Le pont Alexandre III fut inauguré pour l’Exposition Universelle de Paris en 1900. C’est un pont métallique de 40 mètres de large, composé d’une seule arche de 107 mètres comprenant trois points d’articulation. Il permet de franchir la Seine sans point d’appui intermédiaire et relie le VII° au VIII° arrondissement.
Le pont, dont la première pierre fut posée par le tsar Nicolas II de Russie en 1896, était destiné à symboliser l’amitié franco-russe reconnue par le traité d’alliance signé en 1891 entre le Président de la République Française : Sadi Carnot et le tsar Alexandre III. Mais pourquoi cette alliance ?
Depuis sa défaite face à l’Allemagne en 1871, la France était isolée sur le plan international. Le chancelier allemand Bismarck avait savamment distillé la menace d’une revanche française auprès des autres grandes puissances européennes pour constituer contre elle, en 1882, la Triple Alliance : Allemagne, Autriche et Italie. Puis la Russie s’était alliée avec l’Allemagne.
Au début des années 1890, Bismarck est « remercié » par le nouvel empereur allemand Guillaume II ; la Russie voit ses intérêts dans les Balkans s’écarter de ceux de l’Allemagne et de l’Autriche. La Russie rompt ses alliances et signe un traité avec la France en 1891. Les emprunts français, qu’elle obtient en retour, lui permettent de financer la colonisation de la Sibérie par la construction d’un réseau de voies ferrées (Transcaspien, Transsibérien) jusqu’en Asie. (Ce sont ces fameux emprunts russes, jamais remboursés, qui ruinèrent en 1917 un grand nombre de Français.)
Construit dans l’axe de l’esplanade des Invalides, le pont Alexandre III conduit des Invalides aux Petit et Grand Palais, également construits pour l’exposition universelle de 1900. Il fut décidé de détruire le Palais de l’Industrie pour le remplacer par les deux Palais, de part et d’autre d’une voie qui prolongerait la place des Invalides.
Le cahier des charges du pont prévoyait qu’il soit suffisamment plat pour qu’on puisse voir entièrement les Invalides depuis les Champs-Élysées. Il ne devait pas entraver la navigation et avoir un tirant au moins égal à celui des ponts les plus modernes. Sa largeur devait être proportionnée à celle de l’avenue qu’il prolongeait : d’abord envisagée à 50 m, elle fut arrêtée à 40 m pour ne pas trop perturber la navigation. Il devait être symétrique et décoratif (d’où une largeur imposée des quais de 22,50 m). Le pont fut réalisé en acier moulé. Afin de résister à l’énorme poussée horizontale, il fut doté de culées très massives. Les fondations furent creusées sous caisson pressurisé. Il y eut 29 accidents de décompression plus ou moins sérieux, mais aucun mortel.
Il est classé au monuments historiques depuis le 29 avril 1975.
Reconnaissez avec moi que ce pont est un peu « chargé » mais beau et que ses points de vue sont magnifiques.
Ci-contre les toits du Grand Palais vus du pont Alexandre III.
Le pont a plusieurs fois changé de couleur ; il est passé du gris au vert-brun puis au gris perle. Il a repris sa couleur d’origine (gris perle) lors de son unique restauration en 1998.
Les éléments remarquables de ce pont sont les décorations de style « Beaux-Arts », un peu chargées, qui font oublier la prouesse de l’arc unique. Oserai-je avouer, à nouveau, que j’aime ce pont un peu trop décoré ?
Des statues, des guirlandes, une profusion d’ajouts, d’éléments de décoration. Vous voyez l’alignement de lampes tout le long du pont (photo au dessus), mais vous pouvez admirer :
1 – les quatre renommées (statues allégoriques) au sommet des pylônes d’entrée (aperçue en haut à droite de la photo du dessus) qui représentent :
- rive droite, amont : La renommée des arts,
- rive droite, aval : La renommée des sciences,
- rive gauche, amont : La renommée du combat,
- rive gauche, aval : La renommée de l’industrie.
- rive droite, amont : La France du Moyen-Âge,
- rive droite, aval : La France moderne,
- rive gauche, amont : La France de la Renaissance,
- rive gauche, aval : La France sous Louis XIV.
A droite, c’est la statue « France de la Renaissance »
3 – les groupes de lions conduits par des enfants aux entrées
4 – les différents groupes en bronze ou cuivre s’échelonnant sur le pont sont :
- Les amours soutenant les quatre lampadaires (voir photo),

- Quatre génies avec des poissons et des coquillages,
- au centre en amont : Nymphes de la Neva avec les armes de la Russie,
- au centre en aval : Nymphes de la Seine avec les armes de Paris.
Le pont Alexandre III est toujours très fréquenté, les piétons sont surtout des touristes dont je fais régulièrement partie.

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