Proverbe créole

“Ek mové zèrb i fé bon tizane”, (Avec des mauvaises herbes on fait de bonnes tisanes). Un autre dicton créole de La Réunion.

Il faut savoir que dans l’île, il a fallu bien souvent se débrouiller avec les moyens du bord pour survivre : manger des brèdes (feuilles) en tous genres, utiliser les plantes pour se soigner. Je ne parlerai pas des propriétés possibles des toiles d’araignée sur la cicatrisation, du “caca de béf” (caca de bœuf, oui de la bouse, c’est ça) contre la fièvre et de l’infusion de couvertures rouges contre les crises d’urticaire… Non, je n’en dirai pas plus aujourd’hui mais j’ai bien connu ça. Je ne parlerai que vaguement des plantes.

Une tisane est une boisson aux propriétés faiblement curatives obtenue par macération, décoction ou infusion de plantes (fleurs fraîches ou séchées, feuilles, tiges, racines), dans de l’eau chaude ou froide.

La macération consiste à laisser tremper le matériel végétal dans l’eau froide pendant plusieurs heures. On parfume ainsi de l’eau à la menthe.

L’infusion consiste à verser de l’eau chaude sur les plantes (surtout fleurs et feuilles) puis à le laisser tremper pendant quelques minutes. Par exemple : une infusion de verveine… 

La décoction consiste à jeter les végétaux (surtout des racines mais aussi des tiges, des feuilles et des fleurs) dans de l’eau, à porter celle-ci à ébullition pendant quelques minutes, avant de la consommer, quelquefois même après avoir laissé refroidir.

Quelle que soit la préparation, le liquide obtenu est en général filtré avant d’être bu, s’il le faut adouci par adjonction de sucre ou de miel.

Les vertus thérapeutiques de centaines de plantes médicinales sont connues et utilisées depuis des millénaires ; leur utilisation est systématisée dans le cadre de la phytothérapie.

Le principal inconvénient des préparations issues de plantes réside néanmoins dans leur composition très variable selon l’historique de sa préparation (conditions de la croissance de la plante, de récolte, d’entreposage, de conditionnement, de livraison, etc.) une tisane peut se révéler soit sur-dosée, soit sous-dosée au point de développer des effets contraires à ceux recherchés ou de ne plus présenter aucune efficacité. Par ailleurs, de nos jours, la présence de pesticides est possible.

Les vertus des tisanes sont nombreuses :

– visée digestive  : anis vert, badiane (anis étoilé), camomille, marjolaine (ou origan), menthe, romarin, sauge, serpolet et thym, verveine…

– calmantes : mélisse, tilleul, fleur d’oranger…

– diurétiques  : reine-des-prés, queues de cerise…

On peut mélanger les plantes pour en combiner les effets.

Certaines tisanes sont vendues comme « amaigrissantes », ce sont des tisanes purgatives et diurétiques qui font perdre quelques kilogrammes d’eau du fait de la déshydratation et qui  peuvent  être dangereuses pour la santé.

Mais il n’y a pas que des tisanes à faire avec les mauvaises herbes, on peut aussi les manger. La réputation de santé des Crétois tient sans doute à la place très importante qu’ont les plantes sauvages dans leur alimentation ; ces plantes spontanées, très concentrées en nutriments sont à la base de nombreuses recettes traditionnelles.

Mais plus encore que les Crétois (que je ne connais pas), les Aborigènes d’Australie (que je connais un peu) sont des experts en plantes. Les Aborigènes d’Australie étaient considérés comme des gens en bonne santé bien qu’ils aient vécu dans des conditions très dures ; en bonne santé avant l’arrivée des Blancs qui ont apporté microbes nouveaux et alcools divers.

Les Aborigènes avaient recours aux plantes de la brousse australienne pour cicatriser plaies et ulcères, pour lutter contre la diarrhée, les douleurs musculaires, les infections oculaires, les plaies dues aux piqûres d’insectes et de reptiles, etc. Ils utilisaient souvent l’infusion-décoction aqueuse de plantes fraîches : la sève, les feuilles, les fleurs… ainsi que les jeunes pousses, et l’écorce écrasées en emplâtre ou en application ; certaines plantes, des feuilles souvent, étaient mâchées, le jus recraché, pour traiter les affections de la bouche et les douleurs dentaires.

Ces traitements étaient sans doute aussi efficaces que nos médicaments chimiques actuels, mais que de chômeurs en plus si l’industrie pharmaceutique débauchait !

Chaque médaille a son revers, disait ma grand-mère.

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3 réflexions sur « Proverbe créole »

  1. tisanes pour le plaisir, tisanes pour le goût, tisanes pour soigner, il est grand temps de savoir faire la part des choses et choisir entre chimie et plantes

  2. j’ ai dans l’ idée, au moins en ce qui concerne les aborigènes, que leur bonne santé vient aussi du fait que leurs conditions de vies sont dures, ce qui fortifie l’ organisme.
    IL fallait bien se débrouiller sans médicaments, et on voit qu’ en Inde ou en Chine, la pharmacopée des plantes reste d’ actualité.
    Par contre, que de fois me suis je demandé comment ils ont pu déterminer que telle plante avait tel effet !
    Bonne journée Françoise
    Bisous

  3. C’est absolument vrai !!!!
    Ce que l’on appelle les mauvaises herbes sont souvent très bonne pour la santé.

    Merci pour ces informations

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