c’était bien large et bien profond. Il éperonna sa mule, celle-ci courba les oreilles et se précipita à fond de train vers le gouffre béant. St Pierre s’écria alors : “Saute au nom du Père”. Elle sauta si bien que ses quatre sabots vinrent se poser sur la roche à l’autre bord et comme elle avait sauté de si grand coeur l’un de ses pieds détacha un énorme quartier de pierre qui penche encore sur le gouffre.

L’invocation de St Pierre avait fait reculer Satan. Saint Pierre vint rejoindre le diable près d’une petite fontaine sur laquelle il fit une croix. Il dit à Satan de s’élancer à son tour mais Satan eut beau s’élancer, partir de très près ou de très loin de la fontaine, rien n’y faisait : il s’arrêtait toujours devant la croix. Épuisé, le diable s’avoua vaincu et donna son sac d’âmes à Saint Pierre en jurant qu’on ne l’y reprendrait plus. 

Les âmes du causse ? Que sont-elles devenues ? Un petit tour au purgatoire et après direction Paradis. C’est bien ça, non ?

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2 réflexions sur « Quelle version ? »

  1. Un p’tit tour au purgatoire…. ça c’est la version Catho…
    Directement au paradis… ça c’est la version Protestante….

  2. Les entrailles de la terre ont toujours été sources de légende, et ont même inspiré Jules Vernes.
    Quelque soit la version, il est admis que l’ âme est bien éternelle !

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