Le Petit Pont actuel est le plus petit pont de Paris (32 m de long et 20 de large). C’est un pont de pierre qui a été construit en 1853. Le plus petit certes, mais doté de bien des histoires plus ou moins tragiques.
Le premier pont situé à cet endroit date de la période romaine quand Paris s’appelait encore Lutèce. Son nom provient du fait qu’il permettait de franchir le petit bras du fleuve et par opposition à un » Grand-Pont » qui deviendra le pont au Change, d’autres disent que le grand pont, c’est le pont Notre-Dame (qui ne dessert même pas le parvis, le plus proche étant le pont au double). Du temps des Romains, le pont servait à traverser la Seine mais aussi, ce qu’on a oublié, à défendre la ville et celles en amont, en empêchant le passage des envahisseurs en bateaux, les Normands (qui n’avaient peur de rien, étant bien connus pour ça, voir Astérix ).
Au Moyen Âge, le pont sera construit et reconstruit en bois : celui de 1185 est détruit en 1196 par une crue, puis cinq (5) autres fois entre 1200 et 1390. Il est surnommé le « pont des malheurs ». Entre 1394 et 1406, le roi Charles VI fait construire un pont à trois arches qui sera lui aussi emporté par les eaux. Reconstruit entre 1406 et 1416, le pont résistera jusqu’au XVIIe siècle mais souffre des crues de 1649, 1651, 1658 et 1659 (remarquez bien 4 crues en 10 ans).
Le pont est totalement détruit par les flammes en 1718 (un incendie qui durera trois jours puisque le quartier entier brûle et tout ça pour la crédulité d’une mère éplorée. Bon, je vais faire une grande parenthèse, ça fait longtemps que je ne l’ai pas fait, non ? Alors voilà ce qui est arrivé : ayant appris que son fils était mort noyé dans la Seine, une mère désireuse de retrouver le corps, pour pouvoir faire son deuil, dit-on aujourd’hui, met en pratique une croyance de l’époque. Il suffisait de poser sur le fleuve, à l’endroit où l’enfant avait disparu, un minuscule esquif de bois portant un morceau de pain béni et une bougie allumée. Le « navire » porté par le courant, est censé s’arrêter à l’endroit où gît le corps. La malheureuse mère met à l’eau le morceau de bois, en aval du pont de la Tournelle sur le petit bras de la Seine. Hélas, hélas, hélas. Sur son trajet, le morceau de bois heurte un bateau chargé de foin auquel la bougie met le feu. Le bateau prend feu, dérive à son tour, vient heurter le Petit-Pont. Les flammes embrasent les structures de bois et les maisons montées sur le pont ; l’incendie se répand ainsi de maison en maison pendant trois longs jours… L’histoire ne dit rien sur le cadavre du fils ni sur la mère. Combien de morts supplémentaires et combien de dégâts ? Crédulité et obscurantisme…)
Le pont incendié est remplacé un an plus tard par un autre toujours en bois. En 1850, un véritable pont en pierre est enfin construit au même emplacement.
Sous le second Empire, les travaux d’Haussmann touchent aussi l’aménagement de la Seine et des ponts. Dans ce cadre, il est décidé d’améliorer la navigation sur le petit bras de la Seine. Les arches du Petit-Pont, étroites, tout comme celles du Pont-au-double, sont des obstacles au passage des bateaux et de péniches. Les deux ouvrages d’art sont remplacés par une construction à arche unique.
Sous la direction de l’ingénieur Michal et de l’entrepreneur Gariel est alors lancée en 1852 à partir de dessins de Lagalisserie et de Parcel, un nouvelle version du Petit-Pont en maçonnerie à une seule arche de 32 m d’ouverture, celle que vous connaissez.
Enfin du solide, pas vrai ?

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