A propos d’orthographe

Il est courant d’entendre des récriminations sur le niveau « déplorable » des jeunes – et des moins jeunes – en matière d’orthographe (quelquefois pourtant, l’hôpital se fout de la charité). J’ai vu des rapports de CAPES, se plaignant du mauvais niveau en orthographe des candidats au professorat, criblés de fautes et même un enseignant de classe préparatoire relever des fautes où il n’y en avait pas, il avait oublié sans doute les règles de grammaire pour l’accord des participes passés.

Dire que l’hôpital se fout de la charité c’est remarquer que quelqu’un se moque, chez un autre, d’un défaut qu’il a lui-même. Cette expression familière date un peu mais je l’utilise encore.

Au XIIe, un hôpital était un établissement religieux destiné à accueillir les pauvres, les mendiants et autres nécessiteux. On y faisait la charité. Au XVIIe siècle, le mot désignait un établissement médical et, par métonymie, les hôpitaux gérés par des ordres religieux, comme celui des Frères ou des Soeurs de la Charité ont pris le nom de « charité », autrement dit, à cette époque, hôpital et charité avait le même sens à savoir un établissement médical. Sauf rivalité, il n’y avait aucune justification pour que l’un se moque de l’autre ; cependant, à cette époque, il existait à Lyon l’Hôtel-Dieu et l’hôpital de la Charité (tous deux plus tard gérés ensemble par les Hospices Civils de Lyon) et des documents montrent qu’il y avait effectivement une rivalité certaine entre ces deux établissements (du point de vue du malade, celles-ci étaient injustifiées, le risque d’y mourir étant probablement à peu près aussi élevé dans l’un que dans l’autre).

Pour en revenir à la désastreuse orthographe actuelle, le mal est grand et s’est répandu très vite. Le niveau d’orthographe a baissé. Le ministère de l’Education nationale l’a relevé enfin. Comment faire pour rattraper cela ?

Le vrai gros problème, c’est que tout le monde écrit, pas de longues lettres mais des textos en fonétik, ce qui permet de cacher la faiblesse de son niveau.

Le pire, c’est qu’avec l’usage croissant de l’e-mail dans l’entreprise (au détriment du courrier et des services postaux), la majorité des écrits part sans bénéficier du regard vigilant d’une secrétaire ni d’une relecture attentive. Les entreprises envoient de plus en plus souvent leurs salariés se remettre à niveau dans tous les domaines et certains dirigeants ont compris qu’un accord raté, une  mauvaise conjugaison ou un mot écorché, c’est la crédibilité de l’entrepose qui s’envole et le chiffre d’affaires qui peut dégringoler.

La dernière tendance serait d’indiquer sur son CV son niveau d’orthographe. Comme on connait le TOEIC pour évaluer son niveau d’anglais, il y a désormais le Certificat Voltaire pour l’orthographe française (une source de revenus pour les organisateurs de ce test de niveau). Pouvoir prouver que l’on a un bon niveau en orthographe est un atout lors d’une recherche d’emploi. Il signifie implicitement la rigueur, la logique, la fiabilité, l’aptitude à intégrer des règles et à les respecter. C’était le travail de l’école d’enseigner cela et les diplômes permettaient d’officialiser les acquis. Maintenant 80% d’une classe d’âge au bac et 80% de réussite à ce diplôme et le diplôme ne vaut plus rien.

Voilà où mène la démagogie, cette politique qui flatte la multitude. Elle fait oublier le goût de l’effort, celui qui pousse à se surpasser et à réussir. Et si le problème résidait dans notre faible capacité à encourager nos jeunes, à proposer des défis intéressants à relever, à notre volonté de leur effacer les obstacles (pour nous éviter les complications, les difficultés à leur expliquer et à les aider) ? Pas facile d’éduquer.

Sommes-nous tous devenus incapables de fournir des efforts quand “le jeu en vaut la chandelle” ? Je ne crois pas. Il suffit de trouver une bonne motivation, de se fixer des objectifs précis. Le vague ou l’à-peu-près tue.  

Avez-vous noté que la commune de Ferney-Voltaire qui a voulu rendre hommage à l’écrivain et philosophe Voltaire avec des plaques commémoratives…a eu quelques soucis, les plaques comportaient des fautes d’orthographe et des erreurs.

Mais les fautes à qui ?

Pas à Voltaire, c’est sûr. Encore que…

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3 réflexions sur « A propos d’orthographe »

  1. Je me souviens d’un cahier d’une de mes petites-filles, il y a…une trentaine d’années (!) sur lequel était préparé un devoir : écrire “ciseaux” sur toute la page, pour bien mémoriser le mot sans doute. Le “hic”, c’est que ciseaux était écrit…cizeaux ! (à recopier au moins….300 fois !) de quoi se mettre en tête qu’il fallait un “z” dans ce mot !
    Personnellement, j’aurais volontiers mis un beau “zéro” à la maîtresse !
    Et orthographe écrit ortographe….bon, je suis ergoteuse, c’est bien connu !
    Mais les élèves, qui ont appris à écrire “comme ça”, ne sont pas responsables !
    ….. Mon père disait toujours qu’il ne fallait pas mettre “3 p” à papa !

  2. Ah… oui. Je découvre grâce à Trublion que les commentaires sont fermés et je me demande bien pourquoi.je fais un test pour voir si ça marche. Mouais… je ne comprends toujours pas pourquoi, les commentaires sont fermés.
    Ça y est. Réparé. Un bouton malencontreusement appuyé… et hop, ça ne marche plus. Et re-hop, ça remarche.

  3. j’ en attribue la cause à la volonté de niveler par le bas, au lieu de donner la place d’ honneur au mérite !
    On a rien sans rien disait on, et quel dommage de priver les enfants du plaisir éprouvé lors d’ une réussite après l’ effort

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