Le beurre et l’argent du beurre

Depuis une semaine, je réfléchissais à la vérité, au mensonge, à l’hypocrisie… Fait exprès, l’actualité collait. DSK était partout avec les non-dits, les mensonges… A-t-il menti ? Qui dit la vérité ? Quelle est la vérité ?  Espérons que le temps fera la lumière sur l’affaire et que justice sera rendue  équitablement.

Comme à chaque fois qu’un événement extraordinaire se produit, «on» ne parle plus que de ça. C’est fatigant, comme les mariages princiers, les matchs de foot… Les medias se déchaînent pour nous satisfaire (du moins le croient-ils). Moi, ça me saoule.

Saoulée (au figuré), et hop (comme toujours), mes idées partent dans tous les sens, s’éparpillent. J’essaie de les attraper et de canaliser : pas facile, on dirait qu’elles veulent vivre sans moi.   Puis des renforts arrivent : des mots comme saoul, ivrogne, AA (Alcooliques Anonymes), bière, vin, champagne, nouvelles idées, citations, auteurs. Et voilà que Jules Renard me rappelle, qu’un jour (Journal du 8 janvier 1896), il a écrit : «J’ai soif de vérité. Prends garde à l’ivrognerie.» Comme pour tout, c’est l’excès qui nuit. Et c’est reparti, excès, un verre, ça va… dégâts, «roulez bourrés», beurrés… Tiens il y a  même des expressions beurrées ! Il y en a plusieurs : «vouloir le beurre et l’argent du beurre», «compter pour du beurre», «le fil à couper le beurre», «un œil au beurre noir», sans compter sur le «beurre dans les épinards». C’est à ce moment-là que je me suis dit « Hop, et pourquoi pas encore un petit coup d’expressions françaises » axées sur le beurre.

Je commence avec celle qui est la plus en vogue depuis plusieurs années : Vouloir le beurre et l’argent du beurre.

Vouloir le beurre et l’argent du beurre signifie tout vouloir sans contrepartie, vouloir gagner sur tous les plans.

Cette expression nous vient du bon sens paysan, à la fin du XIXe siècle. Le peuple, en ce temps-là, était un parangon de sagesse.

Un bon paysan honnête qui veut vendre le fruit de son labeur, conçoit bien que lorsqu’il vend son beurre, il en perçoit la contre-valeur en argent. Il sait qu’il fabrique, puis  encaisse l’argent, mais qu’il ne pourra jamais garder le beurre, histoire de pouvoir le revendre encore et encore. Vouloir toujours tout garder pour soi, vouloir tout gagner sans rien laisser aux autres, c’est vouloir le beurre et l’argent du beurre, mais c’est voler, et voler c’est pas beau.

Même si on réussit temporairement et honnêtement à garder le beurre et l’argent du beurre, dans des ventes à terme sans spéculation, ou moins honnêtement, en spéculant sur le prix à terme, on se séparera du beurre au final.

Notez bien que le beurre, comme l’argent, peuvent fondre très facilement et rapidement au soleil et que dans certains quartiers chauds des banlieues, il arrive que l’on trouve ensemble le beur et l’argent du beur. C’est d’ailleurs ce qui intéresse un certain nombre d’individus dont Jean-Marie Le Pen qui a entendu la voix du Seigneur le rappeler à l’ordre. Il faut que je vous raconte pourquoi.

Jean-Marie était parti sillonner les routes de France, en vue de récolter quelques voix supplémentaires pour Marine, sa fille. Or, un soir, alors qu’il conduisait  près d’un hameau désert, il renverse un piéton. Il s’arrête et constate le décès du quidam, maghrébin au demeurant. Jean-Marie, plein de bon sens se dit que plus rien ne  peut désormais nuire  à la victime, autant le dégager, et au fossé  mettre le macchabée. Soudain, sous les yeux ébahis de Jean-Marie, de la poche de la veste surgissent de nombreux billets enliassés. Pas vu, pas pris, Jean-Marie s’en saisit. Une voix sépulcrale se fait soudain entendre : « Jean-Marie, le Beur oui, mais pas l’argent du beur ! »

Cette expression française connaît une légère variante puisqu’elle s’est enrichie quelquefois, d’une allusion érotique : “le beurre , l’argent du beurre et la crémière par dessus le marché » ou quelquefois « le beurre, la crémière et la fille du laitier”.

Notre expression se retrouve aussi au Maghreb avec un sens péjoratif pour dire d’un homme qui abuse de son entourage, en d’autres termes, “qu’il déjeune de ce monde et dîne des bienfaits de l’au-delà” (on dit aussi qu’il mange à tous les râteliers dans ce cas-là). Pour rester plus proche de notre expression française, une expression tunisienne qui note l’abus de celui qui obtient le gîte et le couvert gratuitement et généreusement, et qui ose demander les faveurs de la fille de la maison qui l’héberge , on dira qu’il attend de son hôte :  “son couscous et sa fille”

Usez, n’abusez point ; le sage ainsi l’ordonne.

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Boire ou ne pas boire ?

Toujours boire avec modération.

« N’est-il pas raisonnable de penser que les gens qui ne boivent jamais de vin sont des imbéciles ou des hypocrites ?

Des imbéciles, c’est-à-dire ne connaissent ni la nature, ni l’homme…

Des hypocrites, c’est-à-dire des gourmands honteux, des fanfarons de sobriété, buvant en cachette ou ayant quelque vie occulte…

Un homme qui ne boit que de l’eau a un secret à cacher à ses semblables. »

Charles Baudelaire

Qu’est-ce que vous buvez ?

Moi je vous conseille “variez”.

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Petits règlements de comptes en famille

Il est normal, habituel au sein d’une famille de s’aimer les uns les autres. Normal mais pas universel.

Quand nous aimons quelqu’un, un enfant surtout, le moindre de ses gestes, de ses regards, la moindre de ses paroles prend une importance considérable. Plus nous aimons, plus nous nous inquiétons, plus nous attachons de l’importance aux mots, aux actes, aux gestes. Plus nous aimons, plus nous nous y accrochons à ces mots, ces actes, ces gestes.  Nous analysons, nous réfléchissons, nous craignons et nous souffrons. Difficile de prendre du recul avec l’amour, l’affection, l’attachement.

Et tout ça commence au berceau. Nous nous construisons petit à petit avec nos frustrations, nos manques, les ratés de la vie, les loupés des parents, avec ce que l’on reçoit bien sûr, mais plus encore avec ce dont on a été privé : l’amour, l’attention, la tendresse. L’absence d’un parent prend une place énorme que l’on compense comme on peut. Pour le coup, je sais de quoi je parle, mon père est mort avant ma naissance.

Est-ce que les bébés comprennent tout ?  In utero déjà ? Personne ne le sait vraiment. Moi j’ai tendance à dire : “oui.” J’ai dû ressentir le chagrin de ma mère quand elle m’attendait. Les larmes d’une femme enceinte, est-ce bon pour le bébé ? Et ses angoisses après ? Plus tard, ma mère s’est remariée. J’étais ravie. J’ai eu un frère et une sœur mais cette impression d’être de trop m’a poursuivie.  Bien sûr, je sais qu’il y a tellement pire que le manque quand je lis ou que j’entends les horreurs de la violence ou surtout celles de l’inceste, mais quand même…

Comment trimballer un boulet ? Certains se résignent, moi je me suis révoltée. Depuis toujours ! Comme ce que je voulais était impossible, je me suis fabriqué un monde à moi, à la fois trop beau pour être vrai et en même temps si cruel qu’il fallait que je me batte pour survivre, en me racontant des histoires au début, jusqu’à  l’âge de cinq ans à peu près, quand ma sœur est née. Là, je rentrais dans la normalité. Je le croyais.

Puis je suis devenue adolescente et c’était mai 68. J’ai réclamé (en quelque sorte) mon dû : la liberté, la liberté de parler. Jusqu’à cette date, pas trop facile de parler à table, et encore moins de se mêler des affaires des grandes personnes. J’ai voulu changer le monde, celui dans lequel je vivais, repousser les frontières, les frontières sociales dans un premier temps. Je ne resterai pas dans mon quartier ouvrier. Je ne le renie pas, j’y retourne encore mais je ne voulais pas rêver petit. Et j’ai continué à rêver mais en faisant le maximum pour donner de la réalité à mes rêves. Prétentieuse, orgueilleuse, ambitieuse, m’a-t-on dit.  Je voulais tant de choses. Je voulais voyager, je l’ai fait…

Pourtant se battre tout le temps est épuisant. A certains moments, on se laisse emporter par le courant de la vie. Je n’avais pas vraiment d’objectifs précis et je me suis adaptée aux événements. Je crois que c’est l’adaptabilité qui sauve de tout.

J’ai bien essayé de réclamer, d’expliquer ce que j’attendais, mais il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre. J’ai crié pour qu’on m’entende mieux. Je me suis mise en colère, ce qui ne sert à rien.  Il faut régler ses comptes avec soi-même avant de crier. Chez moi, le besoin de confrontation était aussi un moyen de tester ma force (de caractère), d’affirmer mon existence. J’aurais voulu régler mes comptes avec ma mère, puis avec tout le monde, expliquer, comprendre et faire la paix, faire table rase du passé. Impossible. Illusion. Illuminée que j’étais.

Les parents parfaits n’existent pas. Nous devons faire notre vie sans eux, loin d’eux. J’ai mis dix mille kilomètres entre ma mère et moi. Le courage de fuir ?

Alors au lieu de toujours résister, j’ai fini par accepter. J’avais enfin grandi. Non, non, pas vieilli : grandi ! Ce que je n’ai pas eu, ce qui n’est pas arrivé, j’ai fait une croix dessus. Ie n’ai pas dit “adieu les rêves”, j’ai dit “bonjour” à d’autres, sans doute. Il y a tant d’autres choses plaisantes autour de moi. Cette soif d’amour inextinguible pouvait s’étancher ailleurs que là où je voulais. J’ai réussi à faire le deuil de cet amour impossible. Peut-être qu’elle m’aimait, ma mère, et qu’elle ne savait pas me le dire ? Mais non, je n’y crois guère et surtout je n’y crois plus. Je ne me raconte plus d’histoires. Au fond, la chance c’est que c’est ma mère, elle-même, qui m’a libérée. Sans le savoir ? Je voulais lui plaire. Rien ne lui convenait. J’ai enfin compris : “Si tu te forces pour être quelqu’un d’autre, qui sera toi ?” (dicton russe).

Au fond, j’ai de la chance ! La chance d’être rebelle et de ne pas écouter les bons conseils basés sur des sentiments mielleux et hypocrites. J’ai regardé la vérité en face. Ca fait mal un temps et puis ça passe.

Les cicatrices ne sont pas douloureuses à plein temps.

Pas vrai ?

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La vérité sur l’amitié

 

Un ami c’est quelqu’un qui vous connaît bien et qui vous aime quand même. Hervé Lauwick (1891), romancier

Il ne faut jamais juger les gens sur leurs fréquentations : Judas, par exemple, avait des amis irréprochables. Paul Verlaine

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Le devoir de vérité

Ai-je le droit de mentir, de me taire ou dois-je toujours dire la vérité ?

Il y a deux jours je réfléchissais sur le droit ou le devoir de se taire. Ce n’est pas simple.

Dans la revue Les Temps Modernes, Jean-Paul Sartre souligne le devoir de vérité de l’écrivain qui se doit de dénoncer tout scandale qu’il connait au point que le silence est une sorte de complicité du crime : “L’écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi. Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu’ils n’ont pas écrit une ligne pour l’empêcher. Ce n’était pas leur affaire dira-t-on ? Mais le procès de Calas, était-ce l’affaire de Voltaire ? La condamnation de Dreyfus, était-ce l’affaire de Zola ? L’administration du Congo, était-ce l’affaire de Gide ? Chacun de ces auteurs, en une circonstance particulière de sa vie, a mesuré sa responsabilité d’écrivain.” (Situations)

Il est de la responsabilité, du devoir de l’écrivain de dire la vérité quand il la connait. C’est encore plus vrai, plus indispensable de la part du journaliste : il doit dire la vérité, ne pas la déformer non plus.

Que penser des medias qui se déchainent sur tel ou tel sujet ? Ils sont tous si dépendants de leurs lecteurs et des politiques que bien souvent, ils ne disent que ce qu’on veut entendre ou que ce qu’on leur dit de dire. Medias pour pleurer, medias pour rêver, medias pour casser… Quand donc des medias pour dire la vraie vérité ? Chaque fois, je pense à la Pravda, tu parles d’une vérité à cette époque, dans le même temps Soljenitsyne était au Goulag.

Que sont devenus les Gide, Zola et Voltaire ? Ont-ils été bâillonnés par le pouvoir ou se sont-ils autocensurés ?

Dire est un devoir absolu de l’homme envers chacun, si grave soit le préjudice qui peut en résulter pour lui. Ne pas dire la vérité est une lâcheté et la dire une forme de courage. Adieu les petits singes de la sagesse asiatique !

Mais que faire quand vous dites la vérité et que personne ne veut l’entendre ?

Les officiels à qui vous racontez un abus sur mineur vous renvoient en disant que ce n’est pas de votre ressort. Vous n’êtes pas concernés. Ah ? Ce n’est pas votre famille, ni votre travail, même pas votre responsabilité. Vous cherchez tous les moyens de vous faire entendre, puis  vous finissez par lâchement baisser les bras. Trop lourd, trop long, sans suite…

Quand c’est un secret de famille que vous découvrez, vous l’évoquez, vous voulez le révéler, on vous fait taire. Vous êtes seul, vous vous taisez. Et un jour, le secret apparaît au grand jour, comme si la vérité avait des moments pour être connue. Oui, il y a des moments plus propices. Pour quoi ? Pour qui ?

La vérité est ou elle n’est pas. Quand elle fait souffrir avec des conséquences irrémédiables, peut-être faut-il la taire mais quand elle n’est que question de confort pour quelques-uns et qu’il n’y a pas de honte, pourquoi se taire ? Pourquoi faire taire ?

Je pense à l’histoire de François Mitterrand et de Mazarine : un secret de Polichinelle mais un secret quand même. Tonton mort, Mazarine apparaît dans la lumière. Combien d’enfants cachés ? Pourquoi leur laisser ce poids ?

Pour l’image des coupables ? Et après ?

C’est vrai que dans une démocratie, tu peux te moquer des vivants, pas des morts. Et ceux qui restent, qu’en penser ? Ont-ils été complices du silence ? Pourquoi ? Est-ce glorieux ?

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La réactivité

Voilà ce qu’on appelle la réactivité ! Cliquez sur “victime de la bonne” : une parodie qui n’est pas charitable mais le fallait-il : être charitable ?

Puisqu’on peut rire ou sourire de presque tout !

victime de la bonne

Pensez aussi à Soeur Sourire : (cliquez)

Dominique, nique, nique
S’en allait tout simplement,
Routier, pauvre et chantant
En tous chemins, en tous lieux,
Il ne parle que du Bon Dieu,
Il ne parle que du Bon Dieu

Bonne journée !

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Politesse, respect, hypocrisie

« Ôte-toi de mon soleil »

L’art de dire la vérité ?

C’est Diogène de Sinope ou Diogène le cynique, ou Diogène (tout court), philosophe grec  le plus célèbre représentant de l’ école cynique, qui a prononcé cette phrase.

La légende a accumulé énormément d’anecdotes et de bons mots, cette abondance rendant leur authenticité (un peu ?) douteuse. Les portraits de Diogène divergent : présenté une fois comme un philosophe, clochard, débauché, hédoniste, irréligieux, une autre fois comme un ascète sévère,  voire même héroïque. Il est évident que le personnage a  marqué, dans un premier temps, les Athéniens, puis, la postérité.  Il vivait dehors dans le dénuement le plus total, vêtu d’un simple manteau, muni d’un bâton, d’une besace et d’une écuelle (et même sans gamelle plus tard). Dénonçant l’artifice des conventions sociales, il prêchait la nécessité d’ une vie simple,  proche de la nature, et vivait lui-même dans un tonneau ou plus probablement d’une jarre (la terre cuite protège mieux des intempéries que le bois ; quand il fait chaud ? je ne sais pas. Le bois est moins “cuisant”).

Par contre, Diogène avait l’art de la parole mordante. Il ne se privait pas de critiquer ouvertement les grands hommes et les autres philosophes de son temps dont Platon faisait partie.

« Je cherche un homme » était une phrase qu’il répétait en parcourant la ville (il cherchait un homme, un vrai, un courageux). « Ôte-toi de mon soleil », fut sa réponse à Alexandre, roi de Macédoine, qui lui demandait s’il avait besoin de quelque chose. Le roi aurait répondu “N’as-tu pas peur de moi ?” Avancée de la réflexion par question (méthode philosophique) : “Qui es-tu donc ? Un bien ou un mal ?” Que pouvait répondre le roi interrogé ? Sa réponse fut bien évidemment “Un bien !”, ce qui permit à Diogène de conclure en demandant “Qui donc pourrait craindre le bien ?”

Ce n’est pas une réponse que j’ai pu donner pour le moment, mais je la garde en mémoire. On ne sait jamais. Ca peut servir.

Je ne crois pas être asociale, ni même misanthrope,  non je crois que je suis lucide et quelque peu philosophe. La lucidité m’accompagne depuis si longtemps… depuis toujours, je crois (pas facile tous les matins). Quant à la philosophie, pas celle du lycée, la philosophie naturelle, celle de la sagesse, de la vie , elle me vient, comme à tout un chacun, avec l’âge. Je me dis que le soleil devrait briller réellement  pour tout le monde. Pas facile non plus d’y arriver ! C’est cette part de rêve qui m’empêche sans doute de trop vieillir, au moins dans la tête et qui me pousse à continuer à me rebeller, à contester.

Je ne veux pas être hypocrite. Tant pis si ça dérange. “On” me dérange, je ne vois plus pourquoi je devrais tout accepter et ne rien demander. J’ai donné. Assez !

Comme ma grand-mère m’a plutôt bien élevée, je connais le b.a.ba de la politesse et des bonnes manières, j’essaie d’être la plus courtoise possible, au risque de passer pour une idiote, mais sans jamais être obséquieuse. Je n’oublie pas que la politesse est “la plus acceptable des hypocrisies”, selon Ambrose Bierce dans son Le Dictionnaire du Diable, 1911 mais aussi l’expression de la lâcheté ; c’est toujours ce besoin de ne pas être dérangé dans ses habitudes, son ronron quotidien qui domine : paresse et peur. Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir,1882, a écrit : « “Il est si poli !” – Oui, il a toujours dans sa poche une douceur pour le cerbère et il est si craintif qu’il prend tout le monde pour un cerbère, toi tout autant que moi, — voilà sa “politesse”. »

Je ne vous conseille pas de mordre (encore que, si c’est vraiment nécessaire),  je vous dis de vous faire entendre et respecter et de ne craindre ni dieu ni diable et de vous dire peut-être comme Brassens, Ferrat, Breton, et bien d’autres “Je n’ai ni Dieu ni maître !”, en tous cas pas un Dieu codifié dans des musées dorés, mais  un Dieu à moi, un “Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps” , celui proposé par Voltaire.

Même si vous vous sentez très civilisés, ne soyez pas hypocrites, soyez courtois mais n’oubliez pas d’être respectueux envers VOUS d’abord.

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Vivre avec 800 € par mois quand les banques enfument le monde

N’est-ce pas révoltant ?

Désolée, l’information du  jour n’est plus très fraîche et pas très gaie, mais ça n’a pas changé depuis le 15 avril 2011. Je vous l’envoie.

Par Jean Matouk | Economiste | 15/04/2011 | 16H00

Lundi 11 avril, France Inter reçoit, dans sa matinale, Christine Lagarde. Il s’agit d’un entretien suivi, comme à l’accoutumée, de questions d’auditeurs. Une retraitée expose : elle essaie de vivre avec 800 euros par mois et en réalité, sans les fortes privations qu’elle s’inflige, cette somme ne lui permettrait de vivre que quinze jours. Réponse de la ministre :

« Le gouvernement a tout a fait conscience de votre problème et c’est pour cela qu’il a décidé d’augmenter de 2% les pensions de minimum vieillesse. »

En fait, le gouvernement a augmenté le minimum vieillesse de 4,7% et les pensions, effectivement, de 2%. Notre retraitée va donc percevoir 16 euros de plus par mois. De quoi se plaindrait-elle ?

Le meilleur de l’entretien est à venir. Un autre auditeur s’inquiète de la capacité de l’Europe à continuer de venir en aide aux pays débiteurs en difficulté : Grèce, Irlande, demain Portugal, et ensuite ? Réponse (résumée) de la ministre : pas d’inquiétude ! L’Union européenne dispose d’un fonds de soutien de 500 milliards d’euros. Elle a de quoi aider. On en a encore sous le pied !

La petit dame à 800 euros n’écoutait peut-être plus la radio. Si elle l’écoutait, elle a dû être sidérée.

Christine Lagarde n’est pas en cause elle-même. Elle participe simplement d’un monde séparé par un vide effectivement « sidéral » de celui, réel, de millions de Français.

Quels discours a, en effet, entendu cette brave dame à 800 euros depuis trois ans ?

En 2008 puis 2009, notre chef de l’Etat lui a exposé que, pour éviter la récession, il injectait des dizaines de milliards dans notre économie ; vers la même époque, il lui a aussi expliqué qu’il était contraint d’avancer aux banques des dizaines d’autres milliards, pour éviter leurs faillites, tout en critiquant vivement, par ailleurs, leur gestion déplorable qui avait conduit à cette situation.

Il n’y a eu, en France du moins, aucune subvention aux banques : celles-ci ont remboursé les avances et versé des intérêts ; mais entre-temps, les démagogues d’extrême droite et gauche se sont époumonés à répéter qu’il y avait « de l’argent pour les cadeaux aux banques et rien pour les pauvres ».

Quand arrivent les résultats 2010, la même dame, puisqu’elle écoute France Inter, entend énumérer les résultats faramineux des banques, dont certaines étaient proches de l’agonie deux ans plus tôt :

  • 7,8 milliards pour BNP-Paribas ;
  • 3,6 milliards pour le Crédit Agricole ;
  • 3,2 milliards d’euros pour la Société Générale presque « ruinée » deux ans plus tôt par l’horrible Kerviel..

Elle entend aussi annoncer que les revenus des dirigeants des banques ont retrouvé à peu près leur niveau antérieur : 1,5 million pour l’un, 2,5 millions pour l’autre… Et aux Etats-Unis, de 10 ou 15 millions par an !

Mais ces malheureux dirigeants de banques ont un petit problème en Europe compte tenu des dispositions sataniques prises par les Etats qui les ont sauvés, deux ans plus tôt : elles leur interdisent de verser les mêmes boni qu’autrefois à leurs traders, ce qui fait fuir ceux-ci en Asie…

Il n’y a d’ailleurs pas que les banquiers. Les chefs des grandes entreprises aussi participent à la fiesta 2010 des millions :

  • Franck Riboud (Danone) : 4,4 millions ;
  • Bernard Arnault (LVMH) : 3,8 millions ;
  • Jean-Paul Agon (L’Oréal) 3,3 millions ;
  • Henri de Castries (Axa) : 3,2 millions ;
  • Larf Olofsson (Carrefour) : 3,1 millions, comme Gérard Mestrallet (GDF-Suez) ;
  • Martin Bouygues : 2,5 millions, à peu près comme Christophe de Margerie (Total) ;
  • Denis Kessler (Scor) : 2,3 millions, comme Henri Proglio, à l’époque à Veolia…

Comment ces gens, ou leurs délégués rémunérés à due proportion, peuvent-ils regarder en face et discuter le bout de gras, voire négocier, dans les comités d’entreprise avec les représentants de leurs salariés ? De telles différences de salaires créent des différences de nature. Ces interlocuteurs ne sont plus du même monde. Entre eux s’est créée une sorte de barrière des espèces

Par parenthèse, même lorsqu’on a, comme c’est mon cas, dirigé des banques, accueilli et fréquenté des clients très aisés, ayant de hauts patrimoines en gestion, on a quand même du mal à imaginer ce que ces hommes font de telles sommes une fois achetés l’appartement de 300 m2 au centre de Paris ou Bruxelles, la villa à Capri et le chalet à Davos, et consommées les vacances les plus luxueuses.

Ils font gérer les énormes surplus dans des fonds, ce qui accroît un peu plus la sphère financière en même temps que leurs revenus futurs. Rêvons ! S’ils avaient, depuis dix ans, investi chacun, chaque année, la somme – ridicule pour eux – de 300 000/400 000 euros par an, dans une ou deux petites entreprises technologiques en création, la France disposerait largement de sa Silicon Valley…

Les inventions attendent dans les labos, comme les docteurs ès sciences.

Et voici que notre même petite dame à 800 euros apprend, en mai 2010, que la Grèce est étranglée par sa dette, et que l’Europe et le FMI doivent voler à son secours, pour 45 milliards d’euros. Elle apprend, il y a un mois, qu’il faut d’urgence 24 milliards d’euros à l’Irlande pour racheter – devinez quoi – ses banques, et qu’aujourd’hui c’est le Portugal qui tend la sébile pour 75 milliards.

Comme le dit si prosaïquement madame Lagarde, heureusement que l’Europe « en a encore sous le pied ». Ce que la dame à 800 euros euros ne saura probablement jamais, c’est que ces Etats sont étranglés… par l’action des banques américaines et européennes. Celles-ci vendent à terme les dettes de ces Etats, provoquant la baisse effective du titre au comptant, engrangeant donc les bénéfices de leurs ventes à terme tout en faisant augmenter le taux que demandent les prêteurs pour renouveler le prêt.

Pire ! Dans le cas de la banque américaine Goldman Sachs, on découvre que c’est une de ses employées, particulièrement talentueuse, qui a aidé le gouvernement grec a maquiller les comptes de la Grèce avant l’entrée dans l’euro ! Compliqué ? Un peu ! Mais là est le secret de l’« enfumage » du monde entier par ces banques avec la complicité des Etats.

Conclusion : les Français sont vraiment très raisonnables. S’il ne l’étaient pas, aux élections régionales de 2010, comme aux dernières cantonales, le Front national et l’extrême gauche auraient dû à eux deux faire 80% des suffrages exprimés ! Avec la même abstention de 50% !

Mais notre petite dame à 800 euros, qui fait partie de ces Français bien sages, doit attendre bien tranquillement les 16 euros que lui a annoncés Christine Lagarde.

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Le jour où je me suis aimé pour de vrai

Si vous retournez à mes premiers articles de 2011, je “dissertais” sur l’estime de soi et sur bien d’autres choses. Je crois que la douleur transpirait. Je me libérais. Le temps a passé. J’ai maintenant envie de parler pour aider ceux qui se sentent coincés. Et le hasard fait bien les choses. Dans le blog de La Vieille Marmotte, j’ai trouvé ce texte de Charlie Chaplin qui m’a “parlé” : comment grandir à peu de frais, car finalement tout ne tient qu’à soi.

Je n’ai pas changé un seul mot, juste les caractères d’imprimerie, le format des paragraphes et la photo.

**********

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai compris qu’en toutes circonstances j’étais à la bonne place, au bon moment. Et alors, j’ai pu me relaxer.

Aujourd’hui je sais que cela s’appelle… l’Estime de soi.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle n’étaient rien d’autre qu’un signal lorsque je vais à l’encontre de mes convictions.

Aujourd’hui je sais que cela s’appelle… l’Authenticité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai cessé de vouloir une vie différente et j’ai commencé à voir que tout ce qui m’arrive contribue à ma croissance personnelle. Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… la Maturité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai commencé à percevoir l’abus dans le fait de forcer une situation ou une personne, dans le seul but d’obtenir ce que je veux, sachant très bien que ni la personne ni moi-même ne sommes prêts et que ce n’est pas le moment… Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… le Respect.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai commencé à me libérer de tout ce qui n’était pas salutaire, personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie. Au début, ma raison appelait cela de l’égoïsme. Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… l’Amour propre.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai cessé d’avoir peur du temps libre et j’ai arrêté de faire de grands plans, j’ai abandonné les méga-projets du futur.

Aujourd’hui, je fais ce qui est correct, ce que j’aime, quand cela me plait et à mon rythme. Aujourd’hui, je sais que cela s’appelle… la Simplicité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai cessé de chercher à avoir toujours raison, et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.

Aujourd’hui, j’ai découvert… l’Humilité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir. Aujourd’hui, je vis au présent, là où toute la vie se passe.

Aujourd’hui, je vis une seule journée à la fois. Et cela s’appelle… la Plénitude.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai, j’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir. Mais si je la mets au service de mon coeur,  elle devient une alliée très précieuse ! Tout ceci, c’est… le Savoir vivre.

Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter, du chaos naissent les étoiles.

Charlie Chaplin


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