Fahrenheit 451

Il y a quelques jours, dans un de mes billets, vous avez pu lire “La société déshumanisée décrite par Fahrenheit 451 montre que de nombreuses valeurs humaines ont sombré, l’amour comme l’intelligence” mais notre société ne ressemble-t-elle pas, de plus en plus, à celle décrite par Ray Bradbury dans ce roman ? Science-fiction ? Anticipation. Ray Bradbury était sans aucun doute un visionnaire.

Alors que nous parlons de communication, d’intelligence, de respect et d’amour, que voyons-nous aujourd’hui ? Violence, incompréhension, vol, irrespect, mensonge, ignorance et obscurantisme… Quel programme ! Pas de quoi être gai. Arriverons-nous à nous tirer de ce mauvais pas ? Je ne crois pas que les replâtrages des réformes de l’école vont améliorer la situation. J’entends des promesses et je constate laxisme et corruption généralisés.

La société décrite par Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 est totalitaire, sinistre et inhumaine ; la population est abêtie par la télévision ; l’imaginaire et la culture ont disparu au profit de la consommation pour un bonheur factice.  La lecture est prohibée et la possession de livres considérée comme un acte antisocial, un crime. Dans ce monde qui n’a pas besoin d’écrivains, de gigantesques autodafés illuminent les rues, des pompiers brûlent les objets maudits et parfois même les maisons et leurs occupants.

Partout dans le monde d’aujourd’hui, la destruction de la culture est en marche, de différentes façons. Les livres ne sont pas encore brûlés mais la force des mots n’est plus ce qu’elle était. Les mots ont été remplacés par les images plus accessibles à tous, omniprésentes, elles s’imposent même aux analphabètes et aux illettrés. Oui,  il y a plus d’une façon de brûler un livre, l’une d’elles, la plus radicale sans doute, est de rendre les gens incapables de lire par désintérêt pour la littérature, par simple désinformation ou par paresse intellectuelle. Une forme de censure a déjà été mise en place sans que quelqu’un réagisse : les livres sont remplacés par des ordinateurs, des tablettes et les pages d’écriture sont supprimées peu à peu.

Il est vrai que l’écriture est la science des ânes, il n’empêche qu’un peu d’efforts à l’école ne peut nuire aux enfants. Il y a une cinquantaine d’années les connaissances des élèves à l’école primaire étaient contrôlées par des compositions mensuelles et l’épreuve d’écriture (calligraphie au porte-plume) était notée sur dix comme toutes les autres : un texte court devait simplement être recopié avec des pleins et des déliés ce qui offrait à certains élèves la possibilité d’obtenir (facilement) une très bonne note dans une seule matière : l’écriture, devenue ainsi la science des ânes.

Oublions les écrans, les images, l’immédiateté ! Laissons cette société de l’éphémère, de l’instant, de la volatilité. Le plaisir n’est-il pas plus intense après avoir fait quelques efforts ?Les gouvernants ont bien compris qu’en abreuvant d’images la population, elle n’aura plus le temps ni l’envie de réfléchir. La société nous vend du rêve et des produits pour nous faire entrer dans le rang : des télévisions, des médicaments ou des drogues diverses avec pour but ultime nous empêcher de penser.

Oui, aujourd’hui la destruction de la culture est en marche. Je ne parle même pas des destructions diverses : la culture arménienne en Turquie, bretonne en France, tibétaine en Chine, la destruction de monuments comme les cimetières arméniens en Azerbaïdjan, ou la destruction de la ville de Hatra, la démotion des ruines de Nimroud, le pillage du Musée de Bagdad (pas toujours par ceux qu’on croyait) en Irak, (faut-il rappeler André Malraux et l’art khmer, le site de Banteaï-Srey)… non, je ne parle pas la Culture, j’évoque simplement  ce qui me semble indispensable au quotidien, le minimum vital de la culture : savoir lire, écrire et compter correctement, ces bases qui disparaissent peu à peu. Qu’arrive-t-il à notre école ? Qui ose regarder la vérité en face et la dire clairement ? Croyez-vous aux fadaises de Najat Vallaud-Belkacem et à sa réforme ? Des annonces et de la poudre aux yeux, comme toujours.

Donnons les moyens d’enseigner : du matériel, des livres et non des séances de blabla et des réunions stériles pour les enseignants et les élèves. Redonnons le goût d’apprendre, donnons le goût de l’effort, de la réussite. N’obligeons pas les élèves à traîner au collège ou au lycée s’ils ont besoin ou envie de concret. La culture se construit petit à petit. Il faut développer la curiosité, l’envie de savoir mais ceux qui décident ne sont jamais au contact des réalités ; ils ne cherchent qu’à se faire bien voir (en nous enfumant pour nous faire croire n’importe quoi).

Moi, j’aime les livres, les livres en papier car ils sont la voie de la liberté, de la libération, de la connaissance mais ils font peur à ceux dont l’ambition est de ne surtout pas permettre au peuple de penser par lui-même, de lui interdire de formuler la moindre objection contre l’organisation sociale. En effet, lorsque survient l’éveil de la conscience, l’humain voit les chaînes qui l’entravent et les barrières qu’on lui impose.

Il y a d’autres raisons au rejet des livres, plus économiques celles-là : les livres “gaspillent” du papier, tuent des arbres, ils attirent de moins en moins de lecteurs, ils n’utilisent pas assez la publicité, ils ne rapportent pas assez d’argent. On revient toujours à la dictature de l’argent : l’argent contre la culture. La télévision publique n’avait-elle pas, à ses débuts, une vocation, une mission culturelle, éducative, formatrice ? Or, le “service public” s’est aligné sur la rentabilité, le fric et la vulgarité générale. Joli programme !

Nous sommes incapables de réagir, incapables de faire face à la déliquescence de notre société, nous payons et nous laissons tout niveler par le bas. Nous nous désintéressons de la culture, nous préférons faire du sport pour ne pas penser, le regarder à la télévision, et  regarder passivement, en fin de compte n’importe quoi sur les écrans,  ces outils du grand décervelage : publicité, jeux, feuilletons, «informations» en boucles, télé-réalités… Stop ! Réveillons-nous ! Réagissons ! J’avais cru que Stéphane Hessel et son “Indignez-vous !” allait entrainer un véritable changement de comportements, de façon de voir le monde. Il n’en est rien. Jusqu’à quand allons-nous laisser pourrir la situation ?

Pour en revenir à la lecture, à Fahrenheit 451, si vous aimez les livres à l’atmosphère oppressante, je vois conseille “La ballade de Lila K.” de Blandine Le Callet ; l’auteur s’interroge sur l’évolution et les possibles dérives d’une société dans laquelle les livres n’ont plus droit de cité. Les célèbres “1984” d’Orwell et “Le Meilleur des mondes” d’Huxley, sont incontournables eux aussi.

Moi, je vais relire “Farenheit 451”. Pas bien bon pour le moral mais au point où j’en suis…

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4 réflexions sur « Fahrenheit 451 »

  1. Bonsoir,

    Tu parle de livres et y’a qu’à citer quelques titres de films 🙂
    – Le cercle des poètes disparus
    – Le nom de la rose

    En tout et pour tout j’ai lu un seul livre
    Le seul ou j’ai accroché dès le début et je l’ai avalé en 4 jours
    Je vais pas lui faire de la pub quoique, Charles Duchaussois
    J’ai voulu continuer à lire et au bout de 10 pages ça m’ennuyait grave
    Pas de ma faute non plus si ceux qui écrivent ne savent pas retenir le lecteur ^^

    Bonne nuit

  2. Malgré tout, je pense que comme toi, de plus en plus de monde fait le même constat et commence à se rebeller !
    Le matérialisme, et seulement le matérialisme déshumanise, et cela explique les suicides de plus en plus nombreux !
    IL y aura forcément une réaction, sans doute abusive dans l’ autre sens, comme pour les islamistes.
    L’ esprit a besoin de guides, mais ce ne sera pas avec les socialistes !
    Bonne journée Françoise
    Bisous

  3. Bon, alors je préfère lire autre chose !… d’ailleurs pas encore lue ce matin… mais je suis vraiment en retard pour tout…

  4. Autodestruction contagieuse
    Au secours les cultures se meurent
    Bonne soirée Françoise
    Frieda

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